L’appel à une grande coalition des droites, lancé par Éric Zemmour au lendemain de l’élection présidentielle, est resté sans réponse. Mais le polémiste a annoncé mardi, par un communiqué, que son parti Reconquête !, qui entend présenter 550 candidats dans toute la France aux scrutins des 12 et 19 juin prochains, n’avait investi personne dans la circonscription d’Éric Ciotti. Une situation qui fait grincer des dents dans les rangs LR, dans la mesure où le député des Alpes-Maritimes a toujours assumé une certaine proximité idéologique avec Éric Zemmour, allant jusqu’à dire qu’il aurait pu voter pour lui dans l’hypothèse d’un duel avec Emmanuel Macron. « Quand vous avez, en face de Monsieur Ciotti, Éric Zemmour qui ne se présente pas, cela l’aide mécaniquement pour survivre au second tour », a relevé jeudi matin, dans « Bonjour chez vous » sur Public Sénat, l’ex-LR Renaud Muselier. La droite pourrait subir une nouvelle défaite historique à ce scrutin.
« Cette situation prouve bien les dérives de mon ex-parti », poursuit le président de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, qui, après avoir brièvement apporté son soutien à Xavier Bertrand pour l’investiture LR à la présidentielle, a finalement claqué la porte du parti en novembre, fustigeant la ligne dure défendue par Éric Ciotti. « On excommunie systématiquement les personnes qui veulent travailler avec Emmanuel Macron, alors que cela fait partie de notre culture et de notre ADN d’additionner la droite et le centre. Mais quand quelqu’un de LR, membre de la commission nationale d’investiture, se retrouve de fait soutenu par Éric Zemmour, à ce moment-là on ne dit rien », déplore Renaud Muselier. Il dénonce ainsi « une dérive vers l’extrême droite » qui aurait poussé une partie des électeurs de LR à se tourner vers le chef de l’Etat.
« Vous croyez que Monsieur Ciotti, les choses lui arrivent par hasard, comme ça ? »
« Nous ne sommes fongibles ni dans le lepénisme, ni dans le macronisme », avait déclaré Christian Jacob, le président des LR, au lendemain du premier tour, alors que la droite s’interrogeait sur la position à adopter face au duel Marine Le Pen-Emmanuel Macron. Une forme de « ni-ni » qui a semé le trouble chez certains élus, déterminés à faire vivre le front républicain face à l’extrême droite. Dans la perspective des législatives, le parti a réaffirmé à plusieurs reprises son indépendance, repoussant notamment toute perspective d’alliance avec la macronie.
« Éric Ciotti n’a pas demandé à ne pas avoir de candidat d’Éric Zemmour face à lui, qu’aurait-il dû faire ? », a demandé notre journaliste Oriane Mancini à Renaud Muselier ce jeudi matin. « Comment savez-vous qu’il ne l’a pas demandé ? Vous croyez que Monsieur Ciotti, les choses lui arrivent par hasard, comme ça ? », lui a aussitôt répondu son invité. « C’est bizarre, on ne l’entend plus du tout en ce moment », ajoute-t-il. Relancé pour savoir s’il accusait le député des Alpes-Maritimes de jouer double jeu, l’ancien secrétaire d’Etat de Jacques Chirac balaye : « Il y a toujours un triple ou un quadruple jeu avec lui ».