Après la chute du gouvernement de Michel Barnier, le chef de l’Etat dispose d’une marge de manœuvre aussi réduite qu’au lendemain des législatives anticipées pour trouver un nouveau Premier ministre, dans la mesure où les équilibres politiques restent les mêmes à l’Assemblée nationale, observe le sondeur Stéphane Zumsteeg, invité de Public Sénat ce mercredi 4 décembre. Toutefois, l’échéance budgétaire de la fin d’année devrait pousser Emmanuel Macron à agir rapidement.
« On ne laisse pas filer un budget sur la base de choses totalement fausses », réagit Claude Raynal après l’audition de Bruno Le Maire
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Après une seconde audition fleuve de Bruno Le Maire en l’espace de six mois, sur le creusement du déficit public, le président socialiste de la commission des finances du Sénat, Claude Raynal est loin d’avoir été convaincu par les explications de l’ancien ministre de l’Économie et des Finances ce 7 novembre.
Pour le sénateur de Haute-Garonne, les premières réactions face au dérapage budgétaire – comme l’annulation de 10 milliards d’euros de crédits en février par décret – ont été prises trop tardivement. « Dès la fin de l’année 2023, ils savaient qu’il y avait un problème. À partir de là, on ne laisse pas filer un budget, le projet de loi de finances pour 2024, sur la base de choses qui sont totalement fausses […] On faisait comme si on allait encore avoir des recettes exceptionnelles. On a continué sur cette vague, on n’a pas modifié, alors qu’il était encore temps. C’est ça qui est insupportable », s’exclame sur le plateau de Public Sénat le président de la commission des finances.
Claude Raynal goûte peu à l’un des principaux axes de défense de Bruno Le Maire, qui a consisté à expliquer l’aggravation du déficit par la difficulté de ses services d’estimer au mieux les recettes fiscales, dans la période de normalisation de l’économie qui a suivi période pandémique. « Cela n’a pas été vu, alors que c’était connu », regrette le sénateur, souvent en désaccord avec l’optimisme affiché par le ministre il y a un an.
« Pour des raisons de nature purement politiciennes, on a une position qui consiste à repousser après les élections »
Au cours du face-à-face de deux heures et demie avec le ministre, le président et le rapporteur général Jean-François Husson (LR) ont demandé sans détour si les élections européennes du 9 juin avaient conduit l’exécutif à écarter un budget rectificatif. Ils n’ont pas eu de réponse. Bruno Le Maire les a invités à interroger les personnes en charge des arbitrages. Comprendre, Gabriel Attal, Premier ministre, voire Emmanuel Macron, le président de la République. Pas de quoi exonérer l’ancien ministre de l’Economie, pour Claude Raynal. « Il y a beaucoup de zones que nous avons contestées, de zones d’ombre sur lesquelles nous considérons qu’il y a une responsabilité qui est de son fait, ne fût-ce que parce que finalement il endosse toutes les décisions qui ont été prises. »
Aux yeux du président de commission, l’attitude du gouvernement au printemps est « extrêmement grave », dans un contexte où le déficit accélère sa chute. « Dans un moment où il y a des mesures très précises à prendre, finalement pour des raisons de nature purement politiciennes, on a une position qui consiste à repousser après les élections […] L’enchaînement qui suit est encore plus catastrophique. C’est-à-dire qu’il n’y a pas d’après, puisqu’il y a une dissolution et deux mois de tergiversation pour remettre un gouvernement. Et tout ceci est la conséquence de cette décision primaire de ne pas avoir le fait le projet de loi de finances rectificative ! »
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