Outre-mer : quelle visibilité à la télévision ?
Alors que France Ô devrait disparaître de la TNT en 2020, les sénateurs appellent à son maintien et dénoncent une visibilité des Outre-Mer « au mieux marginale, au pire inexistante » dans l'audiovisuel public. 

Outre-mer : quelle visibilité à la télévision ?

Alors que France Ô devrait disparaître de la TNT en 2020, les sénateurs appellent à son maintien et dénoncent une visibilité des Outre-Mer « au mieux marginale, au pire inexistante » dans l'audiovisuel public. 
Public Sénat

Par Marie-Pierre Bourgeois

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Un contre-projet pour s’opposer au gouvernement. Alors que la majorité a décidé « sans aucune concertation » la suppression de France Ô de la TNT, la délégation sénatoriale aux Outre-Mer publie un rapport pour assurer la présence des territoires ultra-marins dans l’audiovisuel public. Du côté de France Télévisions, on assure que cette suppression serait l'occasion de renforcer leur présence sur France 2 et France 3 tout en développant une plateforme numérique dédiée à l’actualité des territoires ultra-marins.

« Nous ne sommes pas dans un petit sujet. Peut-on avoir une citoyenneté sans une vraie visibilité ? » interroge le co-rapporteur de la mission d’information, le sénateur socialiste de la Martinique, Maurice Antiste.

Sans France Ô, 0,3% de personnes ultramarines sur les chaînes publiques

Les chaînes du service public n’ont en effet jamais respecté strictement les exigences prescrites par leurs cahiers des charges. « Tout est écrit mais rien n’est fait et on peut douter que cela change » juge ainsi Jocelyne Guidez, sénatrice centriste de l’Essonne. « En 2017, nous n’avons vu les Outre-mer dans les journaux télévisés qu’à quatre occasions : les déplacements des candidats à la présidentielle, l’ouragan Irma, l’enterrement de Johny Hallyday à Saint-Barthélemy et la crise sociale en Guyane. »  Selon le baromètre 2018 du CSA, avec France Ô, la proportion de personnes ultramarines apparaissant dans les programmes de France Télévisions est de 9%, et sans elle, de 0,3%.

Un chiffre qui souligne également le dynamisme de la chaîne. « Certes, son audience est faible mais si l'on pense aux moyens attribués – 26 millions d’euros par an -, c’est l’une des chaînes les plus productives du PAF » souligne la délégation qui, via une consultation en ligne, a recueilli plus de 96% d’avis favorables au maintien de la chaîne. « La situation actuelle se caractérise par un vrai dynamisme local en étant au cœur du réseau des stations La 1ère tout en ayant une forte invisibilité nationale » remarque d’ailleurs Michel Magras, président LR de la délégation.

Face au projet gouvernemental, la délégation formule un ensemble de propositions pour assurer une plus grande présence des territoires ultra-marins sur l’ensemble des chaînes publiques. « Nous nous devions d’aller sur ce terrain. Est-ce sortir du ghetto que de programmer une soirée Questions pour un champion avec des candidats d’outre-mer comme le propose France Télévisions dans la nouvelle organisation envisagée ? » s’alarme Jocelyne Guidez, également co-rapporteure de la mission d’information.

Non aux quotas disent les sénateurs

Au menu, des exigences chiffrées de périodicité pour assurer « le suivi des problématiques ultramarines propres mais également dans le traitement ordinaire de l’ensemble des sujets d’actualité ». «Pour cela, il faut rétablir un bulletin d’informations relatif aux outre-mer dans le journal de la mi-journée de France 3 tout comme des sujets réguliers dans les JT de France 2 » demande ainsi la délégation. Les sénateurs préconisent également « de faire de France Ô le pivot et le coeur de réseaux des outre-mer au sein de France Télévisions ».

Tout en assurant être conscients de l’importance du numérique pour les chaînes télévisées, les sénateurs se disent également favorables au « maintien de la diffusion TNT de France Ô avec un bilan à horizon 2025 ».

Enfin, alors que le groupe interparlementaire des Outre-mer a proposé la mise en place de quotas sur les chaînes du service public, les sénateurs ont fermé la porte à cette option.  « Nous ne pouvons pas parler de quotas quand il s’agit d’Outre-mer. Pourquoi serais-je un quota par rapport à la Bretagne ? Et entre ultra-marins, devra-t-on décompter les quotas martiniquais des quotas de Saint-Barthélémy ? » se demande Victoire Jasmin, sénatrice socialiste de la Guadeloupe.

Interrogé sur la réception de ce rapport, Michel Magras assume. « Je ne sais pas quelle suite sera donnée à ce travail. Mais nous ne comprendrions pas qu’il laisse indifférent alors que l’on ne parle que d’écoute et de grand débat sur les chaînes d’information en continu. » Voilà le gouvernement prévenu.

Partager cet article

Dans la même thématique

Outre-mer : quelle visibilité à la télévision ?
6min

Politique

« Nous allons entrer en résistance » : PS, PCF et Ecologistes unis au Sénat « face à une droite réactionnaire » sur le budget de la Sécu

Alors que la majorité sénatoriale de droite entend revenir sur les gains obtenus par la gauche à l’Assemblée sur le budget de la Sécurité sociale, à commencer par la suspension de la réforme des retraites, les sénateurs de gauche combattront « pied à pied », en dépit de leurs divergences sur la suspension. Mais face aux amendements des sénateurs de droite, qualifiés de « musée des horreurs », ils jouent groupés.

Le

Outre-mer : quelle visibilité à la télévision ?
6min

Politique

Budget 2026 : Wauquiez et Retailleau affichent leur « ligne commune » et appellent Lecornu à prendre ses responsabilités

Alors que le Sénat s’apprête à démarrer l’examen du projet de loi de financement de la Sécurité Sociale, le patron des députés de droite, Laurent Wauquiez était reçu à la réunion de groupe des sénateurs LR pour passer le relais. L’occasion de s’exprimer d’une seule voix sur la position que compte défendre la droite sur les deux lois de finances, quitte à rendre un accord en commission mixte paritaire quasi impossible et faire resurgir la piste d’un recours au 49.3.

Le

Lyon : Global Cannabis March
3min

Politique

Budget de la Sécu : les sénateurs écologistes veulent créer une taxe sur le cannabis

Dans le cadre de l’examen du budget de la Sécu, les sénateurs écologistes veulent créer un droit d’accise sur la vente du produit stupéfiant. « Ça légalise le cannabis en réalité », explique le sénateur Thomas Dossus. De quoi rapporter près de « 3 milliards d’euros à l’Etat » et « assécher les réseaux ».

Le

« La copie n’est pas acceptable aujourd’hui » : le Sénat s’apprête à modifier en profondeur le budget 2026 de la Sécurité sociale
7min

Politique

« La copie n’est pas acceptable aujourd’hui » : le Sénat s’apprête à modifier en profondeur le budget 2026 de la Sécurité sociale

À la veille du coup d’envoi des débats en séance publique sur le projet de loi de financement de la Sécurité sociale, les rapporteurs de la majorité sénatoriale veulent se montrer intraitables sur le retour des principales mesures d’économies et la disparition des mesures les plus coûteuses, comme la suspension de la réforme des retraites.

Le