Numérique : que proposent les candidats ?
La transition numérique est un enjeu dont s’est saisie la majorité des candidats. Certains plaident pour la souveraineté numérique, d’autres veulent porter le débat au niveau européen. Etat des lieux à moins d’un mois de la présidentielle.

Numérique : que proposent les candidats ?

La transition numérique est un enjeu dont s’est saisie la majorité des candidats. Certains plaident pour la souveraineté numérique, d’autres veulent porter le débat au niveau européen. Etat des lieux à moins d’un mois de la présidentielle.
Public Sénat

Par Alice Bardo

Temps de lecture :

7 min

Publié le

Mis à jour le

Jean-Luc Mélenchon, candidat hologramme

Des gens assis près d'un hologramme de Jean-Luc Mélenchon lors d'une réunion de campagne à La Plaine Saint Denis, le 5 février 2017
Des gens assis près d'un hologramme de Jean-Luc Mélenchon lors d'une réunion de campagne à La Plaine Saint Denis, le 5 février 2017
AFP

Le candidat de La France insoumise, qui s’est fait remarqué en apparaissant en hologramme lors de son meeting début février à Lyon, estime que la révolution numérique est « d’intérêt général » et que l’Etat doit « reconquérir » les technologies qui y sont liées. Il souhaite également faire de la publication en open data des données publiques une règle et veut garantir la neutralité du net.

« L’égalité d’accès au numérique sur tout le territoire » est l’une de ses priorités. Il s’engage ainsi à « accélérer l’achèvement de la couverture du pays en très haut débit d’ici 2022 ».

Jean-Luc Mélenchon  compte également lancer un » plan pour l’industrie 4.0 » afin d’« anticiper les transformations numériques du travail et de la production ».

Enfin, il veut encourager les créations françaises en matière de virtuel et propose plusieurs mesures en faveur d’une économie numérique « vraiment » collaborative, parmi lesquelles la « protection des données personnelles contre leur utilisation mercantile » et  le soutien aux Fablabs.

Emmanuel Macron fait du numérique une affaire européenne

Emmanuel Macron devant l'Association des maires de France à la Maison de la radio à Paris, le 22 mars 2017
Emmanuel Macron devant l'Association des maires de France à la Maison de la radio à Paris, le 22 mars 2017
AFP

« La révolution numérique change nos manières de produire, de consommer et de vivre-ensemble, constate le candidat d’ « En Marche ! » en propos liminaire. Il prend acte de la transition numérique en cours et propose de nombreuses mesures pour l’accompagner et l’encadrer, à commencer par la création une « banque de données numériques ».

Emmanuel Macron s’engage également à couvrir en très haut débit ou en fibre l’ensemble du territoire avant la fin de son mandat et à réduire les zones sans réseau. Un projet qui, s’il est mené à bien, lui permettra de mettre en place deux autres de ses mesures, à savoir la généralisation des démarches administratives en ligne et la création d’un » compte citoyen en ligne » pour que chacun puisse être informé de ses droits.

Au niveau européen, l’ancien ministre de l’Economie plaide pour un marché unique du numérique en Europe et précise qu’ « un fonds capital-risque permettra de financer le développement des start-up européennes du numérique ». Son objectif est que ces entreprises disposent « des mêmes règles partout dans l’Union européenne ». A ce propos, il entend négocier au niveau européen pour l’instauration d’une « taxe sur le chiffre d’affaires réalisé dans nos pays pour des prestations de service électronique ». Il veut aussi mettre en place une « agence européenne pour la confiance numérique » chargée d’assurer « une concurrence équitable » et « la protection des droits des utilisateurs ». En outre, le candidat à la présidentielle a fait part de son intention de renégocier avec les Etats-Unis l’accord sur la protection des données personnelles (Privacy Shield) avant l’année prochaine.

Début mars, Emmanuel Macron a annoncé que, s’il était élu, il créerait un « fonds pour l’industrie et l’innovation » doté de 10 milliards d’euros et destiné à financer « l’industrie du futur ».

François Fillon veut une e-France

François Fillon sur France 2 dans
François Fillon sur France 2 dans "L'émission politique", le 23 mars 2017 à Paris
AFP

Comme Jean-Luc Mélenchon et Emmanuel Macron, le candidat LR est attaché à la couverture du territoire en très haut débit. Il veut même initier un « Plan 5G ».

 A l’image du candidat d’ « En Marche ! », il veut « dématérialiser l’intégralité des procédures administratives » pour faire de la France une « e-démocratie » et, tout comme le leader de la France insoumise, il tient à « mettre en place l’open data dans les services publics ». Outre  l’ « e-démocratie », l’ « e-santé » compte parmi les engagements de François Fillon.

L’ancien Premier ministre prévoit également de porter le numérique au niveau européen. Pour ce faire, il compte sur une étroite collaboration avec l’Allemagne. Parmi ses ambitions, « faire de l’Europe le pôle d’innovation dans le domaine de l’intelligence artificielle et de la blockchain (technologie de stockage et de transmission d’informations)», « assurer la cybersécurité des citoyens », « renégocier la règlementation européenne sur les données personnelles » et « négocier un agenda européen de l’harmonisation fiscale pour limiter les effets de l’optimisation fiscale des géants du numérique ».

Pour finir, il veut accompagner la totalité des entreprises et start-up du numérique.

Le numérique n’est pas une priorité pour Marine Le Pen

Marine Le Pen à Moscou, le 24 mars 2017
Marine Le Pen à Moscou, le 24 mars 2017
AFP

Bien que la candidate FN soit très active sur les réseaux sociaux, son programme n’est pas le plus fourni en matière de propositions pour le numérique. Tout au plus, elle souhaite inscrire les libertés numériques dans la Constitution, créer une plate-forme numérique pour développer le mécénat populaire, investir dans les nouveaux outils numériques afin que la Sécurité sociale puisse faire des « économies durables » et « soutenir l’effort d’investissement » pour très haut débit et de la couverture réseau, « en particulier dans la ruralité ». Marine Le Pen veut également créer une obligation de stockage des données personnelles sur des serveurs localisés en France, laquelle sera mentionnée dans une « charte à valeur constitutionnelle ».

La taxe robot de Benoît Hamon

Benoît Hamon le 23 mars, 2017 à Strasbourg
Benoît Hamon le 23 mars, 2017 à Strasbourg
AFP

Le candidat socialiste est particulièrement connu pour sa célèbre « taxe robot ». Il entend ainsi « répondre aux mutations du travail ». « Les entreprises dont la robotisation s’accompagne d’une augmentation des effectifs » ne sont toutefois pas concernés par cette mesure.

Autre mesure, il veut lutter contre les zones blanches et investir dans « le très haut débit fixe et mobile ». Pour mener à bien ses ambitions, il prévoit de créer un « droit à la connexion haut débit ».

« Je proposerai un accord international pour la protection des données personnelles et la neutralité du net », écrit également Benoît Hamon dans son programme.

Enfin, l’ancien ministre de l’Education regrette une « asymétrie fiscale(…) favorable aux grands groupes du numérique » et entend y remédier.

Jacques Cheminade, pour « un grand service public du numérique »

cheminade_jacques.jpg

Pour le candidat à la présidentielle, « sans un accès universel au numérique digne de ce nom et sur l’ensemble du territoire, cette économie du futur n’aura jamais lieu ». Il s’est employé à faire un état des lieux des carences françaises en la matière (zones blanches, zones grises, haut débit …) pour ensuite proposer sa mesure phare : la création d’un « grand service public du numérique (…) (qui) fournira, à des tarifs réglementés, un accès universel au numérique haut de gamme sur l’ensemble du territoire ».

Nicolas Dupont-Aignan pour la souveraineté numérique

Nicolas Dupont Aignan
AFP

Le candidat de Debout la France a formulé six propositions en matière de numérique. En premier lieu, il plaide pour la souveraineté numérique. Ensuite, il promeut la formation au numérique et veut adapter le Code du travail « aux transformations résultant de numérisation ». Pour finir, il s’engage à informatiser et numériser les services publics, par la création d’un open data national et la mise en place d’un système d’exploitation souverain pour la fonction publique, garant de la souveraineté numérique et de la sécurité des données.

François Asselineau, Nathalie Arthaud, Philippe Poutou et Jean Lassalle n’ont quant à eux pas formulé de propositions particulières en matière de numérique.

Partager cet article

Dans la même thématique

Numérique : que proposent les candidats ?
4min

Politique

Rencontre entre le PS et Sébastien Lecornu : « Quand on a 39 ans, je crois qu'on n'a pas intérêt à être censuré au bout de 15 jours », lance Patrick Kanner

Le nouveau Premier ministre, Sébastien Lecornu, poursuit ses concertations après sa nomination à Matignon. Il rencontrera mercredi plusieurs partis de gauche, dont le Parti socialiste. « Il aura devant lui une opposition déterminée à obtenir des victoires pour les Français », promet le président du groupe socialiste au Sénat, Patrick Kanner, ce mardi 16 septembre.

Le

Numérique : que proposent les candidats ?
9min

Politique

Budget : l’unité entre le PS et Les Ecologistes mise à mal par les discussions avec Sébastien Lecornu ?

Au moment où vont s’engager les discussions avec le premier ministre, Marine Tondelier, patronne des Ecologistes, marque sa différence avec le PS, se prononçant déjà pour le départ de Sébastien Lecornu. « On a notre stratégie et le PS a la sienne », assume le sénateur écolo Thomas Dossus. Elle veut « être au centre de la gauche », entre LFI et le PS, mais « il ne faut pas faire de grand écart qui fasse mal aux adducteurs », met-on en garde au PS…

Le

SIPA_01212671_000009
7min

Politique

Supprimer les avantages des anciens Premiers ministres : la mesure déjà adoptée au Sénat contre l’avis du gouvernement

Pour illustrer « la rupture » promise lors de son entrée en fonction, Sébastien Lecornu a indiqué vouloir supprimer les derniers avantages « à vie » qui sont encore accordés aux anciens membres du gouvernement. Un amendement en ce sens avait été adopté en janvier dernier lors de l’examen du budget 2025. Il allait plus loin et visait aussi les avantages des anciens présidents de la République. François Bayrou n’y était pas favorable et la mesure n’avait pas survécu à la navette parlementaire.

Le