Patrick Kanner conserve la présidence du groupe socialiste au Sénat

Le sénateur du Nord remporte le scrutin interne qui l’opposait à Eric Kerrouche par 38 voix contre 25. « Le score est quand même très net », réagit Patrick Kanner, qui entend porter « un groupe PS rassemblé ». L’élection montre aussi que le soutien d’Olivier Faure à Erik Kerrouche n’aura pas suffi pour changer la donne.
François Vignal

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« Ça passe ». Patrick Kanner peut souffler, à la sortie de la réunion du groupe PS du Sénat. Arrivant dans le foyer de la Salle Clémenceau, où se réunissaient les 64 élus socialistes, le sénateur du Nord, réélu dimanche, lâche un sourire. Si tout a été refait du sol au plafond – la traditionnelle moquette a disparu pour laisser la place à un terrazzo – le premier groupe de gauche ne connaîtra pas de changement. Patrick Kanner est réélu par 38 voix, contre 25 pour Eric Kerrouche, sénateur des Landes, et 1 vote nul. Les sénateurs PS se sont montrés, dans leur majorité, « légitimistes », comme dit un membre du groupe.

« J’ai senti un groupe très uni. Il a voté. Il me redonne sa confiance. Pour moi, c’est très important. C’est aussi la reconnaissance d’un travail de 6 ans », réagit Patrick Kanner, qui continue : « Je crois que le score est quand même très net, en ma faveur. Mais je n’en fais pas un élément de gloriole. Mon premier message, c’était de dire, tu as présenté un programme, j’en ai présenté un. Regardons ce qui est compatible, ce qui va fonctionner ensemble, et nous porterons cette feuille de route au nom d’un groupe PS rassemblé » (voir la première vidéo, images de Cécile Sixou).

« Mes collègues ont préféré la continuité a la volonté d’alternance que je portais », réagit Eric Kerrouche

Alors qu’Eric Kerrouche reprochait un manque de lien avec le groupe de l’Assemblée et le parti, Patrick Kanner semble vouloir faire des efforts sur ce point : « C’est un groupe puissant, un groupe qui va travailler avec nos collègues de l’Assemblée, en lien bien sûr, avec le Parti socialiste », assure l’ancien ministre de François Hollande, qui en 2018, l’avait à l’époque remporté face à Laurence Rossignol.

Eric Kerrouche, qui était soutenu par le premier secrétaire du PS, Olivier Faure – ce dernier a même décroché son téléphone pour appeler quelques sénateurs – ne cachait pas sa déception à la sortie. « Ça ne fait jamais plaisir de perdre une élection, c’est une évidence. Ceci étant, je tiens d’abord à féliciter Patrick Kanner. A priori, mes collègues ont préféré la continuité a la volonté d’alternance que je portais », affirme le sénateur des Landes, réélu lui aussi dimanche. Il entend malgré tout « continuer à travailler ensemble au sein du groupe ». Mais il l’avoue : « On a toujours l’espoir de faire un petit peu plus ». Regardez :

« Je pense qu’il y a des choses qu’on n’a pas vu venir pendant cette élection », souligne Rémi Cardon

Et visiblement, il y a eu un peu de pertes en ligne. « Si on en croit les relations qu’on a pu avoir avec les uns et les autres ces derniers temps, il y a un petit écart, par rapport à ce qui était prévu. […] Je pense qu’il y a des choses qu’on n’a pas vu venir pendant cette élection » lâche après le scrutin Rémi Cardon, sénateur de la Somme, qui soutenait Eric Kerrouche. Il faut peut-être regarder du côté de la « TO1 », c’est-à-dire ceux qui avaient soutenu lors du congrès Hélène Goeffroy, qui était clairement opposée à la Nupes. « Moi et mes amis avons fait un choix à un moment donné, et voilà », lâche en filant Rachid Temal, dont le nom était évoqué un moment pour se présenter, et qui avait soutenu la maire de Vaulx en Velin. Quel choix ? « Lisez la presse de ce matin. Certains disent qu’on est faiseur de roi, je crois… » Ce serait donc la logique politique, qui aurait prévalu. Patrick Kanner n’est pas non plus un grand partisan de la Nupes, encore moins de LFI.

Même si les deux candidats assuraient le contraire, le scrutin avait un petit goût de revival du congrès du PS de Marseille. Patrick Kanner a soutenu le maire de Rouen, Nicolas Mayer Rossignol, quand Eric Kerrouche avait voté Olivier Faure. Un soutien du sénateur du Nord remarque qu’avec 25 voix, la ligne proche de la direction n’a pas réussi à aller chercher au-delà. « L’écart est plus grand qu’attendu », glisse ce sénateur. On connaît ainsi précisément le poids de la direction dans le groupe. Elle reste minoritaire, malgré l’arrivée de nouveaux élus qui lui sont proches.

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