Pauvreté : « Le train de la relance doit s’arrêter à la gare des quartiers populaires », demande le maire de Grigny
Auditionné au Sénat par la mission d’information du Sénat sur la lutte contre la paupérisation, le maire de Grigny (Essonne), Philippe Rio évoque une « augmentation de 30 à 40 % des demandes auprès des associations caritatives pour l’aide alimentaire ».

Pauvreté : « Le train de la relance doit s’arrêter à la gare des quartiers populaires », demande le maire de Grigny

Auditionné au Sénat par la mission d’information du Sénat sur la lutte contre la paupérisation, le maire de Grigny (Essonne), Philippe Rio évoque une « augmentation de 30 à 40 % des demandes auprès des associations caritatives pour l’aide alimentaire ».
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Le 14 novembre dernier, avec une centaine d’élus de droite comme de gauche, Philippe Rio, maire de Grigny, avait lancé « un appel au secours » au président de la République utilisant l’expression de « non-assistance à territoire en danger », suite à la crise sanitaire due au covid-19.

Devant la mission d’information du Sénat sur la lutte contre la paupérisation, le maire de la commune la plus pauvre de France (selon l’Observatoire des inégalités, où 45 % de la population vit sous le seuil de pauvreté) demande à ce que « le train de la relance puisse s’arrêter à la gare des quartiers populaires ».

Lors du 1er confinement, le maire de Grigny a indiqué « avoir très rapidement constaté une augmentation des impayés » de loyers, mais aussi « une explosion des impayés de charges de chauffage et d’eau qui sont sous gestion publique ». « Entre mars 2020 et décembre 2020 (il y a eu) plus de 100 % d’impayés de chauffage et d’eau » a-t-il commenté.

D’autres chiffres ont été relevés par les communes signataires de l’appel. « L’augmentation du RSA, plus 20 % […] une augmentation de 30 à 40 % des demandes auprès des associations caritatives pour l’aide alimentaire » […] A Grigny, nous avons distribué jusqu’à 1 200 colis alimentaires par semaine » […] une augmentation de 30 à 40 % de demandes auprès des associations caritatives pour l’aide alimentaire » par rapport au reste du pays, a listé Philipe Rio avant de rappeler : « L’accélération de la misère est un terreau au décrochage républicain […] C’était le sens de notre interpellation le 14 novembre ».

Depuis un an, « de nouveaux arrivants dans nos centres d’action sociaux, dans les associations caritatives, continuent d’affluer », alerte Philippe Rio.

La méthode du « ruissellement » en question

Pour mémoire, le 29 janvier dernier, le Premier ministre avait confirmé qu’1 % du plan de relance de 100 milliards d’euros, soit 1,1 milliard d’euros sera consacré aux quartiers prioritaires. Une enveloppe supplémentaire de deux milliards d’euros pour l’Agence nationale pour la rénovation urbaine (ANRU) est également prévue. « Au total, ce sont 3,3 milliards de financements supplémentaires à leur destination », avait précisé le Premier ministre.

Philippe Rio continue de se poser des questions sur cette méthode dite du « ruissellement ». « Entre l’annonce et la mise en pratique sur le territoire, c’est extrêmement compliqué ». « Nous avions porté l’idée d’un conseil national des solutions […] qui peuvent être support d’expérimentation nationale, c’est-à-dire d’aller dans l’autre sens », a-t-il fait valoir.

« A Grigny, nous ne sommes pas contentés d’interpeller sur les crédits de la politique de la Ville […] ce qui nous paraît important c’est de territorialiser la prévention et la lutte contre la pauvreté » a-t-il souligné évoquant l’expérimentation localement de « 21 solutions » comme la généralisation des petits-déjeuners dans les maternelles, l’augmentation des places de crèches, la garantie jeune…

« Si on met les pauvres chez les pauvres, ce sera très difficile de s’en sortir »

Enfin, en ce qui concerne la loi SRU qui fixe les obligations des collectivités territoriales en matière de construction de logements sociaux jusqu’en 2025, Philippe Rio estime que « le vrai sujet concerne la politique d’attribution des logements sociaux ». Des règles qui pourraient être amenées à changer dans le cadre de la future loi 4D. « Il y a des territoires qui ont la particularité d’avoir du logement très social. Automatiquement, quand on a des publics en difficulté, on les met dedans et c’est sans fin, Grigny est un exemple terrible pour ça […] Il nous faut une révolution sur ce sujet-là. On propose par exemple que les villes qui ne respectent pas la loi SRU, prennent les publics les plus en difficulté car ils seront dans un contexte plus facile pour s’en sortir. Si on met les pauvres chez les pauvres, ce sera très difficile de s’en sortir » souligne-t-il.

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