Marine Le Pen voit dans l’Outre-mer « la nouvelle frontière de la France » au XXIe siècle, censée, au passage, faire de la France « le pôle de référence mondiale pour l’économie de la mer. » Quant à Emmanuel Macron, s’il arrive au pouvoir, il convoquera des « assises des Outre-mer », comme il l’a déclaré le 8 avril dernier, devant les associations ultramarines de l’Hexagone. « Dès après l’élection, je mettrai en place des assises, qui, territoire par territoire, définiront la politique à mettre en place d’urgence sur les douze mois qui suivront » a promis le candidat d’En Marche !
1 milliard d'investissement pour les Outre-mer en cinq ans
Les programmes des deux candidats insistent sur la nécessité de protéger une population présentée comme fragile. Le candidat d’En Marche déclare vouloir consacrer un milliard d’euros sur tout le quinquennat pour les Outre-mer. La candidate du Front national espère, quant à elle, valoriser les Outre-mer en y attirant les investissements et en créant une « Agence pour les investissements privilégiés d’Outre-mer (APIPOM) », censée promouvoir « le développement sur le territoire ultra-marin d’entreprises internationales ou nationales ou locales. »
Le programme d’Emmanuel Macron insiste sur la nécessité de combattre la vie chère imposée aux ultramarins. Le candidat d’En Marche ! regrette qu'en « 2015, les écarts de prix des produits alimentaires entre les Outre-mer et l’Hexagone [aient été] de plus de 30 à 40 %. » Sa proposition pour faire face à se problème est de demander « à l’Autorité de la Concurrence d’évaluer l’efficacité des mesures prises pour réduire les écarts de prix. »
Un grand ministère d’Etat de l’Outre-mer et de la Mer
Si elle est élue, la présidente du Front national créera un « grand ministère d’Etat de l’Outre-mer et de la Mer », dont le ministre aura « rang de ministre d’Etat ». Cette création sera accompagnée d’une « direction à l’Etat-Major des Armées en charge des questions spécifiques liées à l’Outre-mer. » Autre mesure phare de son programme ultramarin, Marine Le Pen, si elle est élue présidente de la République, présidera, deux fois par an, un « conseil interministériel de l’Outre-mer. »
Le candidat d’En Marche !, quand à lui, nommera un « délégué spécifiquement en charge [des assises des Outre-mer] », qui sera « rattaché au président de la République », mais ne propose pas de réformer l’organisation ministérielle actuelle. Il veut cependant localiser l’Agence française pour la biodiversité dans les Outre-mer.
Renégocier l’Outre-mer à Bruxelles
Les deux finalistes s’accordent sur une nécessaire renégociation des Outre-mer dans la législation européenne, en « négociant au sein de l’Union européenne afin que les normes prennent mieux en compte les spécificités de nos territoires d’Outre-mer » comme on peut le lire dans le programme d’Emmanuel Macron. Le candidat d’En Marche ! explique vouloir être « particulièrement vigilant sur le suivi des accords commerciaux de l’Union européenne, notamment dans la perspective de la fin des quotas sucriers au 1e octobre 2017. »
Marine Le Pen, quant à elle, annonce vouloir « repenser le rôle de l’Outre-mer dans le cadre d’une Europe des coopérations entre Etats souverains », arguant que « la refonte du projet européen (...) amènera une réorientation de la politique commerciale. » La candidate du Front national, s’elle est élue, renégociera le cadre européen pour assurer « la pérennité des grandes filières agricoles des départements et régions d'Outre-mer (DROM) et des collectivités d'Outre-mer (COM). »
Renforcer la défense ultramarine
La candidate du Front national déploie un programme important de défense pour les Outre-mer, notamment en accélérant les programmes d’équipement de la Marine nationale. Celle-ci doit être renforcée, selon Marine Le Pen. « Compte-tenu des alertes pressantes justifiées de l’Etat-Major de la Marine, la cadence de livraison de bâtiments de 2021 à 2024 doit être accélérée » peut-on lire dans son programme. Elle insiste aussi sur « une augmentation des moyens aériens de surveillance, en plus d’une augmentation des effectifs de la Police aux frontières (PAF). »
Le programme d’Emmanuel Macron souligne que « les collectivités et départements ultra-marins [sont] marqués par une forte augmentation de la délinquance et de la violence », expliquant que « l’insécurité est une des premières préoccupations de la population. » Le programme du candidat d’En Marche ! entend « renforcer les moyens des services de sécurité et de justice », proposant pour cela de « déployer la police de sécurité du quotidien ».
En matière de sécurité, Marine Le Pen est pour la « reconduction systématique des clandestins aux frontières », ainsi que l’augmentation des places de prison, pour lutter contre ce que le programme décrit comme « l’explosion de la criminalité » dans les Outre-mer.
Priorité nationale et ERASMUS Caribéen
Enfin, en matière d’éducation, la candidate du Front national consacre, dans son programme, un volet entier à la lutte contre le retard scolaire dans ces territoires, avançant par exemple l’idée « d’appliquer la priorité nationale au système scolaire. » « Les ultramarins doivent bénéficier de la priorité absolue au bénéfice du système éducatif français » y lit-on. Elle veut également promouvoir la place des étudiants ultramarins en métropole, notamment en faisant en sorte que « les étudiants ultramarins [bénéficient] d’une priorité d’accès aux logements étudiants. »
Le candidat d’En Marche ! propose, quant à lui, de développer un « ERASMUS caribéen » et de faire de « nos universités outre-mer des pôles universitaires internationaux rayonnant dans leur région. »