Opération « Résilience » : l’armée au chevet de l’hôpital public

Opération « Résilience » : l’armée au chevet de l’hôpital public

Pour lutter contre l’épidémie de coronavirus, Emmanuel Macron a annoncé, mercredi, la mobilisation de l’armée et le lancement de l’opération « Résilience ». Deux navires de guerre ont mis le cap vers la Réunion et les Antilles. Pour quelles missions ?
Public Sénat

Par Steve Jourdin

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Drôle de guerre. « Il s’agit d’une opération que l’on peut qualifier de territoriale. Beaucoup de choses vont se passer au niveau local. L’objectif est de soulager les services publics qui sont dépassés par l’épidémie. L’armée interviendra là où l’État ne peut pas le faire », confie-t-on au sein du ministère des Armées.

Une opération aux contours flous

Annoncée mercredi soir par Emmanuel Macron, l’opération « Résilience » est une campagne militaire sans armes ni plan de bataille bien précis. « Les missions vont s’affiner au fil du temps, en fonction des demandes des préfets et des collectivités territoriales. Cela passera par des évacuations sanitaires, la mise à disposition de bâtiments militaires ou encore des missions logistiques. On évaluera les besoins au jour le jour » ajoute le cabinet de Florence Parly, qui refuse de se prononcer sur le nombre de soldats susceptibles d’être mobilisés.

Interrogée sur RTL ce jeudi, la ministre des Armées l’assure : les soldats ne seront pas chargés d’assurer le maintien de l’ordre ; ils ne sont déployés que pour « aider et soutenir les populations ». Une aide bienvenue pour Christian Cambon, président de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées du Sénat : « Il fallait que nos forces armées participent à cet effort national. Nos soldats sont entraînés pour ce genre de missions. Au sein de l’État-major, il y a même une certaine fierté à apporter ses compétences lors de crises graves comme celle que l’on traverse actuellement ». Mais le sénateur LR du Val-de-Marne met en garde : « Nos forces armées ne doivent pas être la variable d’ajustement de nos insuffisances. Il ne faut pas leur demander plus que ce qu’elles peuvent apporter. Il ne faut pas que la lutte contre le Covid-19 se fasse au détriment de nos autres opérations militaires en cours (Barkhane au Sahel, Chammal au Moyen-Orient, ndlr) ».

L’armée au secours des DOM, sans tâche précise

Deux navires de guerre ont d’ores et déjà été mobilisés. Les porte-hélicoptères Mistral et Dixmude doivent mettre le cap vers l’Océan Indien et les Antilles. Objectif prioritaire : soulager les hôpitaux locaux. « C’est une bonne chose, il fallait sortir l’artillerie lourde ! À Mayotte, nous avons aujourd’hui 45 cas de contamination, mais il faut anticiper. Mayotte est un néant médical. Nous ne disposons que de 16 lits en réanimation pour plus de 400 000 habitants. L’envoi de ces bateaux nous rassure, même si l’on ne sait pas très bien quel sera leur rôle précis » reconnaît Thani Mohamed Soilihi, sénateur LREM de Mayotte. Même soulagement sur l’île de la Réunion : « Nous ne sommes qu’au stade 2 de l’épidémie. Mais le nombre de cas de coronavirus augmente dangereusement. On en compte déjà environ 1 500. Il y a de l’inquiétude, d’autant plus que l’on manque de masques, de tests et d’appareils respiratoires. Nous n’avons que 68 lits en réanimation pour 850 000 habitants. L’annonce d’Emmanuel Macron tombe à point nommé, il faut anticiper une éventuelle catastrophe sanitaire. Nous allons nous coordonner avec Mayotte pour l’utilisation du porte-hélicoptères », assure Nassimah Dindar, sénatrice Union Centriste (UC) de la Réunion.

Le casse-tête de la coordination

Comment, en cas de crise aiguë, se partager un porte-hélicoptère sur de longues distances ? Certains élus antillais, qui redoutent une « vague » de contamination dans les prochains jours, s’inquiètent : « Le Président a fait des annonces. Mais ces annonces ne sont pas en lien avec les besoins du terrain. Un porte-hélicoptères ? C’est méconnaître les territoires d’Outre-mer, s’agace la sénatrice PS de Guadeloupe Victoire Jasmin. En avion, rejoindre la Martinique depuis la Guadeloupe prend déjà 40 minutes. En bateau, cela prend plusieurs heures. Comment voulez-vous coordonner des urgences sur un tel espace ? C’est irréalisable, sans parler des besoins éventuels que rencontrera la Guyane ! ». Malgré le flou qui pèse autour de l’opération « Résilience », une chose semble acquise : un transfert des patients contaminés vers la métropole est pour l’heure exclu par les autorités.

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