Paris: vers la fin des files d’attente en pleine rue pour la demande d’asile?
Alors que les campements de migrants grossissent à Paris, l'Etat lance mercredi un dispositif, déjà critiqué, visant à résorber...

Paris: vers la fin des files d’attente en pleine rue pour la demande d’asile?

Alors que les campements de migrants grossissent à Paris, l'Etat lance mercredi un dispositif, déjà critiqué, visant à résorber...
Public Sénat

Par Claire GALLEN

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Alors que les campements de migrants grossissent à Paris, l'Etat lance mercredi un dispositif, déjà critiqué, visant à résorber la longue file de demandeurs d'asile qui se reforme constamment dans le nord de la capitale, dans l'espoir d'un rendez-vous pour s'enregistrer.

Les riverains l'avaient baptisé "le trottoir des 40.000": boulevard de la Villette, dans le Xe arrondissement, les migrants se pressent devant la plateforme d'accueil des demandeurs d'asile (Pada) de France terre d'asile (FTDA), dans l'espoir d'être les premiers à entrer le lendemain et d'enclencher enfin le parcours vers le statut de réfugié.

Les tensions sont régulières, et une partie des riverains excédés devant ce regroupement, où les hommes ont pendant des mois dormi à même le sol, tassés derrière une barrière. A quelques mètres, le long du canal, des Afghans ont installé leurs tentes, au plus près du convoité guichet.

Mais la plateforme vit ses derniers jours sous sa forme actuelle: à partir du 2 mai, c'est par téléphone que les migrants d'Ile-de-France souhaitant demander l'asile pourront obtenir un rendez-vous, ici ou dans l'une des neufs Pada de la région. Il ne servira à rien de se présenter directement et "il n'y aura plus de files d'attente", assure Pierre Henry, le directeur général de FTDA.

"La personne appelle, donne son identité, sa date de naissance, et on lui fixe pour le lendemain même un rendez-vous en lui envoyant un SMS, qu'elle présente à son arrivée à la Pada", explique Didier Leschi, le directeur général de l'Ofii (Office français de l'immigration et de l'intégration) à qui cette mission d'aiguillage a été confiée.

Entre 10H00 et 15H30, une dizaine d'agents épaulés de traducteurs en 12 langues (anglais, arabe, mais aussi pachtou et ourdou) distribueront les rendez-vous, avec "360 places disponibles par jour en vitesse de croisière". Un système de géolocalisation des portables permettra d'orienter le demandeur vers la plateforme de son département (de préférence), et "de supprimer les trafics" consistant à appeler depuis une autre région, voire depuis l'étranger.

- "Invisibles" -

La procédure ne fait que commencer, puisque c'est à la Pada qu'un rendez-vous d'enregistrement en préfecture sera attribué, "sous trois jours" comme le prévoit la loi, assure M. Leschi. Un défi, compte tenu de l'embouteillage chronique dans les préfectures, qui ont dû doubler le contingent de rendez-vous disponibles pour résorber un stock de 4.000 dossiers en attente.

"Cela va contribuer à réduire les délais de traitement de la demande d'asile", qui est l'un des grands objectifs du projet de loi tout juste voté au Parlement, assure M. Leschi, en s'attaquant à l'amont de la procédure qui concentre une grande part des critiques.

Equipements modernes, numéro gratuit dédié (0800-144-414), personnel supplémentaire: le dispositif n'en suscite par moins un certain scepticisme.

Le Défenseur des droits Jacques Toubon a déjà demandé la "suspension du projet" qui ne servira selon lui qu'à "rendre invisible" la file d'attente "sans rien résoudre".

"Pendant toute cette période de non-accueil", les personnes "vivent dans le dénuement le plus total" et "sont susceptibles d'être éloignés vers un Etat dans lequel elles craignent pour leur vie", a-t-il affirmé dans un avis sévère mi-avril.

Cette question de l'accueil en amont se pose de façon aiguë alors que plus de 2.000 migrants campent dans le nord-est de Paris, dont plus de 1.500 porte de la Villette.

Autre critique, l'accès au standard téléphonique: "il faudra avoir un portable", note Gérard Sadik de la Cimade, qui redoute aussi que le contingent de rendez-vous soit épuisé en quelques heures.

"Le système va être testé, surtout au début", prévoit M. Henry, en soulignant sa "lourdeur": "on peut se demander s'il s'agit vraiment d'une simplification".

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