Plusieurs fois préfet, fin connaisseur de la Corse, le haut fonctionnaire Patrick Strzoda, 66 ans, est un spécialiste des dossiers délicats qui se retrouve aux premières lignes de l'affaire Benalla.
Directeur de cabinet d'Emmanuel Macron, Patrick Strzoda -- prononcer +Stroda+, lui-même le signale régulièrement à ses interlocuteurs -- a été entendu jeudi comme témoin dans l'enquête préliminaire sur des violences commises par l'ex-collaborateur du président.
C'est lui, a-t-il dit au Monde, qui a autorisé Alexandre Benalla à participer comme observateur, côté police, à la manifestation du 1er mai. Lui encore qui l'a sanctionné d'une suspension temporaire du 4 au 19 mai et a prévenu des faits le président Macron, alors en Australie.
Qualifié par des commentaires de presse de "fusible idéal", M. Strzoda doit faire valoir ses droits à la retraite à compter du 6 octobre 2018, selon le journal officiel du 6 juillet.
Né le 5 janvier 1952 dans le Haut-Rhin, énarque et ancien étudiant d'anglais et de droit, M. Strzoda a mené une carrière classique de sous-préfet puis de préfet, hormis une incursion dans l'organisation des jeux Olympiques d'Albertville.
Après un passage dans les Hauts-de-Seine, il est nommé de mars 2011 à juin 2013 préfet de Corse, avant de rejoindre le continent comme préfet de la région Bretagne et préfet de la zone de défense et de sécurité Ouest jusqu'en mai 2016.
Il a ensuite dirigé le cabinet de Bernard Cazeneuve, ministre de l'Intérieur puis Premier ministre. Nommé préfet de Région d'Ile-de-France, un poste qu'il n'occupera pas, il rejoint l'Elysée le 14 mai 2017.
"C'était un remarquable directeur de cabinet", d'une "grande droiture", un "grand préfet", a déclaré Bernard Cazeneuve à l'AFP, sans souhaiter en dire davantage.
"C'est quelqu'un qui m'a toujours paru un grand préfet, extrêmement rigoureux, précis, avec beaucoup de sang-froid", selon l'ancien ministre socialiste Michel Sapin, certain que l'ancien préfet est "prêt à assumer ses responsabilités", même s'il note qu'un fusible, "c'est juste un point de passage".
Pour Christian Troadec, maire (gauche régionaliste) de Carhaix-Plouguer (Finistère) et l'un des porte-parole des "Bonnets Rouges" en révolte contre l'écotaxe, "l'homme a toujours eu un comportement correct avec les élus comme moi".
"Il n'était que la courroie de transmission des ordres de Paris, qui avait décidé d'avoir la main ferme, et il a eu la main ferme", dit-il en rappelant les manifestations violentes dont celle du Pont-de-Buis où un manifestant a eu la main arrachée.