Paris : Meeting between the new prime minister and political party

Participation des LR au gouvernement : « On attend vraiment des éclaircissements de la part de François Bayrou », affirme Mathieu Darnaud

Reçus lundi par le premier ministre, les responsables LR ont beaucoup de questions mais pour l’heure, peu de réponses de la part de François Bayrou. « La question budgétaire, c’est la priorité des priorités », soutient le président du groupe LR du Sénat, Mathieu Darnaud.
François Vignal

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Stop ou encore ? Comme toutes les formations politiques, à l’exception de LFI, qui a décliné, Les Républicains ont été reçus hier par le nouveau premier ministre, François Bayrou. Laurent Wauquiez, à la tête des députés LR, et Mathieu Darnaud, président du groupe LR du Sénat, en sont ressortis dans l’expectative. Soutien avec participation ? Soutien sans participation ? Voire pas de soutien ? Pour répondre, il faudra en savoir plus.

« Eventuelle participation »

« C’est ensuite que nous pourrons décider d’une éventuelle participation », a affirmé hier à la sortie le patron du groupe à l’Assemblée, Laurent Wauquiez. Il a reconnu que le choix d’entrer dans le nouveau gouvernement « (n’était) pas facile et pas évident, contrairement à septembre avec Michel Barnier », issu comme eux des rangs LR. Il avait d’ailleurs pris dans son gouvernement 16 ministres venus de son parti, dont beaucoup de sénateurs, à commencer par Bruno Retailleau, à l’Intérieur.

« On attend vraiment des éclaircissements de la part du premier ministre sur les sujets programmatiques qui définiront notre participation ou non au gouvernement. C’est ce que nous avons dit à François Bayrou », nous confirme ce mardi Mathieu Darnaud, après la réunion de son groupe, où il a fait le point sur l’entrevue de la veille. La feuille de route défendue par les LR s’appuie sur leur pacte législatif, avec quelques sujets phares : « La question budgétaire, c’est la priorité des priorités. On se doit d’avoir un budget pour permettre de répondre à l’urgence, on en a un exemple avec Mayotte, et avoir une réduction de la dépense publique. Il y a aussi le pouvoir d’achat », avance le sénateur LR de l’Ardèche, avec une question : « Repart-on de l’architecture budgétaire qui a déjà été examinée, avec le vote de la partie recettes du budget au Sénat, et les mesures du budget de la Sécu, ou d’une copie blanche ? » demande Mathieu Darnaud.

« En ligne de mire une loi immigration »

Autres questions à lever : « On a un premier ministre qui dit vouloir diriger un gouvernement pro entreprise. Donc quelle est sa lecture sur le sujet ? Sur l’aspect régalien, la volonté est d’en faire un axe central de la politique gouvernementale avec en ligne de mire une loi immigration ou des dispositions qui nous paraissent importantes, sur les OQTF et tous les points qui n’ont pas été satisfaits », avance le patron des sénateurs LR. Alors que le PS, que François Bayrou a besoin de convaincre de ne pas le censurer, refuse un nouveau texte immigration, Mathieu Darnaud n’en fait pas un préalable en soi… « Ce n’est pas le véhicule législatif (qui compte), mais l’intention et la portée des dispositions, qui pourraient être traduites par des propositions de loi, des décrets, du réglementaire », avance-t-il. Autrement dit, le résultat, plus que l’effet de com’.

Mathieu Darnaud n’oublie pas un enjeu qu’il connaît bien et cher à l’ensemble des sénateurs : « Les sujets territoriaux, avec la décentralisation. Pour nous, c’est un attendu, un sujet prioritaire », sans oublier « l’urgence agricole, avec le projet de loi d’orientation agricole et le texte contre les entraves agricoles de Laurent Duplomb (LR) et Franck Menonville (Union centriste) », met sur la table le sénateur de l’Ardèche.

Quant à la proportionnelle, dont le premier ministre est un défenseur de longue date, « on attend qu’il clarifie. Nous ne sommes pas très allants sur le sujet », dit pudiquement Mathieu Darnaud. Du moins les députés LR, car les sénateurs la pratiquent déjà depuis longtemps dans les départements élisant au moins trois sénateurs. En revanche, revenir sur le non-cumul, comme l’a évoqué le premier ministre pour justifier sa volonté de rester maire de Pau, « nous l’avons toujours demandé », rappelle le sénateur LR.

« On lui a donné nos attentes, on attend ses réponses »

Si la participation des LR au gouvernement n’a rien d’automatique – « c’est une évidence » – les sénateurs LR sont tous derrière leur ancien chef de file, si les LR doivent rester. « Il me semble que l’action de Bruno Retailleau à l’Intérieur est plutôt plébiscitée par nombre de nos concitoyens », salue Mathieu Darnaud.

Mais avant les personnes, c’est sur le fond que les LR définiront leur réponse. « Pour nous, c’est l’aspect programmatique qui prime. Qui, quoi et comment ? Dans quelle direction on va ? Est-ce que ce qu’il propose est compatible avec notre pacte législatif ? » résume le président du groupe LR.

« On lui a donné nos attentes, on attend ses réponses », résume Max Brisson, sénateur des Pyrénées-Atlantiques, dont Pau est la préfecture. Le porte-parole du groupe LR ajoute au passage que les LR ont bien conscience qu’ils ne sont pas les seuls à poser des demandes. « L’urgence du pays oblige d’écouter aussi ce que disent les autres », reconnaît le sénateur LR.

« Il y en a qui n’aiment pas François Bayrou »

Reste que chez un certain nombre de parlementaires LR, la simple évocation de François Bayrou reste au travers de la gorge. Son nom est synonyme de trahison. Nombre de LR n’oublient pas que le Béarnais n’avait pas donné de consigne de vote pour Nicolas Sarkozy au deuxième tour de la présidentielle 2007 et, pire, avait voté François Hollande au second tour de 2012.

« Il y en a qui n’aiment pas François Bayrou. On a eu des épisodes pas simples avec les présidentielles de 2007 et de 2012. Certains ont eu maille à partir avec lui », confirme un sénateur LR. Il ajoute :

 S’il y avait eu un vote à bulletin secret, pour savoir qui on souhaite comme premier ministre, je ne pense pas que François Bayrou aurait eu la majorité des suffrages. 

Un sénateur LR.

Mais si « certains ont jugé les positions de François Bayrou comme des trahisons, on ne peut pas vivre dans le passé. Il faut regarder ce qu’il veut faire aujourd’hui », avance le même, avant d’ajouter : « Ce qui prime largement, c’est l’esprit de responsabilité. L’idée de participer sous conditions, c’est quelque chose majoritairement accepté par les collègues ».

« Si c’est avec François Bayrou qu’on doit faire, ce sera avec François Bayrou », lance Didier Mandelli

Malgré les choix du président du Modem contre Nicolas Sarkozy, ainsi que « l’épisode avec Emmanuel Macron, en 2017. Il ne faut pas l’oublier non plus », ajoute le sénateur LR Didier Mandelli, premier vice-président du Sénat, les sénateurs LR veulent aller de l’avant. « Peu importe sa personnalité, ce qu’il a fait. La France mérite qu’on dépasse nos propres atermoiements personnels. Si c’est avec François Bayrou qu’on doit faire, ce sera avec François Bayrou », lance Didier Mandelli. Le sénateur de Vendée ajoute : « On doit mettre l’avenir du pays au-dessus de tout. Mais pas au prix du reniement de nos convictions ».

« Si c’est juste pour dire, on se répartit les responsabilités et on essaie d’avancer jusqu’à la prochaine dissolution ou présidentielle, on aura raté l’essentiel », met en garde le premier vice-président du Sénat, « on vise toujours le coup d’après et résultat, on se retrouve dans cette situation ». Mais pour le viser le coup d’aujourd’hui, il faut que tout le monde soit prêt à tirer à peu près dans le même sens.

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