Au début du mois, Emmanuel Macron a fait une déclaration mystérieuse, en indiquant qu’il devrait prendre des décisions « difficiles » dans la dernière année du quinquennat. Sans préciser lesquelles, mais assez pour que les spéculations soient relancées sur un retour de la réforme des retraites, brutalement stoppée par la crise du covid-19 en mars 2020. A ce sujet, le chef de l’Etat a simplement souligné que celle-ci ne pouvait pas « être reprise en l’état ». Toujours attaché à une réforme systémique, qui rendrait l’actuel régime « beaucoup plus juste », Laurent Berger a une nouvelle fois appelé à repartir d’une feuille blanche et à attendre les échéances politiques nationales. « Il faudra repartir de zéro, et il n’y a pas de voie de passage avant l’élection présidentielle de 2022 », a martelé le secrétaire général de la CFDT, dans Audition Publique (Public Sénat / LCP-AN / Le Figaro Live). « Peut-être aurait-il fallu fonctionner par étapes », a-t-il également déclaré au sujet de la réforme avortée.
« La question n’est pas de garder quelque chose » de l’ancien projet, qui avait été « mal construit », mais de « reconstruire une réforme » car « le système actuel est injuste et fonctionne mal », a expliqué Laurent Berger. Son syndicat défend la logique d’une réforme à points, pour réduire les inégalités entre cotisants. Pour le secrétaire général, une telle réforme doit être « arbitrée » à l’occasion de l’élection de 2022.
« Il faut arrêter le délire »
Laurent Berger a par ailleurs estimé qu’une réforme permettant d’assurer l’équilibre financier du régime n’était « pas le vrai sujet » actuellement. « Le Conseil d’orientation des retraites dit qu’il n’y a pas le feu au lac », a-t-il argumenté. La semaine dernière, le COR a fait état d’un déficit moins important que prévu pour 2020, et des projections à long terme légèrement meilleures, du fait des nouvelles données démographiques de l’Insee. « Est-ce qu’il y a un sujet de financement ? Oui, beaucoup moins qu’avant quand même. » Le numéro 1 de la CFDT a jugé que le mélange d’une réforme systémique avec des mesures d’économie avait contribué à embourber la réforme de 2020.
La fenêtre de tir étant limitée dans cette dernière année préélectorale, un retour de la réforme ne « pourrait être qu’une mesure d’âge », selon Laurent Berger, qui rappelle que « tout le reste est trop compliqué à construire ». Celui qui s’était opposé à « l’âge pivot » à 64 ans considère que toute mesure de ce type serait hasardeuse, vu le contexte. « Expliquez-moi quelle est la personne qui souhaiterait, qu’à la rentrée prochaine, il y ait une réforme sur les retraites […] et pourrait se réjouir qu’une partie de la population se mette vent debout contre cette réforme, et notamment les organisations syndicales dont la CFDT, pour pourrir l’automne, après le covid-19, les Gilets Jaunes, les retraites en 2019. Il faut arrêter le délire. »