Outre-mer : le Sénat alerte sur « les conséquences dramatiques » qu’aurait une 5e vague
« Les Outre-mer représentent 4 % de la population française, mais plus de 30 % des décès liés au covid de début juillet à fin octobre », rappelle la commission commune d’information sur les effets du confinement qui a rendu un rapport, jeudi 18 novembre, sur la terrible vague épidémique en Outre-mer. Le sénateur PS, Bernard Jomier, alerte sur les conséquences dramatiques d’une 5e vague qui reste « malheureusement probable ».

Outre-mer : le Sénat alerte sur « les conséquences dramatiques » qu’aurait une 5e vague

« Les Outre-mer représentent 4 % de la population française, mais plus de 30 % des décès liés au covid de début juillet à fin octobre », rappelle la commission commune d’information sur les effets du confinement qui a rendu un rapport, jeudi 18 novembre, sur la terrible vague épidémique en Outre-mer. Le sénateur PS, Bernard Jomier, alerte sur les conséquences dramatiques d’une 5e vague qui reste « malheureusement probable ».
Public Sénat

Par Héléna Berkaoui

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Relativement épargnés aux premiers de temps de la crise sanitaire, les territoires d’Outre-mer ont connu une vague épidémique particulièrement meurtrière l’été dernier. « Le bilan de cette 4ème vague est extrêmement lourd : les Outre-mer représentent 4 % de la population française, mais plus de 30 % des décès liés au covid et survenus en milieu hospitalier de début juillet à fin octobre. Le nombre des décès à domicile, qui n’est pas comptabilisé à ce stade, alourdit plus encore le bilan », rapportent les sénateurs de la commission commune d’information sur les effets du confinement.

Dans leur rapport présenté jeudi 18 novembre, les sénateurs alertent sur les conséquences dramatiques que provoquerait une 5e vague épidémique qui reste « malheureusement probable ». Les territoires les plus affectés sont la Guyane et les Antilles, à l’exception de Saint-Barthélemy. « Une majorité de la population n’est pas vaccinée et la vague particulièrement meurtrière de l’été dernier n’a provoqué aucune accélération de la vaccination », déplorent les sénateurs.

« La perspective d’une vague violente est intimement liée au taux de vaccination »

« La perspective d’une vague violente est intimement liée au taux de vaccination », insiste Bernard Jomier. Et de rappeler, la gravité de la 4e vague : « Ce qu’il s’est passé en Martinique et Guadeloupe est inédit ! Il a fallu trier des patients comme nulle part ailleurs ». « Comment peut-on accepter qu’une 5e vague se profile et que l’on laisse les soignants dans la même situation », interroge encore le sénateur socialiste.

Excepté à Saint-Pierre-et-Miquelon, le taux de vaccination est partout inférieur à celui de l’hexagone. En Guadeloupe, en Martinique et en Guyane, le taux de vaccination est de 40 points inférieurs à l’Hexagone. Le fort taux de comorbidités au sein de la population expose encore davantage les populations à une nouvelle vague épidémique.

Dans le cadre de cette mission d’information, les sénateurs se sont déplacés en Martinique, notamment. « Des soignants nous disent qu’ils veulent quitter le territoire, les responsables du CHU de Fort-de-France parlent d’un risque d’effondrement de leur hôpital », rapporte le sénateur socialiste, Bernard Jomier. Si le taux de vaccination du personnel soignant atteint plus de 85 %, l’instauration du passe sanitaire et de l’obligation vaccinale ont été très mal reçues en Martinique notamment, provoquant des manifestations de soignants (voir notre reportage).

Une réticence à la vaccination persistante

Le rapport explore « l’ensemble des déterminants qui font que la population est réticente à la vaccination ». Des facteurs historiques sont avancés expliquant la défiance d’une partie de la population vis-à-vis de l’État et de la parole officielle telle que « l’occultation prolongée des conséquences de l’usage de la chlordécone (un pesticide ayant contaminé les sols et les populations) ».

« La place démesurée prise par les réseaux sociaux, vecteurs privilégiés d’informations contestables ou erronées sur la pandémie » joue également un rôle dans la réticence à la vaccination. Les sénateurs font état de la véhémence de l’activisme antivaccinal. Le sénateur socialiste de la Guadeloupe, Victorin Lurel, a lui-même fait les frais de sa position en faveur de la vaccination à coups d’insultes racistes et de menaces contre sa famille.

Lire aussi. En Martinique, les fractures du covid

Le rapport préconise en conséquence d’accentuer et de mieux cibler la mobilisation pour la vaccination avec une communication s’appuyant sur des relais proches du public. Le renforcement des structures hospitalières apparaît indispensable avec un démarrage rapide « des projets prévus dans le cadre du Ségur de la santé ». Il est également important de « maintenir autant que possible les renforts actuels tant que la situation demeure incertaine et que le retard dans les prises en charge non-covid n’est pas résorbé ».

Alors que les mesures de freinages de l’été 2021 ont cassé la dynamique de reprise économique, une 5e vague aurait là aussi des effets désastreux. « Des nuages noirs s’amoncellent sur les territoires d’Outre-mer en matière de tourisme », expose le sénateur centriste Jean-Michel Arnaud. Environ 6 milliards d’euros d’aides publiques ont été injectés dans l’économie locale. Une aide forcément bienvenue mais qui s’est parfois avérée inadaptée au tissu économique local. Le rapport invite ici les pouvoirs publics à prendre en compte les spécificités ultramarines dans le déploiement des aides et du plan de relance. Des recommandations économiques et sanitaires qui ont en commun de pointer la nécessité de solutions mieux adaptées au contexte local.

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