Perturbateurs endocriniens : que proposent les candidats ?
Cet après-midi, la commission des affaires européennes organisait un colloque sur les perturbateurs endocriniens. Une initiative qui s’ajoute à la publication le 5 avril dernier par « 60 millions de consommateurs » des mesures des candidats pour limiter l’exposition des consommateurs à ces substances. Une lettre ouverte avait également été écrite par des chercheurs deux jours auparavant. Ils demandaient à l’Union européenne de définir des critères d’identification des perturbateurs endocriniens en dehors de toute influence politique ou économique. Cet enjeu de santé publique s’est donc définitivement invité dans la campagne présidentielle. Tour d’horizon des propositions des candidats.
Par Alice Bardo
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Benoît Hamon et Jean-Luc Mélenchon plaident pour une interdiction
« J’interdirai immédiatement les pesticides dangereux et les perturbateurs endocriniens », affirme le candidat socialiste dans son programme. De son côté, le leader de La France Insoumise estime qu’ « il ne suffit plus d’interdire quelques perturbateurs avérés » et souhaite « mettre un terme à la présence de ces substances dans de nombreux produits de consommation courante ». Il prévoit même « d’aller jusqu’à une interdiction progressive de leur utilisation s’ils sont reconnus dangereux pour la santé ».
Tous deux plaident pour plus de transparence et d’information sur les enjeux en termes de santé et pointent du doigt l’action des lobbys industriels au niveau européen. Benoît Hamon veut notamment « limiter leurs actions ». L’ancien ministre de l’Education propose également de créer un label pour les pesticides afin de « conditionner les subventions de la PAC au respect de hautes exigences en la matière ».
Marine Le Pen conditionne son action à la sortie de l’Union européenne
Marine Le Pen le 10 avril 2017 à Paris
AFP
« Je refuse de me soumettre aux lobbies qui déambulent dans les couloirs de la Commission de Bruxelles », répond à la candidate du Front national à « 60 millions de consommateurs » sur la question des perturbateurs endocriniens. Elle assure que dès que la France aura « retrouvé sa souveraineté », elle s’engagera « à faire toute la transparence sur le sujet pour protéger la santé et le bien-être des Français ».
François Fillon délègue aux agences nationales
Le candidat du parti Les Républicains à l'élection présidentielle, François Fillon, debout devant ses soutiens politiques, lors d'une réunion publique à Paris le 9 avril 2017
AFP/Archives
Le candidat LR fait part au magazine « Sciences et Avenir » de sa conviction quant « aux méfaits des perturbateurs endocriniens sur la santé ». Pour lui, « ils sont présents partout et contribuent à l’apparition de maladies ».
Il confie à l’Agence de santé publique et à l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES) le soin d’informer les citoyens sur les risques encourus et de développer des méthodes d’évaluation des risques.
François Fillon veut également que la France soit à l’initiative de négociations au niveau européen pour interdire les perturbateurs endocriniens dont les effets délétères pour la santé ont été prouvés.
Emmanuel Macron veut un « débat scientifique rigoureux »
Le candidat à la présidentielle d'En Marche! Emmanuel Macron le 7 avril 2017 à Furiani
AFP/Archives
Selon le leader d’ « En Marche ! », les perturbateurs endocriniens sont « l’une des principales causes de l’augmentation des cancers des enfants depuis 20 ans. » Il réclame un « débat scientifique rigoureux » et regrette que l’Union européenne n’ait pas pris de mesures suffisamment restrictives. Lui aussi entend lutter contre la « pression des lobbies » en intervenant « avec fermeté au niveau européen ».
Contrairement à Benoît Hamon et Jean-Luc Mélenchon, l’ancien ministre de l’Education estime que « ce serait mentir aux Français que de leur faire croire que tous les perturbateurs endocriniens pourraient être interdits ». Il conditionne leur interdiction à un « risque sanitaire avéré » et, à défaut, lorsqu’existent des solutions alternatives « scientifiquement reconnues comme moins toxiques ».
Enfin, comme la plupart de ses rivaux, il souhaite mieux informer le public sur les dangers potentiels des perturbateurs endocriniens et prévoit des mesures concrètes en ce sens, à savoir la création d’un site national d’information sur les perturbateurs endocriniens, de centres d’expertise et d’information destinés au grand public, ainsi que la réalisation d’études épidémiologiques sur les personnes exposées.
Nicolas Dupont-Aignan opte pour la prévention
AFP
Le candidat de Debout la France se dit « extrêmement préoccupé par le sujet » et met l’accent sur la prévention. Il propose notamment de « dispenser des cours de santé/bien-être » et de « lancer des campagnes de prévention ».
Au niveau européen, Nicolas Dupont-Aignan est attaché à « promouvoir le principe de quali-sécurité afin « d'élever le niveau des productions européennes vers ce qui se fait de mieux ».
Philippe Poutou et Jean Lassalle réclament plus d’indépendance
« Les recherches scientifiques devraient se dérouler en toute indépendance », considère Jean Lassalle. Un avis que partage son rival Philippe Poutou. Toutefois, contrairement au député des Pyrénées-Atlantiques qui déplace le débat sur l’agriculture, le candidat du NPA estime que « toutes les substances dangereuses pour la santé humaine, dont les perturbateurs endocriniens doivent être interdites »
Jacques Cheminade s’en remet à la recherche
Le candidat ne prévoit rien à ce sujet dans son programme. Il affirme seulement qu’ « il est trop tôt pour conclure » et qu’ « Il faut donc pousser les recherches dans ce secteur ».
Nathalie Arthaud alerte sur un potentiel « scandale sanitaire »
Nathalie Arthaud, candidate de Lutte ouvrière (LO) à la présidentielle, le 4 avril 2017 à La Plaine-Saint-Denis près de Paris
POOL/AFP
La candidate de Lutte ouvrière réclame que des lois soient promulguées « sans tarder » pour faire face à ce qu’elle considère être « un réel problème de santé publique qui pourrait devenir un scandale sanitaire d’ampleur. »
François Asselineau veut porter des initiatives au niveau international
François Asselineau, candidat à l'élection présidentielle de l'Union populaire républicaine (UPR), salue ses soutiens lors d'une réunion publique à Lille, le 10 avril 2017
AFP
Le candidat ambitionne de « protéger la santé mondiale » en portant des initiatives au niveau de l’ONU et de l’OMS avec pour objectif d’imposer des restrictions dans l’utilisation des perturbateurs endocriniens.
En mobilisant ses troupes ce week-end, le candidat à la présidentielle rappelle qu’il est déjà tourné vers 2027, tout en marquant sa différence, quitte à sérieusement prendre ses distances avec François Bayrou. Un tour de chauffe à destination aussi des militants.
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