Passation de pouvoirs : « Emue», Élisabeth Borne dédie « cette nomination à toutes les petites filles »
Sur le parvis de Matignon, Jean Castex a passé le relais à Élisabeth Borne pour prendre la tête du gouvernement. Une passation sous le signe de l’émotion et sous les acclamations des membres du cabinet du Premier ministre sortant.
Par Public Sénat
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Après trois semaines d’attente, Jean Castex a finalement remis sa démission à Emmanuel Macron. Dans la foulée, le président de la République a nommé Élisabeth Borne, Première ministre.
« C’est un moment solennel et émouvant pour moi », a commencé Jean Castex qui s’est dit particulièrement heureux d’accueillir sa prédécesseure. L’émotion était également du côté des collaboratrices et collaborateurs de Matignon qui ont longuement acclamé l’ancien Premier ministre Pendant près de deux ans, au gouvernement, Jean Castex et Élisabeth Borne ont fait face à une période particulièrement difficile : la crise sanitaire économique et sociale.
« Je me suis donné sans retenue à cette belle et haute fonction »
« Je voudrais dire au peuple de France combien je sais que les mois écoulés marqués par une crise sanitaire inédite ont été difficiles […] Je veux ici saluer la résilience de nos concitoyens ». Il a rappelé « la gratitude infinie de la Nation » « à l’ensemble des fonctionnaires de l’Etat et d’agents du service public ».
L’ancien maire de Prades a rappelé les « autres menaces » auxquels sont gouvernement a dû faire face : la guerre en Ukraine et la menace terroriste. « Je me suis donné sans retenue à cette belle et haute fonction », a-t-il affirmé.
Une fonction qui attire « les critiques ». « Je crois qu’elle a été faite pour ça », a-t-il souligné, assurant à Élisabeth Borne que les critiques sur son accent lui seraient épargnés.
Enfin, Jean Castex a tenu à faire un éloge à ce qu’on a l’habitude d’appeler la majorité silencieuse. « Il y a ceux qu’on entend beaucoup. Ceux qui s’expriment fort et haut et ceux que l’on n’entend jamais qui observent. Il faut veiller à ne jamais les oublier […] ils forment la colonne vertébrale de la France ».
Élisabeth Borne : « Nous venons d’une famille politique différente »
L’ancienne ministre du travail, forcement émue, alternant le tutoiement et le vouvoiement a eu une pensée « la première femme qui a occupé ses fonctions, Édith Cresson. Je voudrais dédier cette nomination à toutes les petites filles, en leur disant : allez au bout de vos rêves ».
Élisabeth Borne a pris soin de se présenter en femme politique de gauche, soulignant qu’elle venait « d’une famille politique différente » de celle que son prédécesseur. L’ancienne directrice de cabinet de Ségolène Royal au ministère de l’Environnement a insisté sur les caractéristiques qu’elle estime partager avec Jean Castex. « Nous sommes attachés à l’intérêt général, à la cohésion de notre pays et à l’égalité des chances ». Élisabeth Borne a cité les premiers défis de son gouvernement : « La situation internationale, le défi climatique et écologique ».
Voilà pour les priorités, pour la méthode, la nouvelle Première ministre dit partager comme son prédécesseur « la conviction que les politiques publiques doivent se bâtir dans le dialogue, avec les élus, les partenaires sociaux, les associations ».
Une mise en avant de la concertation en guise de réponse aux reproches faits au premier quinquennat d’Emmanuel Macron dont la pratique du pouvoir est qualifiée de trop verticale par ses opposants.
En conclusion de son discours, Élisabeth Borne a rendu un dernier hommage à Jean Castex. « Vous êtes une personne rare. Vous privilégiez toujours le collectif. Vous incarnez ce qu’est un Premier ministre, quelqu’un qui sert son pays. Alors merci et bravo ! »
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