« Penelopegate »: ce que l’on sait de l’affaire qui embarrasse Fillon
Employer son épouse comme assistante parlementaire est-il illégal? Que risque François Fillon dans l'affaire Penelope? Peut-il...

« Penelopegate »: ce que l’on sait de l’affaire qui embarrasse Fillon

Employer son épouse comme assistante parlementaire est-il illégal? Que risque François Fillon dans l'affaire Penelope? Peut-il...
Public Sénat

Par Nathalie ALONSO et Frédéric DUMOULIN

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Employer son épouse comme assistante parlementaire est-il illégal? Que risque François Fillon dans l'affaire Penelope? Peut-il être amené à renoncer à la présidentielle? Ce que l'on sait de cette affaire embarrassante pour le candidat de la droite.

- Légal ou pas? Fictif ou pas? -

Sans profession connue, Penelope Fillon est visée par des accusations d'emplois fictifs lancées par Le Canard enchaîné. En cause: 500.000 euros de salaires perçus comme assistante parlementaire de son mari, puis de son suppléant, alors que personne n'avait jusqu'ici entendu parler de cette activité.

Cette pratique n'a rien d'illégal, à condition bien entendu que l'intéressé(e) travaille réellement. Mais elle passe mal: 76% des Français veulent que les parlementaires aient interdiction d'embaucher tout membre de leur famille, selon un sondage Odoxa publié vendredi.

Le parquet national financier a ouvert une enquête préliminaire, notamment sur des soupçons de "détournement de fonds publics", et lancé ses investigations. Une perquisition a été menée à la Revue des Deux Mondes, propriété de Marc Ladreit de Lacharrière, PDG de Fimalac et ami de M. Fillon, car l'enquête vise aussi des soupçons d'abus de biens sociaux: Mme Fillon aurait été salariée de cette revue pour environ 5.000 euros brut par mois.

La Haute Autorité pour la transparence de la vie publique a confirmé samedi avoir transmis aux enquêteurs les déclarations de patrimoine et d'intérêt effectuées par François Fillon comme député, sénateur et ministre.

- Fillon risque-t-il une mise en examen avant la présidentielle? -

Probablement pas. Au terme de l'enquête, le parquet peut classer sans suite le dossier ou, s'il estime avoir réuni des charges suffisantes, citer directement le ou les mis en cause devant le tribunal pour un procès, sans passer par une mise en examen.

Si l'affaire requiert des investigations complexes, ou pour éloigner toute suspicion de manipulation politique, le parquet peut aussi saisir un juge d'instruction. Difficile alors d'imaginer que des mises en examen interviennent avant l'ouverture de la campagne présidentielle, le 10 avril. D'autant que la justice a pour pratique de s'abstenir de prononcer des mises en examen avant un scrutin.

- Une affaire handicapante? -

Assurément. Les dégâts risquent d'être très lourds dans l'opinion pour celui qui avait fait de "la probité" son credo. "On ne peut pas diriger la France si on n'est pas irréprochable", clamait en novembre M. Fillon. Aujourd'hui, seuls 32% des Français le jugent "honnête", selon Odoxa.

Sa phrase choc contre Nicolas Sarkozy - "Vous imaginez le général de Gaulle mis en examen?"- lui revient cruellement en boomerang, détournée par ses rivaux: "Vous imaginez le général de Gaulle employant Tante Yvonne à l’Élysée?"

- Couac de communication? -

Visiblement. Ébranlés, M. Fillon et son entourage ont montré un certain flottement, avec des explications parfois contradictoires. Exemple: Bernard Accoyer assure avoir "souvent vu" Penelope Fillon travailler à l'Assemblée nationale, là où la porte-parole du candidat, Florence Portelli, explique que "si on n'a pas vu Mme Fillon, c'est parce qu'elle était dans la Sarthe".

Semblant anticiper d'autres "boules puantes", M. Fillon a confié jeudi avoir, quand il était sénateur de 2005 à 2007, "rémunéré pour des missions précises deux de (ses) enfants qui étaient avocats, en raison de leurs compétences". Problème: ni sa fille, ni son fils n'étaient alors officiellement avocats. "Imprécision de langage", a tenté de minorer son entourage.

- Un changement de candidat possible? -

Théoriquement non, mais... "La seule chose qui m'empêcherait d'être candidat, c'est (...) si j'étais mis en examen", a dit M. Fillon pour tenter de couper court aux interrogations. Dans les statuts du parti Les Républicains comme dans la charte de la primaire de la droite, rien n'est prévu si le vainqueur de la primaire renonce à se présenter à la présidentielle ou s'il meurt.

Une nouvelle primaire? Irréaliste à moins de trois mois du premier tour et à sept semaines du dépôt des parrainages d'élus, selon des ténors LR.

Un candidat de substitution simplement "désigné"? Son ex-rival, Alain Juppé, a exclu "clairement et définitivement" d'être un recours, soulignant que M. Fillon est le "candidat" LR "à l'instant T"!

Stop aux "plans sur la comète", a exhorté samedi sur franceinfo Luc Chatel: "Ce qui est important maintenant, c'est de reprendre la main politiquement." Certains fillonistes misent donc sur le "grand discours" de leur candidat dimanche à Paris.

Partager cet article

Dans la même thématique

13-UNIS : la course en hommage aux 10 ans des attentats de novembre 2015
5min

Politique

Commémoration du 13 novembre : 10 ans après les attentats, la menace terroriste « s’accroît »

Alors que la France rend hommage aux victimes des attentats de Paris de 2015, le ministre de l’Intérieur a appelé les préfets à « renforcer les mesures de vigilance ». Le procureur national antiterroriste (Pnat) Olivier Christen, indique même que la menace terroriste, jihadiste, d’ultradroite ou émanant d’Etats étrangers « s’accroît ».

Le

France Paris Shooting
4min

Politique

Attentats du 13 novembre 2015 : dix ans après, comment les lois antiterroristes ont évolué ?

Dix ans après le traumatisme des attentats du 13 novembre 2015, le cadre juridique permettant la prévention et la répression d’actes terroristes a largement évolué. Après les attaques du Bataclan, des terrasses parisiennes et du Stade de France ayant fait 131 morts et plus de 400 blessés, la France avait basculé dans l’état d’urgence, un régime juridique d’exception qui a influencé les évolutions législatives.

Le

« Penelopegate »: ce que l’on sait de l’affaire qui embarrasse Fillon
4min

Politique

Immigration : Laurent Nunez a « bon espoir que le plan 3 000 places de centres de rétention administrative aboutisse en 2029 »

A l’approche de l’examen du budget, le ministre de l’Intérieur, Laurent Nunez était auditionné par commission des lois du Sénat a présenté des crédits en hausse pour la mission sécurité et immigration de son ministère. Il en a profité pour confirmer que l’objectif 3 000 places en des centres de rétention administrative, initialement prévu pour 2027, ne sera pas tenu, comme l’avait révélé un rapport du Sénat.

Le

5min

Politique

Budget : des sénateurs souhaitent assouplir le droit des successions pour favoriser les dons aux associations

Les sénateurs Bernard Jomier et Grégory Blanc (Place Publique) ont déposé un amendement au projet de loi de finances 2026, visant à élargir la liberté des légataires dans la transmission de leur patrimoine, pour favoriser les donations aux causes d’intérêt général. De quoi permettre un débat « le plus large possible » selon les élus, dans une séquence budgétaire intense.

Le