« On est loin d’avoir diminué la part du nucléaire », se défend l’ancien Premier ministre socialiste Jean-Marc Ayrault

« On est loin d’avoir diminué la part du nucléaire », se défend l’ancien Premier ministre socialiste Jean-Marc Ayrault

Invité de notre matinale, Jean-Marc Ayrault a contesté les reproches faits au quinquennat de François Hollande sur le nucléaire, en attribuant les difficultés actuelles à des problématiques industrielles de long terme. Pour l’ancien Premier ministre socialiste, la social-démocratie doit apprendre à repenser le long terme et « s’interroger » sur ses difficultés actuelles.
Louis Mollier-Sabet

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Alors que le parc nucléaire français est en difficulté, Jean-Marc Ayrault, ancien Premier ministre de François Hollande, estime ne pas avoir « cédé aux écologistes » sur la question du nucléaire, comme lui reproche la droite. « On est loin d’avoir diminué la part du nucléaire. Il faut que nos centrales nucléaires qui existent fonctionnent bien. Diminuer la part du nucléaire ou des énergies fossiles, c’est une nécessité. Ce qui compte c’est de faire fonctionner le parc tel qu’il est aujourd’hui. S’il fonctionnait à plein nous n’aurions pas de problème », s’est ancien justifié l’ancien Premier ministre.

Jean-Marc Ayrault reconnaît tout même un « sous-investissement » dans le nucléaire dont il faut « tirer les leçons » : « C’est vrai, on a perdu un savoir-faire. On a été les premiers sur cette filière, on a même signé des accords de partenariat avec la Chine, mais là on a perdu un peu la main. On a sous-estimé la nécessité des investissements de maintenance, alors on est en train de le corriger, tant mieux, mais on a du retard et on le paye aujourd’hui. »

« Il ne suffit pas de dire ‘on est social-démocrate, on est de gauche’ »

D’après lui, les difficultés du nucléaire français sont donc plus liées à la politique industrielle et à des questions « de temps long » : « Nous avons besoin de temps long, une centrale, si on la gère trop à court terme, on va avoir des problèmes, les raffineries de pétrole c’est la même chose. On est tenté par le court-termisme, mais il faut penser moyen et long terme. On est sous la pression de l’immédiateté. »

C’est d’ailleurs le travail qu’essaie de mener l’ancien Premier ministre à la tête de la Fondation Jean Jaurès, « un espace de réflexion et de débat », qui « s’inscrit dans l’histoire du socialisme républicain et de la social-démocratie européenne. » Pour Jean-Marc Ayrault, « ce qui est actuellement proposé par les partis qui représentent cette histoire est insuffisant », et il faut donc « réinventer le projet social-démocrate. »

Pour autant, la social-démocratie a besoin de « se ressourcer », explique l’ancien dirigeant socialiste, qui rappelle « qu’il ne suffit pas de dire ‘on est social-démocrate, on est de gauche, on est progressiste’, il faut que les propositions répondent aux attentes profondes du peuple. » Ainsi, la social-démocratie européenne doit notamment « s’interroger » sur « le fait d’avoir perdu l’électorat ouvrier. »

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