Reçus par Michel Barnier, les responsables communistes ont rappelé au nouveau Premier ministre leurs lignes rouges, alors que la majorité des membres du Nouveau Front populaire annonce déjà vouloir censurer le futur gouvernement. Interrogée par Public Sénat, Cécile Cukierman, présidente du groupe communiste au Sénat, reconnaît néanmoins des « diagnostics partagés » avec le nouveau locataire de Matignon sur la situation du pays.
Patrick Kanner : « Le coup de maître de Mélenchon, c’est qu’il a transformé un vote ponctuel en point de gravité de toute la gauche »
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On a connu Patrick Kanner plus enthousiaste. Le président du groupe socialiste au Sénat respecte le fonctionnement de son parti, et notamment le vote du Conseil national, « le Parlement du PS », qui « [l]’engage. » Pour autant, on sent bien que Patrick Kanner ne sera pas aux premières lignes pour défendre les autres candidats de la Nouvelle Union Populaire Ecologique (NUPES) : « Cet accord n’a de sens que s’il y a une majorité de gauche qui se prépare pour la prochaine législature, et cela va être compliqué. En priorité, je suis socialiste, j’ai 70 candidats. Je fais mon boulot, après si d’autres candidats veulent mon soutien … comme M. Quatennens, puisque je suis citoyen de sa circonscription dans le Nord à Lille. On verra s’il le demande, mais je ne ne suis pas certain qu’il veuille du soutien d’un ancien ministre de François Hollande, alors que son quinquennat est assez critiqué dans l’accord. »
« Quand on passe de 360 candidats en 2017 et 70 en 2022, la frustration est énorme »
Sur le fond, l’ancien ministre de la Ville, de la Jeunesse et des Sports de François Hollande est mitigé. Et ce n’est pas la répartition des circonscriptions qui va le rassurer : « Historiquement, le fait que nous soyons absents de 41 départements métropolitains, c’est une vraie problématique. Certains diront que la bouteille est à moitié pleine et que l’on a sauvé la possibilité d’avoir un groupe à l’Assemblée, et d’autres vont vous dire que c’est un effort surhumain qui a été accepté au regard de notre implantation locale. » En Occitanie, notamment, l’accord a du mal à passer : « Carole Delga a aujourd’hui une problématique très spécifique, avec 6 circonscriptions réservées pour une région qui en compte 49. L’Hérault est un département de gauche, avec de très nombreuses villes socialistes – nous avons par exemple repris Montpellier, avec 8 circonscriptions – et aucune réservée aux socialistes. Il y a un problème, quand on passe de 360 candidats en 2017 et 70 en 2022, la frustration est énorme. »
Un autre cas fait du bruit dans l’accord entre le PS et LFI, c’est la 15ème circonscription de Paris : « S’il y a une candidature dissidente que j’irai soutenir mordicus, c’est celle de Lamia El-Aaraje, parce que sa circonscription n’était pas vacante. Elle l’était juridiquement pour des raisons qui n’avaient rien à voir avec elle. Les négociateurs socialistes nous disaient que l’on ne pouvait pas faire capoter un accord pour une circonscription, certes, mais en politique il y a aussi de l’honneur. Toutes les dissidences n’ont pas le même statut, mais les frustrations territoriales sont nombreuses. »
Congrès du PS : « Cette fois-ci ce sont les militants qui trancheront »
Patrick Kanner reconnaît « le coup de maître » de Jean-Luc Mélenchon et de la France Insoumise, qui a « transformé un vote ponctuel, circonscrit dans le temps, en point de gravité de toute la gauche. Le totem de l’Union, demandé par les électeurs, a tout emporté. » Maintenant, le président du groupe socialiste au Sénat attend pour savoir cet accord permettra la renaissance du Parti socialiste, ou au contraire sa descente aux enfers : « C’est l’avenir qui nous le dira. On a un groupe préservé grâce à l’accord, c’est une bonne nouvelle. Mais ce groupe sera cloisonné. On ne nous permet pas de prospérer, on est dans un enclos. » Et « l’avenir » au Parti socialiste, c’est notamment un congrès : « Il y aura un congrès et il y aura peut-être deux lignes : l’une plus radicale proche de LFI, qui fait craindre une vassalisation, et une ligne qui dit que cet accord est mauvais. Ce sont0 les militants qui, cette fois-ci, trancheront. »