Invité de la matinale de Public Sénat, Mathieu Darnaud, président du groupe Les Républicains au Sénat, a répété ce jeudi que son parti ne participerait pas à « un gouvernement dont le Premier ministre serait de gauche et porterait le programme du Nouveau Front populaire ». Le responsable pointe « l’irresponsabilité » des forces politiques qui ont voté la censure.
Pénalisation de l’antisionisme : la proposition de Sylvain Maillard ne convainc pas les sénateurs
Par Public Sénat
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Les travaux menés depuis plusieurs mois par un groupe d’étude à l’Assemblée nationale ont été rattrapés par l’actualité. Une trentaine de députés, dont le député LREM de Paris, Sylvain Maillard, veulent pénaliser l’antisionisme, au travers d’une proposition de loi ou de résolution (non contraignante). La proposition fait écho aux violentes insultes samedi, de manifestants à l’égard d’Alain Finkielkraut. « Barre-toi, sale sioniste de merde », ont notamment assené plusieurs personnes présentes. Pour les membres du groupe d’étude, il s’agit d’un moyen détourné d’exprimer des insultes anti-juifs. « L'antisionisme est le visage masqué de l'antisémitisme au XXIe siècle [...] Il y a un trou juridique dans notre législation», a expliqué Sylvain Maillard ce matin sur Public Sénat.
La proposition a suscité de sérieuses réserves de la part de l’exécutif, de la part de ministres, jusqu’au président de la République. « Je ne pense pas que pénaliser l’antisionisme soit une bonne solution », a réagi Emmanuel Macron, ce matin, lors d’une déclaration à l’Élysée.
« Il y a déjà un texte de caractère général qu’il faut appliquer »
Au Sénat, les parlementaires ont aussi accueilli avec réticences l’idée défendue par le député de Paris. Le sénateur (LR), François-Noël Buffet, vice-président de la commission des Lois considère que l’arsenal juridique est déjà capable de répondre à ces actes. « Il y a déjà un texte de caractère général qu’il faut appliquer et qu’il faut appliquer avec fermeté », explique-t-il à notre micro (vidéo de tête).
La sénatrice (LR) Catherine Procaccia est sur la même ligne (lire notre article), et considère que la différence entre antisémitisme et antisionisme « n’est pas claire dans l’esprit des Français ». C’est aussi l’avis de son collègue André Reichardt, sénateur (LR) du Bas-Rhin. « Je ne cherche pas à savoir si c’est dû aux positions que quelqu’un peut avoir à l’égard de l’État d’Israël ou si c’est autre chose. Moi je dis que c’est trop et qu’il n’y a pas lieu de s'adresser comme ça à une personne en fonction de sa religion. C’est franchement intolérable. »
Le président de son groupe, Bruno Retailleau, veut lui aussi faire preuve de beaucoup de prudence dans la réponse à apporter dans le climat actuel. « Je pense qu’il faut toujours se méfier de légiférer trop rapidement », insiste-t-il.
« Les progressistes d’Israël que je connais assez bien auraient été tous en prison avec une loi pareille »
À gauche, Xavier Iacovelli (PS) ne pense pas non plus qu’une telle loi réponde aux problèmes actuels. « Sylvain Maillard fait preuve à la fois d’ignorance quand il fait cette proposition, ignorance de la situation politique en Israël, et d’inutilité politique », ajoute l’ancienne ministre Laurence Rossignol. Consciente que « l’antisionisme serve de cache-nez à l’antisémitisme », la sénatrice de l’Oise pense toutefois que « ce n’est pas rendre service aux pacifistes israéliens, à ceux qui cherchent une solution autour de deux États que de proposer ce genre de chose en France. »
Esther Benbessa, sénatrice écologiste rattachée au groupe communiste, est aussi d’avis qu’une loi de ce type ne pourrait pas tenir. « L’antisionisme c’est ne pas être d’accord avec la politique d’Israël, ce n’est absolument pas mettre en question l’existence d’Israël. À ce moment-là, les progressistes d’Israël que je connais assez bien auraient été tous en prison s’il y avait une loi pareille en Israël », s’indigne-t-elle. « Il faut arrêter avec tout. Ce n’est pas les mots qui vont régler les choses. »
Mais cette interprétation ne fait pas l’unanimité. « L'antisionisme n'est pas la critique du gouvernement israélien. L'antisionisme est de refuser l'idée qu'il y ait un État juif », rappelle sur France Culture l’historien de la Seconde Guerre mondiale Denis Peschanski.