Pêche post-Brexit : « Les Britanniques se foutent de nous ! » tempête Alain Cadec

Pêche post-Brexit : « Les Britanniques se foutent de nous ! » tempête Alain Cadec

Tandis que les pêcheurs français ont organisé, ce jeudi, un mouvement de contestation pour protester contre les nouvelles conditions de pêche instaurées par les autorités britanniques, les sénateurs des régions littorales estiment qu’un équilibre doit être trouvé rapidement pour permettre aux pêcheurs français et ceux de Jersey de continuer à vivre de leur activité.
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La situation est sous tension dans les eaux jersiaises. Le ton monte, depuis le début de semaine, entre Paris et Londres, à propos de l’un des sujets sensibles du post-Brexit, celui de la pêche. Ce mercredi, à l’occasion de la séance hebdomadaire de questions d’actualité au gouvernement, la sénatrice de la Manche Béatrice Gosselin a interpellé le gouvernement au sujet des nouvelles conditions de pêche imposées aux marins français après le Brexit. « La France n’accepte pas cette décision unilatérale britannique », a assuré Franck Riester, ministre chargé du Commerce extérieur et de l’Attractivité. « Ces licences de pêche, prises sans concertation, sans consultation, sans explication, et qui créent des conditions, des jours de pêche en mer, c’est inacceptable, c’est contraire à l’accord de commerce et de coopération », a-t-il ajouté.

Pêche : les conditions fixées par Jersey sont « inacceptables », selon Franck Riester
04:25

Ce jeudi, sous la surveillance de deux navires de la Royal Navy, des dizaines de bateaux de pêche français ont convergé jeudi matin devant le port de la capitale de l’île de Jersey, pour protester contre ces nouvelles mesures. « En tant qu’ancien président de la commission de la Pêche au Parlement européen, je ne peux que soutenir les pêcheurs français », réagit le sénateur des Côtes-d’Armor Alain Cadec. « Les Britanniques utilisent le Brexit comme prétexte pour limiter le nombre de licences et tout faire pour compliquer la vie des pêcheurs français, c’est inacceptable. La France doit mettre tout son poids dans la balance ! Il y a un accord qui s’applique à tout le monde et à toutes les eaux territoriales britanniques, il doit être respecté », s’insurge le sénateur.

« Il faut que Jersey revienne à de meilleures dispositions »

Car depuis une vingtaine d’années, ce sont les accords de Grandville qui fixent le cadre de pêche du secteur et donnent accès aux eaux jersiaises aux pêcheurs français. « Sur le plan des accords politiques entre l’Union européenne et la Grande-Bretagne, nous pensions que les droits de pêche de notre flottille étaient garantis », assure le sénateur de la Manche Philippe Bas. « Mais le diable est toujours dans les détails et les autorités jersiaises ont voulu s’assurer qu’il n’y aurait pas d’invasion de pêcheurs du continent en demandant un dossier pour prouver l’antériorité des droits. C’est là que le bât blesse car ils se montrent extrêmement tatillons pour reconnaître la preuve de l’antériorité des droits. On se retrouve avec une partie des pêcheurs écartée et l’autre assujettie à des conditions drastiques. » Préoccupé par le sujet, Philippe Bas a adressé une lettre au commissaire européen en charge de la pêche, et une autre à la ministre de la Mer pour qu’ils se saisissent de la question.

Du côté des pêcheurs, les voix s’élèvent contre les autorités jersiaises. « Ces conditions sont inacceptables sur le fond et sur la forme, parce qu’elles ne respectent pas le cadre de l’accord avec le Royaume-Uni qui a pour but d’avoir une bonne gestion de la ressource de manière concertée », tempête le Comité National des Pêches Maritimes et des Élevages Marins. « C’était la provocation de trop du côté de Jersey. Nous avons un fort soutien du gouvernement et de la Commission européenne. Le message est clair : il faut désormais que cela se calme et que Jersey revienne à de meilleures dispositions. »

« Les Britanniques se foutent de nous »

« C’est inacceptable, les Britanniques se foutent de nous ! », s’emporte Alain Cadec, qui rappelle qu’une grande partie des pêches des pêcheurs britanniques sont vendues sur les marchés du continent. « L’entente était jusque-là excellente, puisque les pêcheurs jersiais revendaient la majeure partie de leur pêche à la criée de Grandville », rappelle pour sa part Philippe Bas. « Ils dépendent donc aussi d’un service essentiel pour assurer leurs propres revenus. Il y a une conjonction d’intérêts qui jusque-là n’a pas soulevé de difficulté. »

Les sénateurs soupçonnent dès lors le gouvernement britannique d’instrumentaliser la situation.  « C’est une surprise de la part des Jersiais », concède Alain Cadec. « Car il y a toujours eu de bonnes relations entre la France et les îles anglo-normandes et là je pense que c’est Londres qui pousse derrière, Jersey est instrumentalisée par Londres et Boris Johnson. » Pour autant, Philippe Bas espère voir la situation se résoudre au plus vite, car il rappelle que la pêche fait vivre plus de 2000 personnes dans le département. « Une issue doit être trouvée rapidement, et on ne doit pas se servir du Brexit pour remettre en cause l’exercice de droits qui sont traditionnels et ne soulèvent pas de contradiction majeure. C’est un équilibre à trouver », conclut le sénateur de la Manche.

 

 

 

 

 

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