Pénicaud interpellée à l’Assemblée sur la baisse des emplois aidés

Pénicaud interpellée à l’Assemblée sur la baisse des emplois aidés

Muriel Pénicaud a longuement défendu mardi la baisse du nombre de contrats aidés, lors de la présentation du budget de son...
Public Sénat

Temps de lecture :

3 min

Publié le

Mis à jour le

Muriel Pénicaud a longuement défendu mardi la baisse du nombre de contrats aidés, lors de la présentation du budget de son ministère du Travail à l'Assemblée nationale, en réponse aux vives critiques de députés de l'opposition.

"Notre responsabilité collective, que ce soit pour le gouvernement et le Parlement, c'est de faire de ce dispositif quelque chose d'efficace pour les jeunes et les demandeurs d'emploi", a-t-elle plaidé devant les députés, après avoir présenté le budget 2018 de son ministère.

Ce budget doit s'établir à 15,2 milliards d'euros, en baisse de 9%, essentiellement à cause de la réduction du nombre de contrats aidés, qui passera en 2018 à 200.000, exclusivement dans le secteur non marchand, pour une enveloppe de 1,4 milliard d'euros, contre 280.000 cette année. Il s'agit d'une baisse d'un milliard d'euros.

Lors de l'audition, qui a duré près de trois heures devant la commission parlementaire, Mme Pénicaud a rappelé que l'ambition du gouvernement était de "calibrer" les contrats aidés afin qu'ils soient "des tremplins" vers l'emploi grâce à un accompagnement systématique et à la formation. Elle a également rappelé que ce dispositif sera utilisé en "priorité" dans les territoires ruraux et d'outre mer, ou encore dans certains secteurs (sanitaire, social).

"Surtout, au lieu que les contrats aidés soient des guichets ouverts pour toute association qui en demande, il faudra qu'il y ait un projet d'insertion, d'accompagnement et de formation", a-t-elle insisté.

La ministre a déploré qu'au "fil des années" se soit installé un système "malsain" où les associations "sont devenues dépendantes - et pour certaines entièrement dépendantes - des contrats aidés, donc de contrats précaires".

Des arguments que n'ont pas entendus les députés de l'opposition.

"Nous condamnons sans réserve le choix brutal et idéologique de réduire de façon drastique le nombre des emplois aidés", a réagi le socialiste Boris Vallaud. "Votre décision a mis en grande difficulté des territoires entiers, des associations sportives, culturelles, des Ephad", a cité le député de la Nouvelle gauche.

De son côté, le communiste Pierre Dharréville a souligné que la baisse de ce dispositif "va priver notre pays d'un travail social utile".

Laurence Dumont (Nouvelle gauche) a également vivement dénoncé une "mesure incompréhensible" qui "fragilise tout le tissu associatif".

De son côté, Eric Coquerel (France Insoumise) a critiqué le budget dans sa globalité, qualifiant de "catastrophique" la réduction prévue en 2018, mais aussi en 2019 et 2020. La baisse des contrats aidés est considérée par ce député comme "un des plus grands plans sociaux de l'histoire économique française".

Les députés se sont aussi inquiétés de la division par deux du budget des Maisons de l'emploi, créées par la loi sur la cohésion sociale de 2005 pour orienter les demandeurs d'emploi et exercer des activités d'insertion ou de formation.

Le gouvernement prévoit de leur allouer 10,5 millions d'euros en 2018, contre 21 millions pour cette année.

Ces Maisons de l'emploi sont un "vrai dispositif d'accompagnement", a réagi Marie-Christine Dalloz (LR),qui a demandé à Mme Pénicaud si le gouvernement avait décidé "de les éliminer définitivement des politiques d'accompagnement à l'emploi".

La ministre a défendu cette baisse budgétaire en soulignant que "depuis 2009, les gouvernements de droite comme de gauche ont conclu que (ces maisons) n'étaient pas un axe prioritaire".

Dans la même thématique

Pénicaud interpellée à l’Assemblée sur la baisse des emplois aidés
3min

Politique

Dissuasion nucléaire française élargie : « Impossible d’imaginer qu’il y ait 27 doigts sur un bouton »  pour Bernard Guetta

L’heure est à l’urgence pour les Européens. Dans un climat mondial tendu, avec les décisions américaines de ne plus participer massivement à la protection des Européens, les dirigeants des États membres de l’Union convergent vers l’idée d’une défense européenne commune, et surtout, d’un réarmement massif. À quoi correspondent les 800 milliards promis par la Commission européenne ? Pour quels achats ? Quid de l'élargissement de dissuasion nucléaire française aux autres pays européens ? Caroline de Camaret et Alexandre Poussart ouvrent le débat dans Ici l’Europe avec l’eurodéputé français Bernard Guetta, et l’Allemande Hannah Neumann du parti des Verts.

Le

Taxe Zucman : après les députés, les sénateurs écologistes à l’offensive sur le projet d’impôt de 2 % sur la fortune des plus riches
6min

Politique

Taxe Zucman : après les députés, les sénateurs écologistes à l’offensive sur le projet d’impôt de 2 % sur la fortune des plus riches

La proposition de loi des députés écologistes, adoptée en février à l’Assemblée nationale, sera inscrite dans le prochain espace réservé de leurs homologues sénateurs. Inspiré des travaux de l’économiste Gabriel Zucman, le texte instaure un impôt plancher de 2 % sur le patrimoine des « ultra-riches ». Ses chances d’adoption au Sénat sont très minces, mais ses partisans espèrent convaincre.

Le

Pénicaud interpellée à l’Assemblée sur la baisse des emplois aidés
3min

Politique

Réarmement : « Je pense que la Russie n’est pas une menace pour le territoire français », estime Éric Coquerel

Invité de la matinale de Public Sénat, le président de la commission des finances de l’Assemblée nationale, Éric Coquerel revient sur la réunion à Bercy pour financer l’industrie de la défense. Si l’insoumis reconnaît une réflexion nécessaire, il estime cependant que la Russie ne représente pas une menace existentielle pour la France. Par ailleurs, le député demande au gouvernement d’organiser un débat avec vote au Parlement sur le sujet du réarmement.

Le