Passe d’armes au Sénat sur la police de proximité

Passe d’armes au Sénat sur la police de proximité

Une proposition de loi déposée par Éliane Assassi et ses collègues communistes appelle au retour de la police de proximité. Cette proposition, rejetée en séance, a donné lieu a un débat houleux. Si Emmanuel Macron a annoncé une solution intermédiaire, la police de sécurité du quotidien (PSQ), celle-ci n’est pas financée dans le budget pour 2018.
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Par Héléna Berkaoui

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Les sénateurs communistes appellent au retour de la police de proximité. Éliane Assassi, qui a déposé une proposition de loi en ce sens, dénonce aujourd’hui « l’opposition idéologique » de la commission des lois. Le rapport de François Grosdidier (LR) étaie les motifs du rejet de cette proposition par la commission des lois du sénat. La promesse d’Emmanuel Macron consistant à créer une police de sécurité du quotidien (PSQ) pourrait faire consensus, toutefois ce dispositif n’a pas été financé dans le budget pour 2018 (Lire notre article).

Débats tendus au Sénat

Éliane Assassi accuse un sénateur LR de faire des « amalgames intolérables »
02:09

Au cours de cette discussion une phrase a mis le feu aux poudres. Les mots de François Grosdidier retranscrits dans son rapport ont indigné la sénatrice. « Ainsi vous dîtes, je vous cite encore : "Il y a quinze jours encore, j’étais maire de Woippy dont plus de la moitié de la population est de confession musulmane. Je connais ce sujet." Monsieur Grosdidier comment savez-vous que plus de la moitié de cette commune est musulmane ? » s’est-elle agacée. Avant de dénoncer des « amalgames intolérables. » À la tribune le sénateur LR accuse Éliane Assassi de détourner ses propos (voir le tweet ci-dessous).

La présidente du groupe communiste et François Grosdidier (LR) se sont ensuite écharpés sur le bien-fondé du retour de la police de proximité. Le sénateur LR a reproché à sa consœur de focaliser sa réflexion sur « les bavures policières. » En outre, il pointe les « difficultés constitutionnelles » de cette proposition de loi.

« La médiatisation récente de certains faits de violences policières alimente l’image d’une police qui ne serait plus au service des concitoyens » déplore François Grosdidier.   

Police de proximité : « Les outrages et violences contre les agents sont quotidiens » regrettent François Grosdidier (LR)
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La sénatrice communiste, elle, dénonce « l’opposition idéologique » de la droite sénatoriale. « Les politiques gouvernementales menées depuis 2002 basées sur le tout répressif se sont toutes révélées contre productives » déplore Éliane Assassi. La sénatrice estime que ces politiques ont « contribué à distendre le lien de confiance entre la population et les forces de l’ordre. » Rejoignant François Grosdidier sur le manque de moyens des forces de l’ordre, Éliane Assassi dénonce les « conditions de travail  détériorées » de la police et de la gendarmerie. Se défendant de toutes positions dogmatiques, elle plaide pour une police de proximité qui « prévient, qui dissuade et qui réprime. »  

Police de proximité : 20 ans de débat

La « pol prox » comme on l’appelle, est une police instaurée par Jean-Pierre Chevènement en 1997 et supprimée par Nicolas Sarkozy en 2003. Contrairement à d’autres unités, la police de proximité devait axer ses actions sur la prévention de la délinquance et non plus exclusivement sur la répression. « La police n'est pas là pour organiser des matchs de rugby dans les quartiers mais pour arrêter les délinquants ! » avait tranché Nicolas Sarkozy en 2003.

Gérard Collomb a lancé une grande concertation sur la police de sécurité du quotidien en octobre dernier. Emmanuel Macron a lui annoncé que des expérimentations seraient menées dès 2018 dans les milieux prioritaires.

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