L’examen de la réforme des retraites à l’Assemblée nationale semble compromis avant même d’avoir commencé. Le dépôt de près de 20 000 amendements, pour l’essentiel issus des rangs de la gauche, pourrait empêcher les députés d’aller au bout du texte, dont la discussion en séance publique doit s’ouvrir lundi mais pourra s’arrêter au bout de 20 jours seulement si le gouvernement choisit d’avoir recours à l’article 47-1 de la Constitution. « La gauche sabote l’opposition », dénonce le député du Rassemblement National Jean-Philippe Tanguy au micro de l’émission « Parlement hebdo » sur Public Sénat et LCP, ce vendredi 3 février.
« Cette obstruction parlementaire va empêcher les oppositions de voter contre le texte », explique-t-il, alors que La France insoumise a déposé à elle seule 13 000 amendements. « On pourrait très bien passer trois mois à examiner les amendements de la Nupes, là le gouvernement a déposé un 47-1, ce qui veut dire que le texte sera examiné en très peu de jours. Si ce texte n’est pas étudié dans les délais, il partira au Sénat sans que l’Assemblée nationale ait pu le regarder entièrement. Or, les points les plus importants, le report de l’âge légal et l’accélération de la réforme Touraine, sont dans l’article 7. Donc s’il y a trop d’amendements, on n’arrivera pas jusqu’à cet article, c’est ce qui s’est passé pendant l’examen en commission des Affaires sociales », alerte l’ancien bras droit de Nicolas Dupont-Aignan.
Invitée ce même vendredi de la matinale de Public Sénat, la députée LFI Aurélie Trouvé a assuré que la plupart des amendements déposés par la gauche portent « sur le fond du texte », en vue de « dessiner un contre-projet ». À l’inverse, le Rassemblement national n’a présenté que 200 amendements, moins encore que la majorité présidentielle (400). « La plupart d’ailleurs sont sur cet article 7 », précise Jean-Philippe Tanguy, qui reproche à la gauche de se concentrer sur certains points de la réforme qu’il juge secondaire. « L’Index des séniors est un gadget de la réforme, il ne mérite pas que l’on s’arrête dessus pendant quatre jours », s’agace-t-il.
Motion référendaire
Par ailleurs, LFI conteste le tirage au sort qui a donné l’avantage à la motion référendaire déposée par le RN contre la réforme des retraites. La gauche estime que c’est sa propre motion qui aurait dû être retenue pour examen, car celle-ci avait été déposée au bureau de l’Assemblée nationale avant celle du camp de Marine Le Pen. LFI envisage désormais de redéposer une nouvelle motion référendaire, dans l’espoir qu’un second tirage au sort lui soit favorable, la gauche refusant de soutenir un texte rédigé par l’extrême droite.
Jean-Philippe Tanguy dénonce des « enfantillages ». « Quand les parlementaires se chamaillent pour savoir si c’est X ou Y qui dépose la motion, c’est ridicule », balaye-t-il. L’adoption d’une motion référendaire suspendrait l’examen du texte et obligerait le gouvernement à organiser un référendum sur les retraites, dans les conditions prévues par la Constitution.