Pascal Blanchard, historien : « On ne retient jamais les leçons de l’histoire. Ça se saurait »

Pascal Blanchard, historien : « On ne retient jamais les leçons de l’histoire. Ça se saurait »

Invité de l’émission « On va plus loin », l’historien Pascal Blanchard, co-auteur du livre « Les années 30, et si l’histoire recommençait » nous montre les  points communs entre les années 30 et l’époque actuelle.
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Se plonger dans les années 30 et comprendre les points communs qu’elles partagent avec aujourd’hui, c’est ce qu’a voulu faire l’historien Pascal Blanchard. Alors qu’actuellement, les peurs se cristallisent sur l’islamisme, dans les années 30 c’était le communisme : « L’ennemi intérieur et extérieur tel qu’est perçu le musulman aujourd’hui en Europe, c’est beaucoup plus le communiste à l’époque ».

Dans les années 30, existait la peur du « crépuscule des nations blanches » dont on pourrait faire un parallèle aujourd’hui avec la peur de ce qu’on appelle le « grand remplacement » : « Ils partent du même principe. D’un seul coup, qu’est-ce qu’il se passe au début du siècle, dans les années 20, les années 30 ? Le monde bascule. Les flux migratoires commencent. Les puissances colonisées semblent fragiles. Les empires vont peut être s’effondrer. Et on voit arriver ce qu’on appelait à l’époque « des masses de couleur » qui vont intervertir d’une certaine manière, la suprématie blanche. Et cette peur est au cœur de l’idée de grand déclin. Entre temps, pendant huit décennies, des immigrations sont arrivées ici. Maintenant, on n’a plus peur qu’elles arrivent, on a peur de ce qu’elles peuvent produire ici (…) la perte de l’identité blanche, d’une certaine forme d’identité qui serait raciale et qui constituerait les fondements de notre société. Il y a cette idée que nous serions en train de perdre par les enfants, par la naissance, par les mariages mixtes, par « l’invasion » de l’autre, ce qui fait l’essence même de nos structures de nos sociétés et donc de nos enfants de demain. Cette grande peur, c’est le « grand remplacement (…) Et comme pour hier, on ne voulait pas qu’ils arrivent, aujourd’hui on veut qu’ils partent. »

Pour l’historien, l’époque actuelle est moins violente que celle des années 30, qui l’était de façon extrême : « Aujourd’hui, nous n’en sommes pas là (…) La grande différence qu’il y a, est peut être que le niveau de violence est beaucoup plus bas en Europe ».

Pascal Blanchard estime également qu’« on ne retient jamais les leçons de l’histoire » : « Ça se saurait. Sinon on n’aurait pas fait la seconde guerre mondiale après la première. Par contre, on est beaucoup mieux préparés que nos aînés pour voir que des mécanismes s’enchaînant, peuvent provoquer à un moment un grand bouleversement, voire une grande rupture. Ça nous le savons maintenant » déclare-t-il.

Cet historien, spécialiste de l’histoire coloniale, et son co-auteur Farid Abdelouahab ont, en fait, trouvé  « des similitudes de mécanisme » entre l’époque actuelle et les années 30 : « Là, on dit attention ! Il y a un certain nombre d’éléments qui composent une sorte de mixture compliquée qui pourrait aboutir en fin de processus à une grande claque, d’une certaine manière, comme le monde l’a connue en 40. Donc soyons au moins vigilants sur ces mécanismes car l’histoire ne se termine jamais de la même manière ».

OVPL : Interview intégrale de Pascal Blanchard, historien
13:13

Interview intégrale

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