« Penelopegate »: les électeurs de droite déboussolés
Soutenir Fillon en faisant le gros dos ou bien espérer qu'il jette l'éponge, se rabattre sur Macron... A Bordeaux, Strasbourg,...

« Penelopegate »: les électeurs de droite déboussolés

Soutenir Fillon en faisant le gros dos ou bien espérer qu'il jette l'éponge, se rabattre sur Macron... A Bordeaux, Strasbourg,...
Public Sénat

Par Francois BECKER, avec les bureaux régionaux de l'AFP

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Soutenir Fillon en faisant le gros dos ou bien espérer qu'il jette l'éponge, se rabattre sur Macron... A Bordeaux, Strasbourg, Marseille ou Lyon, des électeurs de droite ne savent plus à quel saint se vouer face au "Penelopegate".

"Moi, je ne voterai pas Fillon, c'est cuit! Même si ses idées politiques sont bonnes". Carole, ancienne cadre dans l'informatique, rencontrée dans un quartier aisé de Marseille, avait pourtant choisi François Fillon dès la primaire de la droite. Mais "je suis tout à fait déçue de son manque d'intelligence. Demander aux gens de se serrer la ceinture quand on se sait en situation irrégulière...", se désole cette femme, 58 ans, qui a "toujours voté à droite".

Cette électrice déboussolée ne voit pas d'autre candidat, au parti Les Républicains, assez "fort et costaud" pouvant prendre le relais: "au pire, je n'irai pas voter".

Régis, un autre électeur de droite marseillais, se lamente: "C'est un gros gâchis, j'ai honte, on est la risée du monde". "Malgré tout, je préfère que Fillon reste" pour aller au bout de la campagne, explique ce retraité de 78 ans.

Henri Delannoy, lui, dit qu'il finira, "comme tout le monde" dit-il, par glisser un bulletin Macron dans l'urne --même si "on se demande avec quelle assemblée il va gouverner". Cet ancien directeur de la CMA-CGM, l'un des plus gros armateurs mondiaux dont le siège est à Marseille, avait voté Fillon à la primaire, "par anti-sarkozysme".

Au siège de la Fédération LR des Bouches-du-Rhône, "les gens attendent, ils ne savent pas quoi faire... Qu'est-ce que vous voulez, après une tuile pareille...", se désole la seule permanente présente jeudi matin.

L'ambiance est crépusculaire : une palette de tracts "pour une immigration réduite au minimum", avec photo de François Fillon, patiente dans le hall désert. "D'habitude, avant une présidentielle, il y a des gens qui vont, qui viennent, des mises sous pli. Là, personne", se plaint-elle.

Dans cette fédération plutôt sarkozyste, "on s'était tous mis derrière" Fillon à l'issue de la primaire, car "on voulait gagner", se souvient-elle. "Ca devait être une élection pliée d'avance...".

- "Candidat de remplacement" -

Membre du bureau des Jeunes Républicains du Bas-Rhin, un étudiant qui préfère garder l'anonymat n'a pas le moral : "Emmanuel Macron et Marine Le Pen sont déjà en train de nous rattraper".

Dans l'adversité, certains militants rencontrés en marge d'une réunion de l'UDI à Lyon préfèrent encore serrer les rangs derrière Fillon. "Tant qu'il est innocent (...), c'est mon candidat", affirme Lahcen, 53 ans. "Il y a du vrai, du faux mais pour moi, tant que cela n'a pas été prouvé ou justifié, c'est du vent".

Un retour de François Bayrou fait-il rêver ces centristes? "Peut-être" lâche Suzanne, 66 ans. "Il faudrait voir. Mais monter un projet si près des élections, ça serait quand même un peu court".

Pour Anne-Serise Dupuis, une psychiatre bordelaise, sympathisante d'Alain Juppé, "François Fillon ferait mieux de se retirer : il est disqualifié". "Juppé n'arrête pas de dire qu'il ne veut pas se présenter, ça serait bien qu'il le fasse".

Mais même dans son fief, un recours à Juppé ne fait pas l'unanimité: "ça me choque, mais si (François Fillon) est candidat, je voterai quand même pour lui", affirme Franck Boidin, un Girondin de 53 ans. Qui pense, en cas de retrait, à François Baroin pour le remplacer.

A la sortie de la messe de la Chandeleur, devant la paroisse Notre-Dame du Mont (centre de Marseille), Laetitia, qui a déjà "voté à l'extrême-droite et à droite" est dans l'expectative.

Cette infirmière, au foyer depuis la naissance de ses trois enfants, fait partie de ces ultra-minoritaires (1,45% au premier tour de la primaire), qui avaient choisi Jean-Frédéric Poisson. Face à l'imbrioglio à droite, un retour du représentant du Parti Chrétien Démocrate (PCD) la ferait-elle rêver ? "Ce serait assez utopiste", sourit-elle, mais "parfois, il faut bien l'être".

Partager cet article

Dans la même thématique

13-UNIS : la course en hommage aux 10 ans des attentats de novembre 2015
5min

Politique

Commémoration du 13 novembre : 10 ans après les attentats, la menace terroriste « s’accroît »

Alors que la France rend hommage aux victimes des attentats de Paris de 2015, le ministre de l’Intérieur a appelé les préfets à « renforcer les mesures de vigilance ». Le procureur national antiterroriste (Pnat) Olivier Christen, indique même que la menace terroriste, jihadiste, d’ultradroite ou émanant d’Etats étrangers « s’accroît ».

Le

France Paris Shooting
4min

Politique

Attentats du 13 novembre 2015 : dix ans après, comment les lois antiterroristes ont évolué ?

Dix ans après le traumatisme des attentats du 13 novembre 2015, le cadre juridique permettant la prévention et la répression d’actes terroristes a largement évolué. Après les attaques du Bataclan, des terrasses parisiennes et du Stade de France ayant fait 131 morts et plus de 400 blessés, la France avait basculé dans l’état d’urgence, un régime juridique d’exception qui a influencé les évolutions législatives.

Le

« Penelopegate »: les électeurs de droite déboussolés
4min

Politique

Immigration : Laurent Nunez a « bon espoir que le plan 3 000 places de centres de rétention administrative aboutisse en 2029 »

A l’approche de l’examen du budget, le ministre de l’Intérieur, Laurent Nunez était auditionné par commission des lois du Sénat a présenté des crédits en hausse pour la mission sécurité et immigration de son ministère. Il en a profité pour confirmer que l’objectif 3 000 places en des centres de rétention administrative, initialement prévu pour 2027, ne sera pas tenu, comme l’avait révélé un rapport du Sénat.

Le

5min

Politique

Budget : des sénateurs souhaitent assouplir le droit des successions pour favoriser les dons aux associations

Les sénateurs Bernard Jomier et Grégory Blanc (Place Publique) ont déposé un amendement au projet de loi de finances 2026, visant à élargir la liberté des légataires dans la transmission de leur patrimoine, pour favoriser les donations aux causes d’intérêt général. De quoi permettre un débat « le plus large possible » selon les élus, dans une séquence budgétaire intense.

Le