Olivia Grégoire : « Oui, les chiffres sont vertigineux ! »

Olivia Grégoire : « Oui, les chiffres sont vertigineux ! »

Olivia Grégoire, la vice-présidente de la commission des Finances de l’Assemblée nationale revient sur l’allocution d’Emmanuel Macron. Pourquoi cette date du 11 mai ? Quelles mesures sont à venir pour soutenir l’économie ? La députée LREM de Paris répond aux questions d’Oriane Mancini.
Public Sénat

Par Oriane Mancini

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11 mai :

« Tout est risqué. Ne pas donner de date, c’est risqué tout comme en donner une. Les Français respectent globalement le confinement et les mesures barrières. Je crois que c’est important d’entrevoir une possible sortie de crise.

Le Président a certes annoncé la date du 11 mai mais sous conditions. Ce qui me semble important, c’est le mot début. C’est un objectif et le début d’une possibilité de déconfinement sous conditions précises.

Je pense qu’il n’a pas pris un risque. Je pense que c’est responsable de donner une telle perspective.

Sur la réouverture des écoles, l’idée est d’envisager un possible retour à l’école des enfants mais des enfants qui seront protégés. C’est différent que d’aller au restaurant ou au café.

De manière générale, ce sera certainement un déconfinement en fonction des régions, des classes d’âge et en écoutant les consignes qui nous seront données. »

 

Les initiatives des maires :

« Emmanuel Macron a expliqué que certaines mesures avaient été prises en responsabilité par certains maires mais qu’il ne fallait pas en rajouter dans ce confinement déjà difficile.

Il y a eu différents avis sur l’initiative d’interdire le jogging en journée à Paris par exemple.

C’est une façon de dire de ne pas rajouter de la contrainte aux Français et faisons attention aux fausses-bonnes idées. Je me suis baladée en bord de Seine après 19h et c’est assez impressionnant de voir le nombre de joggeurs…

J’ai le sentiment que cette mesure n’est pas forcément adaptée mais je me garde bien de polémiquer. Si la maire de Paris a pris cette décision c’est qu’elle avait les éléments pour le faire. »

 

La géolocalisation des malades :

« Moi je suis favorable à éclairer le jugement. Personnellement je suis encore dans le noir concernant cette mesure.

J’ai besoin de plus d’éclairage de l’exécutif et en particulier sur l’anonymisation des données.

À défaut d’avoir des certitudes, je suis contente que ce sujet passe devant le Parlement. J’étais gênée que ce ne soit pas le cas.

C’est typiquement un sujet qui doit passer devant la représentation nationale et je m’en félicite.

Il divise et chacun a son avis sur cette question.

On a eu une réunion de groupe avec Cédric O qui nous a parlé de cette application pendant plus de 2h.

Avant de paniquer ou de se faire des nœuds au cerveau, moi j’ai encore besoin de voir précisément ce qui nous est proposé. »

 

Augmentation du SMIC:

« Sur les rémunérations, c’est un des passages les plus fort de son discours. C’est écrit noir sur blanc dans notre Constitution. Il l’a dit avec solennité car c’est le socle de notre République. On voit bien que ce socle vacille.

L’expression ‘premiers de cordée’ a fait polémique. Aujourd’hui, on parle des premiers de tranchée comme les soignants, les livreurs, les taxis…

Philippe Martinez a toujours les mêmes recettes quel que soit l’état de la cuisine.

Peu importe la recette, ce qu’il y a de sûr c’est que ces salaires là, il va falloir les revaloriser.

Est-ce que cela passera par une augmentation du SMIC. On va regarder.

Par la simplification des primes comme l’intéressement ou la participation ? Moi ce sont des pistes qui m’intéressent beaucoup et je pense que le Parlement et la majorité seront force de propositions.

Pour les soignants, l’effort budgétaire n’est pas intégré à ce projet de loi de finances rectificative 2 parce qu’il se concentre sur les premières mesures prises.

En revanche, on peut imaginer que ce sujet sera dans le budget 2020 en septembre ou avant l’été avec un nouveau projet de loi de finances rectificative. Ce pourrait être en mai en fonction de la situation. »

 

Mesures économiques :

« On voit que les Français se sont appropriés ces mesures. Ils se mettent au chômage partiel. Les entreprises repoussent leurs charges ou s’inscrivent au fond de solidarité… Ça veut dire que cet arsenal de 100 milliards que nous avons mis en place, sert à quelque chose.

L’important c’est que les entreprises et les salariés tiennent et que l’on soit à la hauteur des besoins.

On a beaucoup de situations différentes mais une très grande majorité de nos entreprises sont des TPE. C’est elles qui font vivre notre pays au quotidien. Et de petites choses peuvent avoir de grandes conséquences pour ces entreprises.

Tout l’enjeu est clair. Il ne faut laisser personne au bord du chemin, au bord des mesures d’urgence et notamment les plus petits.

Et donc, on essaie d’accompagner le plus de monde aujourd’hui par ces mesures de soutien, pour ne pas avoir à gérer demain de la casse sociale, du désespoir. »

 

Budget et déficit :

« Je suis contente d’entendre que l’on n’augmentera pas les impôts et c’était important de le dire.

Après, chaque chose en son temps. Nous ne sommes pas sortis de la crise. Nous n’en sommes pas encore au pic.

On est en train d’écoper, d’écouter les problèmes sur le terrain.

Ce qui m’importe aujourd’hui, c’est que l’on ne va pas demander aux Français de régler l’addition.

L’État a plusieurs possibilités. Il a des réserves. Il peut céder des actifs. Il y a des questions de dettes qui vont se poser. Il faut voir aussi comment Bruxelles va réagir par rapport au dogme budgétaire…

Je pense que nous sommes tous dans la même situation en Europe et les solutions se trouverons ensemble.

Oui les chiffres sont vertigineux.

Mais je voudrais en rappeler 2. On a 700 000 entreprises qui ont demandé l’accès au fonds de solidarité. On a également entre 22 et 24 milliards de mobilisés pour financer le chômage partiel.

Oui la situation est grave mais le gouvernement a mis en place un arsenal de mesures que les gens s’approprient. C’est ça qui m’intéresse.

Comme ça, je pense que nous allons pouvoir tenir.»

 

 Travailler plus :

« Sincèrement, je pense que ce n’est pas à propos ni de la part du MEDEF ni de certains parlementaires de demander à des gens dans cette période d’incertitudes, de travailler plus à l’issue de cette crise.

Ce n’est pas le débat du jour. »

 

Décès de Bernard Stalter:

« Oui je connaissais bien le patron des artisans et j’en ai pleuré. Il m’a appris beaucoup de choses depuis que j’ai été élue en 2017.

Ce n’était pas forcément naturel qu’une députée de Paris s’engage à fonds sur le sujet de l’artisanat et l’an dernier, il m’avait remis la médaille de l’artisanat. Cela avait été un moment fort en émotions.

C’est un homme avec qui j’ai beaucoup travaillé pour les artisans parce qu’il se battait jour et nuit pour eux. On n’était pas toujours d’accord mais c’est quelqu’un avec qui on pouvait parler.

Cet homme faisait de la politique avec un grand P. Il s’occupait des autres, il s’occupait des artisans, des apprentis et faisait beaucoup sur le plan politique.

On a gagné des combats ensemble et il aura fait beaucoup pour les artisans.

Il est parti en quelques semaines et je pense à sa famille.

Je peux vous assurer que beaucoup de députés ont du chagrin car c’était un sacré bonhomme avec de sacrées moustaches ! »

 

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