Obligation vaccinale pour tous : « La mise en œuvre est impossible » estime Philippe Juvin
Invité de la matinale de Public Sénat, Philippe Juvin, chef des urgences de l’hôpital Georges Pompidou, est revenu sur la stratégie vaccinale française face à la pandémie. Par ailleurs maire LR de La Garenne Colombes et candidat potentiel de la droite et du centre à la présidentielle, Philippe Juvin a aussi détaillé ses propositions en matière de sécurité et d’éducation.
L’obligation vaccinale des soignants rentrait en vigueur hier et au service des urgences de l’hôpital Georges Pompidou, ce sont d’après Philippe Juvin seulement « 2 ou 3 aides-soignants » qui ont refusé la vaccination et ne viendront pas travailler. Mais dans une situation déjà tendue pour le personnel hospitalier, « ce type de mesures va aggraver la situation » pour le chef du service des urgences. « Cela nous met un peu plus en difficulté que nous le sommes déjà », poursuit Philippe Juvin.
« Je suis votre médecin, je vous dis que c’est obligatoire de vous faire vacciner, vous ne voulez pas. Je fais quoi ? »
Si « le Président a eu raison dans son intervention de juillet dernier », il ne faut pas crier victoire trop vite d’après le médecin réanimateur. « Nous ne sommes pas très bons sur les personnes très âgées » explique Philippe Juvin qui plaide pour « aller chercher les gens chez eux ». Globalement la France aurait une stratégie vaccinale « trop homogène », qui ne cible pas assez les plus de 80 ans, et à l’autre bout de la pyramide des âges, les 12-17 ans « qui vont participer à l’entretien de l’épidémie. » Sur ce sujet, Philippe Juvin n’est pas tendre avec le gouvernement : « La stratégie scolaire n’est pas la bonne. Jean-Michel Blanquer nous a promis plein de trucs, moi je n’ai jamais rien vu. Les collégiens et les lycéens français sont 100 fois moins testés qu’en Grande-Bretagne. »
Sur l’obligation vaccinale « pour tous » proposée par les sénateurs socialistes, le chef du service des urgences de l’hôpital Georges Pompidou, n’est pas opposé au principe, mais reste dubitatif : « Je suis votre médecin, je vous dis que c’est obligatoire de vous faire vacciner, vous ne voulez pas. Je fais quoi, je vous attache sur votre chaise et je vous injecte contre votre gré ? Si vous ne contraignez pas, comment rendez-vous les choses obligatoires ? » Il poursuit : « Pour des enfants, c’est l’Ecole qui permet la vaccination obligatoire. Dans cette proposition est-il prévu que vous ne pourrez plus aller travailler ? Le problème c’est la mise en œuvre, que je crois impossible. »
« Si au 1er tour il y a deux candidats de la droite et du centre, nous avons perdu l’élection présidentielle »
Mais Philippe Juvin n’est pas qu’un médecin, il est actuellement candidat à la candidature de la droite et du centre à l’élection présidentielle. Oui, c’est compliqué, mais la droite a du mal à fixer une procédure pour départager les différentes candidatures qui ont déjà émergées. Le principal intéressé le reconnaît lui-même la situation est assez floue : « Si on attend un signe du ciel, ça ne va pas marcher. Nous n’avons pas de candidat naturel. » Pourtant la nécessité de trancher est bien là : « Si, au 1er tour, il y a deux candidats de la droite et du centre, nous avons perdu l’élection présidentielle. » Une seule solution restante, donc, « le vote ». Oui mais lequel ? « Nous allons proposer à nos militants soit une désignation par les adhérents du parti, soit par nos militants et ceux qui se déclarent comme sympathisants », sachant que la préférence de Philippe Juvin va « à la méthode la plus ouverte possible. » Le problème, c’est que pour Valérie Pécresse ou Xavier Bertrand, qui ne sont plus adhérents au parti LR, l’équation ne paraît pas aussi simple.
En tout état de cause, Philippe Juvin est, à l’heure actuelle, encore candidat à l’élection présidentielle et développe donc certaines de ses mesures. Sur la sécurité d’abord, Philippe Juvin adhère à la « philosophie » de Xavier Bertrand de faire effectivement appliquer les peines, mais ne le « rejoint pas » sur ces sujets-là. Le maire de La Garenne Colombes propose pourtant comme le président de la région des Hauts-de-France de renforcer les pouvoirs de la police municipale, en rajoutant, il est vrai, l’obligation d’armer cette police municipale.
Sur l’éducation, Philippe Juvin préfère s’attaquer « à remonter le niveau » plutôt que de discuter du salaire des professeurs, en proposant notamment d’allonger de 4 semaines l’année scolaire : « En France il y a 162 jours d’école par an, il y en a 20 de plus dans les pays de l’OCDE, c’est ce qui fait que nous décrochons dans les classements internationaux. L’année scolaire est plus dense et les enfants sont crevés. Rallonger l’année contribuera à l’augmentation du niveau. » Dans le même objectif d’augmenter le niveau dans un système « catastrophique », Philippe Juvin propose des classes de CM2 « à 8 ou 10 élèves » pour les élèves en grande difficulté en CM1 : « S’ils entrent en 6ème avec les fondamentaux, ils sont sauvés. »
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Réagissant à la publication d’un livre à charge sur le fonctionnement de la France insoumise, Patrick Kanner, le président du groupe PS au Sénat, épingle le rôle joué par Jean-Luc Mélenchon. Il appelle la gauche à tirer les enseignements de cet ouvrage.