Politique
A la demande du groupe socialiste, un débat se tiendra à l’Assemblée nationale sur « la lutte contre le narcotrafic », a déclaré Sébastien Lecornu, dans son discours de clôture du 107e congrès de l’AMF.
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Par François Vignal
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Le sujet est dans les esprits depuis un moment : les dangers des réseaux sociaux pour les enfants et adolescents. Pour tenter de répondre à cet enjeu, le sénateur Renaissance Martin Lévrier défend une mesure qui fera certainement débat : l’interdiction des smartphones pour les moins de 16 ans. Dans le cadre de l’examen du budget de la Sécu, il a déposé un amendement en ce sens, signé par quelques sénateurs Renaissance, mais aussi LR, centristes ou des indépendants.
« L’idée est simple. Un smartphone, c’est très bien, mais il y a énormément d’applis dedans. Celles qui posent problème sont de plus en plus nombreuses et s’assoient totalement sur la juridiction française », explique Martin Lévrier. « Partant de ce principe et voyant que ces fournisseurs ne respectent pas la réglementation française, je propose de bloquer l’outil » qu’est le smartphone. Si les jeunes « n’ont plus de portable à utiliser », le sénateur Renaissance des Yvelines imagine que cela ferait pression sur les fabricants pour les pousser à « obliger les applications à devenir raisonnables ».
L’amendement dit qu’« il est interdit à toute personne d’acquérir, de détenir ou d’utiliser un smartphone pour le compte d’un mineur âgé de moins de seize ans ». En cas de non-respect, il prévoit pour le parent une amende jusqu’à 750 euros pour un mineur de moins de 13 ans et jusqu’à 500 euros pour les mineurs âgés de 13 à 16 ans. Les enfants pourraient toujours avoir un téléphone simple.
En « caricaturant » un peu sa proposition, Martin Lévrier va jusqu’à comparer les téléphones portables « aux armes à feu » et les applications « aux munitions ». « On doit interdire l’arme, qu’est le smartphone », lâche-t-il. C’est aussi fort de son expérience qu’il en est arrivé à défendre une telle mesure choc. Cet ancien secrétaire général d’un « très gros lycée » privé de Versailles raconte avoir « vu l’arrivée des smartphones. Ça a pris aujourd’hui des proportions hallucinantes avec des réseaux sociaux qui ne respectent plus rien ». Il ajoute :
On ne peut pas laisser notre jeunesse tomber à ce point dans des systèmes qui permettent de subir du harcèlement, de tomber en dépression et de désinformer.
Le sujet des dangers des réseaux sociaux est largement porté par la famille présidentielle. Emmanuel Macron en a fait un cheval de bataille, multipliant les déplacements sur le sujet.
Du côté de l’Assemblée, les députés Renaissance ont déposé une proposition de loi (PPL) visant elle à interdire, non par les terminaux, mais les réseaux sociaux aux moins de 15 ans et à établir un couvre-feu numérique pour les 15-18 ans de 22 heures à 8 heures. « Une PPL transpartisane, qui va dans le même sens, est je crois aussi en gestation », glisse Martin Lévrier. S’il faut, il soutiendra le texte de ses collègues députés, mais il craint « qu’on court toujours après les réseaux ». Autrement dit, qu’elle soit insuffisante. D’où sa proposition, qui ne fait pas dans la dentelle.
« C’est radical, je ne vous le cache pas. Ça a un côté radical, jusqu’au jour où les concepteurs d’applis et vendeurs de smartphones respecteront la loi. Qu’est-ce qui est le plus radical, ne pas respecter la loi ou interdire ceux qui ne la respectent pas ? » demande le sénateur macroniste.
Le débat ne pourra pas, pour le moment, avoir lieu en séance. Son amendement a finalement été jugé irrecevable par les services de la Haute assemblée. Martin Levrier n’entend pas lâcher : « C’est partie remise, mais on trouvera une autre solution ».
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