« J’ai encore travaillé avec lui en fin de semaine dernière sur les investitures LR, jamais je n’aurais pu suspecter le moindre problème ». Roger Karoutchi, sénateur LR des Hauts-de-Seine, ne cache pas sa stupeur, quelques minutes après avoir appris, ce lundi 7 juillet, la disparition d’Olivier Marleix, député Les Républicains d’Eure-et-Loir, et ancien président du groupe à l’Assemblée nationale.
Fils de ministre et ancien conseiller de Nicolas Sarkozy, l’élu a mis fin à ses jours dans des conditions qui restent à déterminer. Il a été retrouvé pendu à son domicile d’Anet en Eure-et-Loir, a indiqué le procureur de la République de Chartres Frédéric Chevallier. « La disparition d’Olivier Marleix plonge notre Parlement en deuil. Homme politique d’expérience, il défendait ses idées avec conviction. Je respectais aussi nos différends puisqu’ils se plaçaient à la lumière de notre amour du pays », a réagi Emmanuel Macron sur le réseau social X.
À l’annonce de sa disparition, l’Assemblée nationale, en plein examen de la loi sur la réforme du scrutin pour les municipales à Paris, Lyon et Marseille, a observé une minute de silence. La présidente de séance, la députée Horizons Naïma Moutchou, a évoqué une « onde de choc ». Présent sur les bancs du gouvernement, le ministre des Relations avec le Parlement, Patrick Mignola, a voulu rendre hommage à une personnalité « unanimement reconnue comme un bretteur redoutable mais toujours loyal » à sa famille. « Il aimait la France, il était mon ami », a commenté l’ancien Premier ministre Michel Barnier sur X.
« C’était quelqu’un de poli, courtois, très british »
« Plus qu’une figure de la droite, Olivier était un repère pour notre famille politique. Un repère de fidélité et de loyauté. La fidélité à ses convictions, la loyauté à une grande idée, celle du gaullisme », écrit Bruno Retailleau, le président des Républicains dans un communiqué politique. « Pour lui, le gaullisme était avant tout une rigueur morale, une constance intellectuelle », ajoute le ministre de l’Intérieur, qui fut son homologue en tant que président de groupe des sénateurs LR.
« Président de groupe, il défendait les positions de LR avec beaucoup de convictions, mais toujours sans violence », rapporte Roger Karoutchi. « Il avait des connaissances politiques extrêmement larges. C’était quelqu’un de poli, courtois, très british, avec une façon de faire à la Giscard ou à la Balladur, et qui travaillait énormément », résume le sénateur. Si les relations entre les députés LR et les sénateurs LR n’ont pas toujours été au beau fixe – loin de là – lorsqu’Olivier Marleix pilotait le groupe à l’Assemblée, Roger Karoutchi assure que « ces tensions n’ont jamais été associées à la personnalité d’Olivier Marleix ». « Au contraire, lui a toujours essayé de trouver des solutions et des voies de passage ».
« C’est une surprise, parce qu’on pense à son engagement politique et à son dynamisme. C’est aussi une grande détresse, parce que l’on perd un personnage important de la vie politique française », explique Philippe Mouiller, président LR de la commission des Affaires sociales du Sénat.
« Une culture générale extrêmement grande »
En 2021, Olivier Marleix était allé chercher la sénatrice Christine Lavarde, spécialiste des questions économiques et financières, pour l’aider à rédiger le programme de la droite avant la présidentielle de 2022. « Je l’ai trouvé extrêmement sympathique, on s’était partagé le travail en bonne intelligence, selon nos champs de compétences. Il était doté d’une connaissance politique et d’une culture générale extrêmement grande », raconte-t-elle à Public Sénat.
Olivier Marleix a souvent été associé aux sujets énergétiques, s’étant montré très critique lors de la vente du pôle énergie d’Alstom à l’américain GE en 2014. Il avait d’ailleurs présidé, en 2018, une commission d’enquête parlementaire sur ce dossier. « On aurait tort de le réduire aux questions énergétiques. En vérité, la préservation de la souveraineté française était l’un de ses sujets forts », rectifie Christine Lavarde. « De son passage comme conseiller au ministère de l’Intérieur, à l’époque de Claude Guéant, il gardait une bonne connaissance des sujets liés à la sécurité et à l’immigration », ajoute-t-elle.
À gauche aussi, les réactions ne se sont pas fait attendre. Éric Coquerel, le président LFI de la commission des finances de l’Assemblée nationale évoque sur son compte X « le digne représentant d’une droite vraiment républicaine, avec qui on savait encore partager des valeurs communes, ne serait-ce que sur les questions de souveraineté. » « On pouvait être en désaccord en échangeant avec lui de manière tolérante et humaine. Il va considérablement manquer à l’Assemblée », ajoute ce proche de Jean-Luc Mélenchon.