La ministre du Travail Muriel Pénicaud a souligné mardi que les questions de formation étaient un "enjeu stratégique", notamment pour les entreprises, alors que le projet de loi "avenir professionnel" arrive à l'Assemblée devant la commission des affaires sociales.
"Le cœur du sujet, c'est la bataille des compétences", a déclaré la ministre sur BFM Business, à propos de ce texte qui vise à réformer la formation professionnelle, l'apprentissage et l'assurance chômage.
"La croissance repart - 268.000 créations nettes d'emplois l'année dernière -, on a commencé la décrue du chômage, mais tous les jours qu'est-ce que disent les entreprises, l'artisan, l'entrepreneur, la start-up, le grand groupe? On bute sur les compétences", a dit Mme Pénicaud, soulignant que la croissance n'était plus limitée "par les sujets d'agilité, de conquête des marchés" mais par le manque de compétences.
"Travail de longue haleine", la formation est un "enjeu absolument stratégique pour les entreprises, pour le pays mais aussi pour chacun", a-t-elle insisté, car les compétences, "on ne les trouve pas sur l'étagère, il faut les construire".
Le projet de loi "pour la liberté de choisir son avenir professionnel" est censé apporter plus de protection aux travailleurs, en complément des ordonnances réformant le Code du travail, qui ont donné plus de souplesse aux entreprises. Il devrait être adopté cet été.
Pour le secrétaire général de Force ouvrière, Pascal Pavageau, ce projet de loi "revient à une septième ordonnance". "On nous a expliqué en début de quinquennat qu'il allait y avoir des volets dits +flexibilité+, un peu pour les patrons, et à un moment donné un volet +sécurité+" pour les salariés, a-t-il expliqué mardi sur Sud radio. "En l'occurrence, tant sur le domaine de la formation que sur l'assurance chômage, on reste dans la même philosophie de flexibilité", a-t-il regretté.
Au delà, le responsable syndical a reproché à Emmanuel Macron sa "logique d'individualisation", "le fait de casser l'intégralité de nos cadres collectifs qui font notre fierté républicaine et notre modèle social". "Vous pouvez ne pas tenir compte d'une personne tout le temps, vous pouvez ne pas tenir compte de tout le monde une fois mais vous ne pouvez jamais ne pas tenir compte de tout le monde tout le temps. In fine ça s'arrêtera", a-t-il prédit.
"Quelqu'un a dit très justement: +on avait le candidat 2.0, on a le président un point c'est tout+", a-t-il ironisé, estimant que la philosophie du président, "c'est de dire quelque part si tu te plantes, si tu n'as pas eu de chance ou si tu perds ton emploi, c'est de ta faute".