Pacte asile et immigration : Une Europe irréconciliable ?
Le 23 septembre,  la présidente de la Commission européenne présentait sa réforme du pacte asile et immigration. L’un des objectifs affichés : plus de solidarité entre les 27 États membres. À peine dévoilée, cette nouvelle politique est fermement contestée par les pays dits de Visegrad, Hongrie et Pologne en tête.  

Pacte asile et immigration : Une Europe irréconciliable ?

Le 23 septembre,  la présidente de la Commission européenne présentait sa réforme du pacte asile et immigration. L’un des objectifs affichés : plus de solidarité entre les 27 États membres. À peine dévoilée, cette nouvelle politique est fermement contestée par les pays dits de Visegrad, Hongrie et Pologne en tête.  
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Par Marie Brémeau

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La question migratoire et l’asile donné aux réfugiés empoisonnent l’ambiance entre les 27 depuis le pic historique de 2015. La Commission européenne a décidé de s’y atteler en soumettant son Pacte migratoire le 23 Septembre dernier. Sur la feuille de route proposée : plus de solidarité entre les États membres. Depuis 5 ans, les pays en première ligne du flux migratoire (la Grèce, Malte, Chypre, l’Espagne et l’Italie) se retrouvent bien seuls à gérer les milliers de migrants qui atteignent les côtes européennes.  

Pour le franco-italien Sandro Gozi, député européen (RENEW) élu en France, et ancien ministre des affaires européennes, il est urgent d’agir. Il plaide pour une Europe où l’humain passe avant la politique, car « sauver des vies en mer n’est pas une option. »

La question épineuse porte essentiellement autour de la répartition des migrants dans les différents pays.

Pour Jacek Saryuz Wolski, eurodéputé polonais ultraconservateur, cette réforme est une « violation de l’État de droit »

Ceux qui à l’Est, ne voulaient pas accueillir les demandeurs d’asile se voient offrir avec cette réforme la possibilité de prendre en charge les reconduites à la frontière. Mais là encore ils traînent des pieds sur le principe.

Jacek Saryuz Wolski, eurodéputé polonais ultraconservateur (ECR), conteste la réforme, « contraire aux traités », en arguant que « l’immigration est une compétence exclusive des États membres ». Ce proche du parti au pouvoir en Pologne, joue la provocation en affirmant que « c’est une violation de l’État de droit ». 

Pour rappel, en avril dernier la Cour de Justice de l’Union européenne a désavoué la Pologne mais aussi la Hongrie et la République tchèque au motif que ces 3 pays avaient manqué à leurs obligations en refusant d’accueillir leur quota de migrants.

Une solidarité à géométrie variable ?

Sandro Gozi rappelle quant à lui une obligation juridique dans les traités, « la solidarité entre les États membres  concernant l’asile et l’immigration, une solidarité que les gouvernements hongrois et polonais ont toujours refusée. » L’eurodéputé franco italien ne mâche pas ses mots face à son homologue polonais. « Il est trop facile d’être solidaire quand on reçoit des fonds européens, de milliards d’euros, comme vous en Pologne, et ensuite oublier la solidarité quand vous devez assurer la gestion des demandeurs d’asile. »

Mais Jacek Saryuz Wolski dément tout manque de solidarité et réplique que la Pologne se sent bien seule quand il s‘agit d’accueillir des réfugiés ukrainiens par exemple. « Il y a une guerre en Ukraine, il y a un état de guerre en Biélorussie, nous recevons des migrants de l’est, et pour l’Europe, cela ne compte pas ? » questionne l’eurodéputé ultraconservateur.

Un dialogue de sourds entre le Franco-italien et le Polonais. La présidente de la Commission européenne,  Ursula Von der Leyen espère voir entrer en vigueur sa réforme de la politique asile et immigration en 2022. D’ici là il va lui falloir convaincre…

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