Passe sanitaire prolongé : les sénateurs veulent plus de contrôle du Parlement
Les députés entament l’examen du projet de loi qui permet au gouvernement de recourir au passe sanitaire jusqu’au 31 juillet. Le texte, qui fait débat jusqu’au sein de la majorité LREM, a été modifié en commission. Les sénateurs demandent eux plus de contrôle du Parlement. Ils souhaitent ne prolonger le passe que de « trois ou quatre mois ».

Passe sanitaire prolongé : les sénateurs veulent plus de contrôle du Parlement

Les députés entament l’examen du projet de loi qui permet au gouvernement de recourir au passe sanitaire jusqu’au 31 juillet. Le texte, qui fait débat jusqu’au sein de la majorité LREM, a été modifié en commission. Les sénateurs demandent eux plus de contrôle du Parlement. Ils souhaitent ne prolonger le passe que de « trois ou quatre mois ».
Public Sénat

Par F.V. (avec AFP)

Temps de lecture :

5 min

Publié le

Mis à jour le

Le projet de loi prolongeant le passe sanitaire fait son arrivée à l’Assemblée nationale en séance ce mardi. Les débats seront à n’en pas douter animés. Selon la loi en vigueur, le passe sanitaire est prévu jusqu’au 15 novembre. Le texte du gouvernement prévoit de prolonger jusqu’au 31 juillet la possibilité d’y recourir.

Le projet de loi prévoit aussi de prolonger le régime de sortie de la crise sanitaire jusqu’au 31 juillet. En cas de reprise épidémique, il permet au gouvernement de prendre une série de mesures d’exception limitant les libertés individuelles ou celle d’aller et venir, comme le couvre-feu. Le gouvernement peut aussi décréter à nouveau l’état d’urgence sanitaire, qui permet d’instaurer un nouveau confinement. Le gouvernement présente ces dispositions comme une « boîte à outils » dans laquelle piocher, ou pas, selon l’évolution de l’épidémie.

Le texte durcit par ailleurs les sanctions en cas de fraude au passe sanitaire, jusqu’à cinq ans d’emprisonnement et 75.000 euros d’amende. Reste une question en suspens : la troisième dose de rappel du vaccin, recommandée pour les plus de 65 ans et les plus fragiles, pourra-t-elle être obligatoire pour conserver le passe sanitaire ? « C’est une possibilité », a indiqué mardi le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, sur RTL.

« Pas question de donner un blanc-seing » au gouvernement, prévient Gérard Larcher

Les débats s’annoncent tendus, alors que l’opposition au passe s’exprime dans la rue depuis l’été. Ces manifestations sont cependant en recul. Au Sénat, ce ne sera pas plus simple. Le président LR de la Haute assemblée, Gérard Larcher, a déjà prévenu qu’il n’était « pas question de donner un blanc-seing » à l’exécutif. Le sénateur LR Philippe Bas, qui a été rapporteur au Sénat des textes sanitaires, veut plus de contrôle du Parlement. S’il n’est pas opposé à une prolongation des dispositifs, celle-ci ne doit être que « brève » et non « pour une durée anormalement longue », a-t-il affirmé à publicsenat.fr.

« On peut consentir, après le 15 novembre, à la possibilité de recourir à des contraintes, mais seulement jusqu’à trois ou quatre mois de plus, et pas de manière aussi indifférenciée », demande Philippe Bas. « Ça veut dire qu’en février, nous devrons débattre à nouveau de la poursuite du processus de sortie de l’urgence », avait affirmé Gérard Larcher.

« Prendre en compte la situation épidémique locale »

Reste que la session parlementaire se termine cette année fin février, pour cause de campagne présidentielle. Le gouvernement pourrait cependant très bien reconvoquer les parlementaires. C’est possible, rappelle Philippe Bas : « Le fait qu’il y ait une élection présidentielle ne doit pas servir d’excuse pour éluder le contrôle parlementaire. Nous sommes là, et nous sommes prêts à prendre nos responsabilités depuis le début de la crise ».

Le sénateur de la Manche souhaite aussi « prendre en compte la situation épidémique locale ». Il s’agit donc de « territorialiser en définissant avec précision les conditions du recours aux mesures contraignantes ». Philippe Bas ajoute que « les contraintes exercées sur les personnes qui ont deux doses doivent être réduites, sauf situation exceptionnelle ».

Le président du groupe PS, Patrick Kanner, est tout aussi critique. « Nous dirons non ! », a-t-il affirmé à Public Sénat. A l’inverse, le sénateur centriste Loïc Hervé bataillera contre le passe. Depuis le début, il en est un fervent opposant.

Pour leur part, les sénateurs communistes « s’opposeront avec force à ce texte illégitime et dangereux pour notre démocratie », ont affirmé les sénateurs PCF par communiqué. « Il apparaît dangereux de laisser ces pouvoirs exorbitants du droit commun et qui emportent avec eux un certain nombre d’atteintes à nos libertés individuelles et collectives, à un futur gouvernement dont on peut craindre l’usage qu’il en fera », ajoute le groupe CRCE.

Les députés veulent plus de critères pour l’application du passe sanitaire

A l’Assemblée, plus de 380 amendements ont été déposés. « Ça va être tendu », pronostique le député LR Philippe Gosselin. « On ne peut pas s’asseoir sur la démocratie », fustige Pierre Dharréville, l’un des porte-parole du groupe communiste. « C’est le passe sanitaire à vie », a critiqué la députée et candidate du RN à la présidentielle Marine Le Pen mardi sur France 2.

Au sein même de LREM, certains députés expriment leurs doutes. Lors du passage du texte en commission des lois, le député LREM de Paris, Pacôme Rupin, opposant résolu au passe, a même réussi à faire adopter de justesse un amendement qui prévoit de circonscrire l’utilisation du passe sanitaire géographiquement et en fonction de l’évolution de l’épidémie. En séance, un autre amendement LREM devrait revenir sur cette modification. Mais il ne rétablit pas totalement la version d’origine du texte, proposant plus de critères pour l’application du passe sanitaire.

Légère hausse du nombre de cas et effet du non-remboursement des tests

Cette prolongation du passe sanitaire arrive au moment où l’épidémie repart très légèrement à la hausse, après une baisse continue depuis le mois d’août, grâce au vaccin, avant d’atteindre un niveau plancher vers le 10 octobre. On compte 4.640 cas en moyenne sur sept jours recensés lundi, soit +10 % en une semaine. Depuis trois jours, la courbe montre une stabilité, mais celle-ci pourrait être en trompe-l’œil est résulter de la fin du remboursement des tests pour les non-vaccinés, depuis le 15 octobre. Autrement dit, des cas positifs pourraient passer sous les radars, les personnes préférant ne pas se faire tester, plutôt que de payer.

 

Dans la même thématique

Passe sanitaire prolongé : les sénateurs veulent plus de contrôle du Parlement
3min

Politique

« Les politiques parlent des migrants comme si c’étaient tous des sauvages » s’insurge Louis Chedid

C’est un nom, une voix, des textes et des mélodies qui nous accompagnent depuis 50 ans. S’il chante l’amour, l’absence, et la mélancolie, parfois aux côtés de ses enfants, il reste d’abord un homme engagé contre les discours de haine. Auteur d' « Anne, ma sœur, Anne », ce descendant d’immigrés chrétiens libanais, réfugiés en Egypte, refuse que les populations immigrées soient caricaturées et instrumentalisées. Cette semaine, Louis Chedid est l’invité de Rebecca Fitoussi dans Un monde, un regard.

Le

Passe sanitaire prolongé : les sénateurs veulent plus de contrôle du Parlement
3min

Politique

Un an après la dissolution : « Les Français ont le sentiment que la France fait la planche » selon le politologue Brice Teinturier

Un an après la dissolution voulue par Emmanuel Macron, le paysage politique français semble avoir évolué vers un blocage institutionnel. A l’Assemblée, l’absence de majorité empêche les textes d’être votés. Pire, des motions permettent d’enjamber l’examen à l’Assemblée pour que le débat soit tranché en commission mixte paritaire. Comment la dissolution a-t-elle modifié le fonctionnement des institutions ? C’est la question à laquelle répondent les invités de Rebecca Fitoussi et Jean-Pierre Gratien dans cette émission spéciale sur la dissolution, un an après.

Le

Passe sanitaire prolongé : les sénateurs veulent plus de contrôle du Parlement
4min

Politique

Un an après la dissolution, Gérard Larcher estime que « c'est la présidentielle qui redonnera le nouveau souffle dont nous avons besoin »

Invité de Public Sénat ce vendredi 6 juin, le président du Sénat est longuement revenu sur la situation du pays. À ses yeux, seule la prochaine présidentielle permettra de mettre fin au blocage politique lié à la dissolution. Evoquant également l’urgence budgétaire, il estime que « l’année blanche est une piste sérieuse ».

Le