Valérie Pécresse vient « mobiliser » les sénateurs LR, alors que « le moral n’est pas au beau fixe »
A la peine dans les sondages, la candidate LR est venue remobiliser les troupes. Elle dénonce toujours le refus du chef de l’Etat de la confrontation. En voulant « échapper au débat », Valérie Pécresse reproche à Emmanuel Macron d’avoir « peur de répondre aux vraies questions ». Si les sénateurs sont derrière elle, certains ne cachent plus leurs doutes…
Mobiliser les troupes. Pour ne pas dire regonfler leur moral. « Haut les cœurs ! » comme a dit en réunion de groupe le patron des sénateurs LR, Bruno Retailleau, selon des participants. A un peu moins d’un mois du premier tour de la présidentielle, Valérie Pécresse est venue devant les parlementaires LR. Après les députés, la candidate s’est rendue ce mardi matin devant la réunion de groupe ses sénateurs LR.
« Notre force, c’est un réseau de militants, dans chaque département »
A la sortie, la prestation semble réussie. Les parlementaires sortent plutôt requinqués. « Elle est combative et nous sommes combatifs autour d’elle », se réjouit le sénateur LR de l’Oise, Jérôme Bascher. « C’était un discours pour nous mobiliser », raconte un sénateur. « Rien n’est joué, il nous reste trois semaines et demie pour que les Français rentrent véritablement en campagne » dit un autre.
Dans cette dernière ligne droite, les relais locaux que sont les élus doivent jouer un rôle. Et LR en compte encore beaucoup. « Notre force, c’est un réseau de militants, dans chaque département, chaque canton, il y a un travail qui est fait », assure le sénateur LR Philippe Mouiller, président de l’association de financement de la campagne. « On regarde les sondages. On est conscient de la difficulté », ajoute le sénateur des Deux-Sèvres, mais « c’est l’occasion ou jamais de se mobiliser ».
Pécresse : « On a le sentiment qu’Emmanuel Macron court après la droite et après ses idées »
Sur le papier, la candidate est à la peine dans les sondages, au point de se retrouver dans certains à la cinquième place, à 11 %, derrière Jean-Luc Mélenchon. Mais après trois quarts d’heures d’échanges, elle affiche malgré tout sa volonté. Son sourire habituel s’affiche, un peu mécaniquement. « J’ai une équipe formidable dans les territoires. C’est cette droite des territoires qui a vraiment envie de gagner, qui a envie que ses propositions soient représentées à la tête du pays et qui ne croit pas un seul instant qu’Emmanuel Macron fera dans un prochain quinquennat le contraire de ce qu’il a fait dans celui-ci. Il y a eu tout un échange sur les revirements et les contrevérités échangés pendant le débat, notamment sur le nucléaire et la réforme des retraites », soutient à la sortie, auprès de Public Sénat, Valérie Pécresse (voir la première vidéo).
Reste la difficulté à faire entendre sa voix. Le refus d’Emmanuel Macron d’un débat avant le premier tour n’aide pas. Ce n’est pas l’émission de TF1 la veille, où les candidats se sont suivis comme on enfile les perles qui va changer la donne. Alors la droite attaque sur ce point depuis plusieurs des jours.
« S’il n’y a pas de campagne, la question de la légitimité du gagnant se posera » va jusqu’à affirmer au Figaro le président LR du Sénat, Gérard Larcher, un proche de la candidate. Partage-t-elle ses propos ? « Le problème, c’est qu’effectivement, quand on veut échapper au débat, on a peur de répondre aux vraies questions. Les vraies questions, c’est pourquoi Emmanuel Macron a désarmé la France en matière énergétique ? Pourquoi il a désarmé en matière agricole en acceptant le programme de la ferme à la fourchette, qui organise la décroissance agricole ? Pourquoi aujourd’hui ce sont les Allemands qui annoncent 100 milliards d’euros de plus pour leur défense et pas la France ? », demande Valérie Pécresse, « donc on a le sentiment qu’Emmanuel Macron court après la droite et après ses idées. Donc nous allons continuer à proposer un vrai projet de transformation de la France, pour la rendre plus forte ».
« C’est la dernière ligne droite, un nouveau départ, une nouvelle fois dans cette campagne »
Pour le sénateur LR Stéphane Le Rudulier, « c’est la dernière ligne droite, un nouveau départ, une nouvelle fois dans cette campagne, et il est bon d’avoir un échange avec les parlementaires », salue l’« orateur » de la candidate en PACA (voir la vidéo ci-dessous). Un nouveau départ pour une dernière chance. Mais encore faut-il trouver un adversaire qui ne fait pas de l’anti jeu. « Je partage clairement ce qu’a dit le président du Sénat. J’irais même plus loin. Il y a un risque d’explosion sociale beaucoup plus fort que ce qu’on a connu au travers de la crise des gilets jaunes », affirme Stéphane Le Rudulier, qui ajoute :
Si le choix ne se fait pas, on peut remettre en cause la légitimité du candidat élu et derrière c’est l’explosion sociale.
Sa collègue des Bouches-du-Rhône, Valérie Boyer, enchaîne sur le même thème : « On a eu une élection présidentielle en 2017 sans débat démocratique. C’était même un hold-up démocratique. On en savait plus sur le costume de Fillon que sur le programme de Macron », lance la sénatrice, qui pointe « un Président élu avec une légitimité quand même curieuse ». Aujourd’hui, « priver les Français de débat, c’est avoir les gilets jaunes le lendemain de son élection », met en garde Valérie Boyer.
Mais à mettre en cause, par avance, la légitimité de l’éventuelle réélection d’Emmanuel Macron, la droite ne joue-t-elle pas un jeu dangereux, en soufflant sur les braises ? S’il dénonce aussi l’absence de débat entre candidats, le sénateur LR François-Noël Buffet n’emploie pas les mêmes mots. « J’adore mon président, mais je serais peut-être un peu plus modéré sur le sujet. La légitimité viendra des urnes. Mais il a raison, il faut que le débat se fasse » et pouvoir « confronter les programmes ». Regardez :
« C’est moins la légitimité que la nécessité du débat », ajoute le président de la commission des lois, qui lui aussi reste positif. Rappelant que les sondages se sont souvent « révélés pas justes » avant le scrutin, il pense que « tant que les gens n’ont pas voté, la campagne doit être menée jusqu’au bout ».
« C’est la personne qui est en cause. La communication n’est pas bonne »
Reste que sous couvert d’anonymat, les langues se délient. C’est un tout autre discours. La parole est moins vaillante, et les doutes avoués. Pour certains, c’est la faute aux médias. « L’émission d’hier, c’était pour le Président. On lui sert tout sur un plateau ! Les médias ont choisi leur camp et Valérie a du mal à se faire entendre », s’indigne un sénateur. Un autre pointe le contexte international. Les choses ne devaient pas se passer comme ça. « Fin février, on devait attaquer Macron sur son bilan. On avait une séquence et patatras, c’est la guerre. Ça nous a cassé notre stratégie », raconte un parlementaire LR. L’équipe se retrouve face à la difficulté d’imprimer face au drame ukrainien :
On pédale un peu dans le vide.
« La guerre a mis le bazar. Les gens ont peur de se prendre une bombe sur la gueule, donc il y a une forme de repli. Et c’est Macron qui est à la manœuvre », constate un troisième. Mais ce dernier pointe aussi un problème avec la candidate. « Ce n’est pas tellement le fond qui pose problème. C’est la personne qui est en cause. La communication n’est pas bonne », lâche cet élu, qui ajoute : « Il n’y a pas d’empathie avec Pécresse. Sarkozy ou Hollande aiment les gens. Une campagne, c’est de l’affectif. Il y a toujours du charnel ».
« Erreurs de stratégie »
Quant au « meeting du Zénith, ça a fait un mal monstrueux. Elle le traîne », ajoute le même. Toujours sur ce meeting raté, un autre sénateur pointe des « erreurs de stratégie. Quand vous répétez le discours la veille jusqu’à 21h30, votre voix est cassée et vous ne pouvez pas être en forme le lendemain ». Il ajoute : « Tout a été fait pour qu’elle se plante »…
« C’est très compliqué. Le moral n’est pas au beau fixe, car rien ne se passe comme prévu », avoue ce sénateur. Mais certains veulent encore y croire. « Evidemment, les sondages montrent qu’on n’est pas à 30 %. Mais il reste un mois de campagne et tout va très vite. Un mot de travers, une guerre, le covid qui reprend… On verra bien » soupire un sénateur du groupe, qui compte essentiellement sur le facteur chance pour relever une campagne qui ne prend pas. Faîtes vos jeux, rien ne va plus.
Alors que la Nupes s’est décomposée durant les dernières semaines, Jean-Luc Mélenchon a acté, samedi 2 décembre, la fin de la Nupes. Cet été, l’idée d’une liste commune entre les partis de la Nupes pour les élections européennes de juin 2024 avait déjà commencé à fracturer l’alliance, en particulier chez les écologistes. En juillet 2023, le parti de Marine Tondelier, habitué aux bons résultats lors des scrutins européens, désigne Marie Toussaint tête de liste pour les élections européennes. « La réparation est l’un des objectifs de l’écologie politique, le meeting a duré trois heures, c’était très dense » Si les écologistes rejettent l’idée d’une liste commune à gauche, la députée européenne Marie Toussaint plaide pour « un pacte de non-agression à gauche ». Pour rappel, une liste ne peut élire des députés au Parlement européen uniquement si elle dépasse un seuil de 5 %. « Je pense que l’on a des combats essentiels à mener, c’est ce qui doit concentrer toute notre attention », juge Marie Toussaint qui estime que le combat doit être mené contre les partis nationalistes qui continuent de progresser au sein de l’Union européenne. En proposant ce pacte de non-agression, Marie Toussaint rappelle qu’elle souhaite orienter sa campagne autour de « la douceur ». Une approche qui suscite l’étonnement, ou l’incompréhension, notamment après le meeting de lancement de la campagne. Ce 2 décembre, la tête de liste écologiste avait convié un groupe de danseuses pratiquant la « booty-therapy », une danse permettant de « s’assumer ». « La réparation est l’un des objectifs de l’écologie politique, le meeting a duré trois heures, c’était très dense », justifie Marie Toussaint qui assume vouloir mener une campagne « sensible ». « La douceur, dans un monde meurtri par la violence politique et sociale, est un horizon de sauvegarde, c’est un objet de combativité », développe Marie Toussaint pour laquelle cette approche peut être payante. « Il faut sortir les lobbys des institutions, il faut une législation de séparation des lobbys des institutions européennes » Alors que les négociations de la COP 28 se déroulent actuellement à Dubaï avec un nombre record de lobbyistes présents. Selon Marie Toussaint, que cela soit durant les négociations internationales ou au sein des institutions européennes, les lobbys, notamment pétroliers, doivent être écartés des espaces de discussions. « Il faut sortir les lobbys des institutions, il faut une législation de séparation des lobbys des institutions européennes », développe Marie Toussaint alors que les groupes d’intérêts occupent une place importante dans le processus législatif européen. Outre le lobby des énergies fossiles, la tête de liste écologiste prend également pour cible la fédération des chasseurs et son président Willy Schraen qui mènera une liste aux élections européennes. Accusée par ce dernier de prôner une écologie déconnectée, Marie Toussaint a, de nouveau, proposé d’organiser un débat avec Willy Schraen afin de « vérifier qui est du côté de l’agro-industrie et qui est du côté des paysans ». Marie Toussaint fustige notamment l’hypocrisie du patron des chasseurs considérant que ce dernier défend « une vision de l’agriculture sans paysans ».
Coup dur pour le groupe LR du Sénat. Sa proposition de loi constitutionnelle a été rabotée en commission des lois. Ses alliés centristes ont rejeté les deux articles phares de ce texte, à savoir la possibilité de déroger au droit européen en matière d’immigration et l’élargissement du champ du référendum à cette question.
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