Passe sanitaire : le Sénat assouplit encore son application
Lors de l’examen du projet de loi « vigilance sanitaire », le Sénat a ramené la possibilité de recourir au passe sanitaire au 28 février contre le 31 juillet dans la version initiale. Mais surtout, l’article 1 tel qu’adopté ce jeudi, permettrait à l’ensemble des départements de Métropole de ne plus avoir recours au passe sanitaire à la mi-novembre.

Passe sanitaire : le Sénat assouplit encore son application

Lors de l’examen du projet de loi « vigilance sanitaire », le Sénat a ramené la possibilité de recourir au passe sanitaire au 28 février contre le 31 juillet dans la version initiale. Mais surtout, l’article 1 tel qu’adopté ce jeudi, permettrait à l’ensemble des départements de Métropole de ne plus avoir recours au passe sanitaire à la mi-novembre.
Public Sénat

Temps de lecture :

4 min

Publié le

C’est un dialogue de sourds qui a opposé sénateurs et gouvernement à l’entame de l’examen de l’article 1 du projet de « loi vigilance sanitaire ». L’exécutif, « déterminé à maintenir comme horizon le mois de juillet 2022 », n’a convaincu ni la majorité de la droite et du centre ni la gauche du Sénat.

La sénatrice socialiste, Marie-Pierre de la Gontrie a résumé cet antagonisme : « Arrêtons de nous raconter des histoires. Pourquoi cette date (du 31 juillet) est proposée ? Parce que le président de la République qui n’est pas encore candidat, pense qu’il le sera avant la fin février et qu’il n’a aucune envie d’assumer un débat parlementaire sur la fin de la prolongation ou non de l’état d’urgence sanitaire ».

Attachée, depuis le début de l’épidémie, au contrôle du Parlement, la Haute assemblée avait largement modifié le texte en commission. Sous la houlette du rapporteur, le sénateur LR Philippe Bas, les sénateurs fixent au 28 février la prorogation du passe et refusent catégoriquement de donner « un blanc-seing » au gouvernement jusqu’en juillet 2022.

Sans succès, le groupe communiste et le sénateur RN Stéphane Ravier ont déposé des amendements de suppression du passe sanitaire dès le 15 novembre, date de la fin de sa mise en application sans nouveau texte. Également fervent opposant au passe, le sénateur centriste, Loïc Hervé s’est alarmé de « l’accoutumance des Français d’accepter ce contrôle social sur la base d’éléments sanitaires ».

« Je pense que le passe sanitaire rassure nos concitoyens »

« Moi qui vis aussi un peu dans les territoires, je pense que le passe sanitaire rassure nos concitoyens », a répondu le secrétaire d’Etat chargé de l’Enfance, Adrien Taquet qui a pris l’exemple du Danemark où le taux de contamination a repris après la suspension du passe sanitaire […] Êtes-vous prêts à prendre ce risque ? »

« Vous instrumentalisez cette loi pour faire du président de la République l’incarnation de la raison et son opposition l’incarnation du mal […] Nous discutions de la préservation de l’Etat de droit. La Constitution n’est pas abolie par l’épidémie. Ce que nous voulons ce sont des arguments juridiques, pas des arguments médicaux », s’est agacé le sénateur communiste, Pierre Ouzoulias.

« Compromis » entre LR et PS

Mais la majorité sénatoriale a profondément revu la copie du gouvernement en territorialisant le passe sanitaire. Pour qu’un département soit soumis au passe sanitaire, la commission des lois avait, à l’origine, fixé comme indicateurs un taux de vaccination contre la covid-19 inférieur à 75 % et un taux d’incidence élevé.

En séance publique, le groupe socialiste a présenté un amendement visant à porter le critère nécessaire à l’application du passe sanitaire de 75 % de la vaccination à 80 % de la population éligible à la vaccination. « Cela correspondra mi-novembre à la totalité des départements français (en métropole) », a souligné Marie-Pierre de la Gontrie.

Et si Philippe Bas s’était montré attaché au critère de 75 % « la moyenne nationale », il souhaitait surtout conserver le critère du taux d’incidence. C’est donc « un compromis » entre le groupe LR et PS qui a vu le jour après une suspension de séance de 50 minutes.

A la reprise, c’est le sénateur LR, Jérôme Bascher qui a sous-amendé la version des socialistes en ajoutant le critère du taux d’incidence élevé à ce nouveau taux de 80 % de la population éligible à la vaccination.

Contacté par publisenat.fr, Jérôme Bascher se félicite du compromis trouvé et indique que la version du Sénat conduirait seulement quelques départements, comme les Hautes-Alpes et l’Essonne à avoir recours au passe sanitaire à la mi-novembre.

 

Partager cet article

Dans la même thématique

Capture
5min

Politique

Accord du Mercosur : aubaine ou menace ?

Le 18 décembre, lors du Conseil européen à Bruxelles, les 27 devraient donner leur feu vert à l’accord commercial avec les pays du Mercosur. Prise en étau entre les droits de douanes américains et la Chine, l’Union européenne cherche de nouveaux débouchés pour son industrie et son agriculture. Mais certains pays, comme la France, craignent un dumping sur les prix et les normes environnementales. Alors l’accord avec le Mercosur est-il un bon deal pour l’UE ? « Ici l’Europe » ouvre le débat, avec les eurodéputés Saskia Bricmont (Les Verts/ALE, Belgique) et Charles Goerens (Renew, Luxembourg).

Le

Passe sanitaire : le Sénat assouplit encore son application
4min

Politique

« Il faut qu’autour des écoles, on n’ait pas de MacDo et de kebabs », déclare la sénatrice des Bouches-du-Rhône Brigitte Devésa

Le surpoids semble être la nouvelle épidémie du XXIè siècle. En France, près de la moitié de la population est concernée, constituant un véritable enjeu de santé publique. De quoi alerter le législateur qui entend renforcer les mesures de prévention et d’accompagnement sur le sujet. Axel De Tarlé reçoit la sénatrice Brigitte Devésa et le nutritionniste créateur du nutri-score Serge Hercberg pour en débattre dans l’émission Et la santé ça va ?.

Le

Passe sanitaire : le Sénat assouplit encore son application
5min

Politique

Budget de l’agriculture : le Sénat adopte des crédits en baisse, la gauche dénonce les coupes dans la transition écologique

Dans la nuit de vendredi à samedi, le Sénat a adopté les crédits de la mission agriculture du budget 2026. En prenant en compte les crédits européens, les dépenses fiscales et sociales, l’enveloppe allouée à l’agriculture s’élève à 25 milliards. Toutefois les crédits sont en baisse par rapport au dernier exercice effectivement exécuté en 2024. A gauche, les sénateurs ont dénoncé les fortes coupes dans la transition écologique.

Le

Passe sanitaire : le Sénat assouplit encore son application
2min

Politique

Dermatose des bovins : « Nous ne laisserons aucun éleveur seul », promet Annie Genevard

Alors que le Sénat examine les crédits de la mission agriculture du budget 2026, la ministre, Annie Genevard a assuré que l’Etat serait aux côtés des éleveurs de bovins touchés par la dermatose nodulaire contagieuse (DNC) et a réaffirmé la politique d’abattage de toutes les bêtes des foyers affectés et d’une vaccination élargie.

Le