Directeur de l'Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS), Pascal Boniface, qui vient de publier « Je t’aimais bien tu sais. Le monde et la France, le désamour ? » (éditions Max Milo), regrette que la situation de la France dans le monde ne fasse pas partie des débats de la campagne présidentielle, même si elle évoquée dans les programmes des candidats : « Chaque candidat sait que sa crédibilité est en jeu s’il n’abordait pas ces questions-là. Donc chacun a un volet international dans ses programmes ; cela fait partie des figures imposées quand on aspire à être le chef des armées et le chef de la diplomatie. Et les Français y sont sensibles. Mais en même temps on sait très bien que l’élection se fait avant tout sur les questions économiques et sociales, et que les questions régaliennes viennent en arrière plan ».
Pourtant, selon Pascal Boniface : « On ne peut peut-être pas gagner l’élection sur les questions internationales mais on peut les perdre si on n’est pas crédible. Et un candidat qui donnerait le sentiment qu’il n’incarne pas la France, partirait avec un handicap ».
Le directeur de l’IRIS aime à rappeler que le président de la République est « le chef des armées » qui possède le pouvoir nucléaire. La charge est donc lourde : « La diplomatie est incarnée, mise en musique au Quai d’Orsay. Mais (…) c’est quand même à l’Elysée que les grandes orientations - comment réagir par rapport à Trump, à Poutine, la Chine, à l’Afrique etc. - les impulsions, les changements, ou la continuité sont donnés ».
Pour Pascal Boniface, il est parfois nécessaire de réfléchir à comment sont perçus nos débats à l’extérieur du pays. Car de l’étranger, parfois ils ne sont pas compris. Notamment la polémique sur le burkini : « D’une affaire qui était mineure, on en a fait une affaire majeure, vue à l’étranger avec une loupe grossissante. Tous les gens, pas seulement dans les pays musulmans (…) qui s’intéressent un peu à la France, ont eu une image déformée de nos débats. Une image excessive, qui était un peu inflammatoire par rapport à la réalité du débat (…) Ce qui était apparu, c’était une image d’intolérance plutôt que d’ouverture (…) On ne fait pas attention quand on a des débats politiques internes, à l’écho que cela peut avoir à l’étranger ».
Selon le directeur de l’IRIS, le rayonnement international de la France n’a pas disparu mais il s’efface : « On attend beaucoup de la France et on a le sentiment qu’elle donne moins qu’elle n’a donné dans le passé ».