Orpea : un sénateur fustige un « État brancardier » sans « vraie politique » pour la dépendance
Après la prise de contrôle par des capitaux publics du groupe d’Ehpad privés Orpea, dans la tourmente depuis un an, le sénateur centriste Jean-Michel Arnaud a interpellé le gouvernement sur le financement du secteur. « Une majorité d’Ehpad publics et à but non lucratif souffre d’un manque de moyens humains et financiers », a-t-il reproché.

Orpea : un sénateur fustige un « État brancardier » sans « vraie politique » pour la dépendance

Après la prise de contrôle par des capitaux publics du groupe d’Ehpad privés Orpea, dans la tourmente depuis un an, le sénateur centriste Jean-Michel Arnaud a interpellé le gouvernement sur le financement du secteur. « Une majorité d’Ehpad publics et à but non lucratif souffre d’un manque de moyens humains et financiers », a-t-il reproché.
Guillaume Jacquot

Temps de lecture :

3 min

Publié le

Mis à jour le

Plus d’un an après la parution du livre Les Fossoyeurs, dans lequel le journaliste Victor Castanet a révélé une maltraitance institutionnalisée des résidents des maisons de retraite privées du groupe Orpea, la puissance publique revient aux commandes. Ce mercredi, un accord a été finalisé : un groupe d’investisseurs, mené par la Caisse des dépôts et consignations (CDC), va prendre le contrôle du groupe au bord de la faillite. À l’issue d’un effacement et dette et d’une injection de plus d’un milliard d’euros, la CDC détiendra 50,2 % de capital de l’entreprise.

« Cette manœuvre scelle la volonté de la puissance publique de sauver un groupe privé à la dérive », a salué le sénateur (Union centriste) Jean-Michel Arnaud, lors des questions d’actualité au gouvernement ce 1er février. Cette réaction des pouvoirs publics interroge toutefois le sénateur des Hautes-Alpes. Il se demande où sont la stratégie globale face au vieillissement attendu de la population et « l’accroissement des besoins en dépendance ». « D’un côté, l’État use d’un puissant instrument financier pour sauver un groupe privé à but lucratif, de l’autre une majorité d’établissements publics est à but non lucratif et souffre d’un manque de moyens humains et financiers », a-t-il rappelé.

Jean-Christophe Combe, ministre des Solidarités, de l’Autonomie et des Personnes handicapées, a indiqué que l’État avait accueilli « extrêmement favorablement cette nouvelle », qui va permettre « d’accélérer la transformation du groupe Orpea et d’aller dans le bon sens ».

« Dire que l’on se satisfait de cette situation, c’est imaginer que l’État n’est plus un État protecteur, mais un État brancardier »

Pour le ministre, la préparation du pays au vieillissement passe à la fois par des « soignants plus nombreux et mieux rémunérés », mais également par une « transformation de l’offre ». L’ancien directeur général de la Croix-Rouge a ajouté qu’il fallait accélérer les contrôles dans les Ehpad, dans le cadre dans un « grand plan de lutte contre les maltraitances ». Il a réitéré l’objectif d’une totalité des établissements contrôlés d’ici la fin de 2024.

La réponse n’a satisfait « que partiellement » le sénateur. « Le contribuable met un milliard d’euros pour sauver un groupe à la dérive, un groupe qui facturait des prix de journée démentiels à des seuls fins de satisfaire son actionnariat. Dire que l’on se satisfait de cette situation, c’est imaginer que l’État n’est plus un État protecteur et pas un État providence mais un État brancardier. L’État intervient sous la pression d’une enquête de presse », a-t-il rappelé.

Jean-Michel Arnaud met plutôt « au défi » le gouvernement de « relancer une vraie politique en direction des personnes âgées ». Le sénateur pense à la loi grand âge, promise depuis le précédent quinquennat et qui tarde à se concrétiser. Il demande par ailleurs d’amplifier les contrôles sur les Ehpad.

Partager cet article

Dans la même thématique

Orpea : un sénateur fustige un « État brancardier » sans « vraie politique » pour la dépendance
3min

Politique

Airbnb permet « payer les études de mes enfants », se défend cette propriétaire de Cagnes-sur-Mer

La France fait la part belle à Airbnb. La plateforme d’hébergement est désormais présente dans 80% des communes de l’hexagone. Une inflation des locations de courte durée qui a un impact direct sur la crise du logement. Dans certaines villes, le marché est saturé et le prix des loyers n’a jamais été aussi élevé. Mais pour certains propriétaires qui mettent leur bien en location, c’est aussi un revenu d’appoint utile pour entretenir leur patrimoine comme en témoigne Elodie Fakhfakh, face à trois sénatrices dans l’émission Dialogue Citoyen, présentée par Quentin Calmet.

Le

Documentaire Churchill chef de guerre de Peter Bardelhe
3min

Politique

Et si Winston Churchill était le grand perdant de la victoire des alliés en 1945 ?

L’Histoire a retenu de Winston Churchill un héros triomphant au balcon de Buckingham Palace après la capitulation des nazis. Mais proclamer le signe de la victoire avec la main ne suffit pas, encore faut-il en récupérer les bénéfices. A l’issue de la Seconde Guerre mondiale, la Grande-Bretagne a vu son influence dégringoler. Malgré les efforts du Vieux lion, les deux superpuissances, américaine et soviétique, ont imposé un agenda politique au détriment des intérêts britanniques. Le réalisateur Peter Bardelhe a fait le pari d’expliquer cette partie de poker diplomatique entre les vainqueurs de 1945 dans un documentaire Churchill, chef de guerre diffusé sur Public Sénat.

Le

Paris: Gerard Larcher elu President du Senat
3min

Politique

Échec de la CMP sur le budget : Gérard Larcher dénonce le « manque de considération » de Sébastien Lecornu à l’égard du Sénat

Le gouvernement et la majorité sénatoriale se renvoient la responsabilité de l’échec de la commission mixte paritaire (CMP) sur le projet de loi de finances 2026. Gérard Larcher répond à Sébastien Lecornu en défendant la position du Sénat pendant l’examen du budget et en dénonçant « le manque de considération » et « les mots excessifs » du Premier ministre.

Le