S’il y a un sujet qui crispe Christian Jacob en ce moment, c’est la réforme du droit du travail, et plus particulièrement la méthode qui va être employée pour la faire passer, à savoir les ordonnances. Une manière de légiférer qui permet au gouvernement, après habilitation du Parlement, de sauter l’étape des débats parlementaires. « J’ai cru comprendre que le Parlement allait être traité par le mépris », s’inquiète le député. Il fait ensuite référence à la loi Travail, dont l’adoption grâce au 49-3 avait suscité de la colère : « Ce texte a généré des violences partout en France. Et là, de la même façon, au lendemain des élections législatives, le gouvernement voudrait dire aux parlementaires « circulez il n’y a rien à voir » ? »
Hier, le député PS René Dosière a présenté au ministre de la Justice ses douze propositions pour moraliser la vie publique. Afin de préparer son projet de loi, François Bayrou a également reçu deux associations anticorruption, Anticor et Transparency International. Parmi les mesures envisagées, la suppression de la réserve parlementaire, cette enveloppe de subventions allouée aux députés et sénateurs afin qu’ils puissent soutenir des associations et participer au financement de projets de collectivités locales. Objectif : éviter que des parlementaires se servent de cette somme à d’autres fins.
« Cette suspicion sur les parlementaires est insupportable »
Cette « suspicion sur les parlementaires est insupportable » regrette Christian Jacob, qui ajoute qu’ « à (sa) connaissance, aucun parlementaire n’a été condamné pendant son mandat pour corruption ». Cette mesure n’est pas la seule à laquelle Christian Jacob est vivement opposé. Il est « totalement contre » celle visant à limiter le cumul des mandats dans le temps : « Faire bouger une ville, un territoire, on ne le fait pas en cinq ans, le seul juge c’est le citoyen. » Le président du groupe LR à l’Assemblée nationale craint que la conséquence soit d’arriver à une « caste d’élus, qui seront tous des hauts fonctionnaires, énarques en règle générale, qui feront une carrière dans la haute administration ». « Ensuite ils iront chercher un mandat mais resteront habiter à Paris car il faut que les enfants soient au collège Stanislas (dans le 6e arrondissement) car autrement ça fait désordre. Puis ils iront faire un peu de pantouflage dans une société privée pour dire qu’ils viennent de la société civile », ironise le député. Une attaque non dissimulée dirigée à l’encontre d’Emmanuel Macron, qui tenait à ce qu’une partie des candidats de La République en marche soient issus de la société civile, tout comme les membres de son gouvernement.
Limitation des mandats dans le temps : Jacob craint "d'arriver à une caste d'élus"