Le Nouveau Front Populaire (NFP) peine à porter une voix commune sur les prochaines échéances parlementaires, malgré la volonté partagée par l’ensemble des groupes de gauche de censurer le futur gouvernement de Michel Barnier. En outre, l’affrontement des derniers jours entre Jean-Luc Mélenchon et François Ruffin interroge sur la place de LFI au sein de l’alliance.
Passation de pouvoir place Beauvau, Gérald Darmanin joue l’apaisement avec les forces de l’ordre
Par Chloé Rouveyrolles
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« Je défendrai tout ce qui peut être défendu, je soutiendrai tout ce qui peut être soutenu », a déclaré le nouveau ministre de l’Intérieur à l’attention des forces de l’ordre. « Qu’ils ne doutent jamais que je serai le premier d’entre eux », a-t-il également déclaré, « comme élu de terrain je connais leurs difficultés. »
Son prédécesseur Christophe Castaner avait affirmé quelques minutes auparavant : « Je les ai défendues à chaque instant, je ne le regrette pas » avant d’ajouter avec émotion savoir que : « Derrière la passion de l’uniforme, il y a pression. »
Dans la lignée des déclarations du Président de la République, ces dernières semaines, Gérald Darmanin a insisté sur son « soutien total » aux représentants des forces de l’ordre.
L’élu de Tourcoing n’a pas repris la nuance posée par Christophe Castaner qui après une vingtaine de mois place Beauvau a souligné qu’être le ministre de l’Intérieur c’était certes « servir » les forces de l’ordre, mais « aussi être exigeant. » Ses relations avec la police s'étaient tendues au cours des derniers mois.
Laurent Nuñez reste au ministère de l’Intérieur
Gérald Darmanin a remercié Christophe Castaner pour le « ministère de l’Intérieur que vous me passez avec Marlène [Schiappa, qui devient ministre déléguée à la Citoyenneté, ndlr]. »
Si Christophe Castaner s’est dit « fier » de son bilan et de « résultats plutôt exceptionnels ». « Nous avons posé les fondements de la sécurité de demain », a-t-il déclaré avant de dresser la longue liste des défis auxquels son successeur sera confronté, notamment le chantier du schéma du maintien de l’ordre et le livre blanc de la sécurité intérieure, le tout dans le contexte d’une « République morcelée. »
L’ancien « premier policier de France » a rendu un hommage appuyé à son secrétaire d’État, Laurent Nuñez : « On a traversé un paquet d’épreuves (…) je n’aurais pas pu rêver de meilleur homme d’État. » Gérald Darmanin a ensuite annoncé que le bras droit de son prédécesseur -un temps pressenti pour le remplacer, allait « continuer à servir l'intérêt général et ce ministère.»
Position ferme
L'ex-ministre de l'Action et des Comptes Publics, réputé proche de Nicolas Sarkozy, est l'un des visages de l'entourage de droite d'Emmanuel Macron.
Il n'a pas adressé de main tendue aux nombreuses organisations alarmant le gouvernement sur les violences policières depuis les manifestations des Gilets jaunes, jusqu'au rassemblement du 2 juin devant le tribunal de Paris, qui a rassemblé 20 000 personnes.
Le nouveau pensionnaire de la place Beauvau a aussi conclu son discours par un positionnement très ferme sur la laïcité, son ministère ayant la responsabilité des cultes: « Jamais la foi ne doit être au-dessus de la loi ( …) nous devons combattre de toutes nos forces l’islamisme qui attaque la République. »
Réactions de militantes féministes
Peu avant la passation, une vingtaine de militantes féministes s’étaient rassemblées à proximité du ministère de l’Intérieur en scandant : « Violeur, police complice, Darmanin démission ! »
Début 2018, Gérald Darmanin a été mis en cause par deux femmes, l'une pour viol, l'autre pour abus de faiblesse – des accusations qu'il réfute. Si l'enquête se poursuit pour l'une des affaires, le parquet a rendu un non-lieu pour la seconde.
Sur les réseaux sociaux, de nombreux messages critiquent la nomination de Gérald Darmanin au ministère de l’Intérieur. La militante féministe Caroline de Haas estime sur Twitter qu’ « Emmanuel Macron aurait pu directement cracher à la gueule des femmes victimes de violences, ça aurait fait pareil. »