Parité : « Grâce aux quotas, on a fait progresser les choses » pour Valérie Pécresse

Il y a 25 ans, les femmes étaient largement sous-représentées dans la vie politique. En 1997, elles ne représentent que 10% des députés et seulement 7% des sénateurs. Pour y remédier, sous l’impulsion de Lionel Jospin, Premier ministre de l’époque, une loi qui instaure la parité en politique est votée. Retour sur cet évènement majeur qui a durablement modifié la vie politique française dans l’émission Il était une loi, présentée par Matthieu Croissandeau.
Mathieu Terzaghi

Temps de lecture :

3 min

Publié le

Mis à jour le

« C’était absolument terrible » lâche Roselyne Bachelot. Députée RPR de 1988 à 2002, elle témoigne aujourd’hui d’une époque où le sexisme en politique était largement répandu. Comme ce jour de 1988, où elle monte à la tribune pour défendre la loi de Michel Rocard sur le RMI, et où elle entend quelqu’un lui lancer : « Voilà le concert des vagins (…) la scène politique était en retard par rapport à la société », estime celle qui était à la tête de l’Observatoire sur la parité entre les hommes et les femmes entre 1995 et 1998. Un avis que partagent Édith Cresson et Danièle Pourtaud, elles aussi impliquées dans la vie politique de l’époque.

Sexisme, sous-représentation, face au besoin de changement, en 2000, « il fallait agir », affirme l’ancien premier ministre Lionel Jospin. Et si le Parti Socialiste, dès 1996, avait décidé qu’il présenterait 30% de femmes aux élections législatives, les élus, essentiellement des hommes à l’époque, restaient frileux à l’idée d’une parité parfaite.

« Voilà le concert des vagins »

Mais avant de voter la loi sur la parité qui doit contraindre les partis à présenter un nombre égal de femmes et d’hommes aux élections, une révision constitutionnelle s’impose. En 1982, l’institution avait rendu un avis jugeant inconstitutionnel tout principe de quotas aux élections.

Une fois la Constitution changée, reste à voter la loi. Et si le congrès s’est entendu sur les grands principes, le vote de la loi va s’avérer plus compliqué. « La parité, ça exige de chasser des hommes de leurs places ! » formule avec clarté Roselyne Bachelot. Et quand Lionel Jospin explique la mesure face à une assemblée de sénateurs et députés socialistes : « Pour moi, la parité c’est 50-50 », il assure qu’il y a eu « un frémissement de terreur ».

Roselyne Bachelot : « La parité, ça exige de chasser des hommes de leurs places ! »

Quand le texte arrive au Sénat, la droite s’y oppose. Denis Badré, alors sénateur centriste des Hauts-de-Seine, dénonce une instrumentalisation idéologique et vote contre le texte au prétexte qu’il va désormais lui falloir se séparer d’élues trop nombreuses dans son conseil municipal. A la tribune, Patrice Gélard, sénateur RPR de Seine-Maritime, n’hésite pas à comparer la mesure à un « apartheid ». Malgré le handicap que lui a causé la loi aux élections sénatoriales suivantes, il l’avoue rétrospectivement : « Pour la vie du pays, je pense qu’il fallait le faire ».

25 ans après, la loi parité est quasi-unanimement considérée comme une réussite

Aujourd’hui, le constat est implacable. Selon Valérie Pécresse, présidente de la région Île-de-France : « L’expérience de ces 30 années me pousse à dire que grâce aux quotas, on a vraiment fait progresser les choses ». Une loi qui l’a aidée, selon elle : « Aujourd’hui, si je devais faire une liste régionale sans les lois parité, j’aurais une pression pour ne prendre que des maires, donc trois quarts d’hommes. La parité protège beaucoup les femmes », résume-t-elle.

Une émission à revoir en intégralité sur notre espace replay 

Partager cet article

Dans la même thématique

Parité : « Grâce aux quotas, on a fait progresser les choses » pour Valérie Pécresse
3min

Politique

Crise agricole : « Les agriculteurs ont le sentiment justifié que le gouvernement et l’Union européenne ne veulent plus que l’élevage français prospère »,  pointe Jean-Philippe Tanguy

Invité de la matinale de Public Sénat, le président du groupe RN à l’Assemblée nationale a salué le « mouvement populaire » des agriculteurs. Tandis que les abattages et les vaccinations se poursuivent et que la signature de l’accord du Mercosur n’a jamais été aussi proche, les actions des agriculteurs français redoublent d’intensité. Hier, plus de 80 actions ont été recensées sur l’ensemble du territoire.

Le

Parité : « Grâce aux quotas, on a fait progresser les choses » pour Valérie Pécresse
3min

Politique

Budget : Amélie de Montchalin assume le dialogue avec le PS plutôt qu’avec le RN au nom des « valeurs gaullistes »

A 48 heures de la réunion de la commission mixte paritaire sur le projet de loi de finances, le ton est monté d’un cran entre le gouvernement et la droite sénatoriale qui refuse d’endosser la responsabilité d’un niveau de déficit, porté à 5,3 %. Aux questions d’actualité au gouvernement du Sénat, Amélie de Montchalin indique que le gouvernement a choisi « en conscience de travailler avec le Parti socialiste ».

Le

Parité : « Grâce aux quotas, on a fait progresser les choses » pour Valérie Pécresse
3min

Politique

Dermatose des bovins : Sébastien Lecornu appelle au soutien des vétérinaires menacés

Lors des questions d’actualité au gouvernement du Sénat, le Premier ministre Sébastien Lecornu a longuement détaillé la stratégie de l’exécutif pour lutter contre la crise de la dermatose nodulaire contagieuse (DNC) et a appelé au soutien des vétérinaires menacés, car en charge des « dépeuplements » des bovins affectés.

Le