Une présence qui fait parler. Ce lundi 19 février, Marine le Pen a annoncé sa présence à la cérémonie d’entrée au Panthéon de Missak et Mélinée Manouchian prévue ce mercredi. Symbole de la résistance étrangère à l’occupant nazi et adhérent du Parti Communiste, l’Elysée avait annoncé le 18 juin 2023, à l’occasion de l’anniversaire de l’appel du général de Gaulle, la panthéonisation du couple par ces mots : « Missak Manouchian porte une part de notre grandeur. Sa bravoure singulière, son élan patriote dépassant toutes les assignations, son héroïsme tranquille inscrit dans sa dernière lettre à son épouse Mélinée où il confiait son absence de haine pour le peuple allemand constituent une source d’inspiration particulière pour notre République. Missak Manouchian incarne les valeurs universelles portées par ces « vingt et trois qui criaient la France s’abattant » et ce sont eux, qui avec lui, seront aussi célébrés. Car ceux du groupe Manouchian défendaient une République où l’adhésion aux principes de liberté, d’égalité, de fraternité, permet tous les exploits, autorise tous les sacrifices, réunit et transcende tous les destins ».
« Héritiers de Vichy »
A gauche, de nombreux élus se sont indignés contre la présence de l’ex-candidate à la présidentielle, en premier lieu, le secrétaire national du Parti Communiste, Fabien Roussel qui a déclaré sur RTL : « Elle serait inspirée à ne pas venir rendre hommage à ceux dont, dans l’Histoire, ses descendants ont contribué à ce qu’ils soient exécutés ». Même son de cloche du côté de Pierre Ouzoulias, sénateur communiste des Hauts-de-Seine et petit-fils d’un résistant sauvé par Missak Manouchian : « Le RN et Reconquête n’ont rien à faire à la cérémonie de panthéonisation de Missak Manouchian. Ils sont les héritiers de Vichy et d’une vision ethnique de la nation. Nous sommes les héritiers de Manouchian et d’une vision politique de la nation ». Contacté, l’élu également historien, ajoute : Le RN n’a pas sa place à la commémoration car il n’a jamais fait de clarification par rapport aux propos de J-M Le Pen faisant écho à un « passé qui passe mal » à l’extrême-droite, qui « a toujours eu une vision raciale de la nationalité ». La tête de liste écologiste aux européennes, Marine Tondelier, abonde : « Le RN faisait partie des gens que combattait Manouchian, donc c’est normal qu’il n’ait pas sa place autour de la table ».
« Il faut y être » selon Louis Aliot, maire RN de Perpignan
De l’autre côté de l’échiquier politique, le Rassemblement National justifie sa présence : « Aujourd’hui la panthéonisation révèle le caractère sacré, finalement républicain, du personnage, et (elle) s’adresse à tous les Français, quelles que soient leur origine, leur condition ou leurs opinions » note le maire de Perpignan, affilié au RN, Louis Aliot sur TF1 ce matin. Jean-Philippe Tanguy, député RN et conseiller régional des Hauts-de-France, s’en est pris dans un tweet au journal L’Humanité, qui a effectué l’interview du président de la République : « Faussaires de l’histoire, les scribouillards de l’Humanité sont les héritiers des dirigeants du Parti communiste qui ont officiellement soutenu l’alliance entre l’URSS et Hitler, avant de tenter de collaborer avec l’occupant nazi en France pour continuer à publier leur torchon ».
Du côté du Comité de soutien pour l’entrée de Manouchian au Panthéon et de la voix de son président, Jean-Pierre Sakoun, on prend acte de la décision de Marine Le Pen : « Côtoyer Madame Le Pen n’est pas le plus grand de nos plaisirs mais je respecte les institutions », nuançant cependant son propos : « Il y a une seule question à poser à Mme Le Pen : êtes-vous en quoi que ce soit les héritiers d’un parti fondé par des nazis et des collaborationnistes ? La réponse ne peut pas être peut-être. C’est oui ou non » a-t-il conclu.