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Par Henri Clavier
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« Il est extrêmement important d’accroître la pression sur la flotte fantôme parce que ça réduit clairement la capacité de la Russie à financer son effort de guerre » en Ukraine, a déclaré Emmanuel Macron, jeudi 2 octobre, à Copenhague, à l’ouverture d’un Sommet de la Communauté politique européenne (CPE). Des déclarations qui font suite à l’immobilisation d’un navire de la flotte fantôme russe au large de Saint-Nazaire, en Loire-Atlantique.
Le pétrolier de 244 mètres de long a été immobilisé le 28 septembre après en avoir reçu l’ordre par le procureur de Brest. Parti de Primorsk en Russie, un port de la mer Baltique, le navire devait acheminer une cargaison de pétrole vers le terminal pétrolier de Vadinar en Inde. Des doutes sur le pavillon du navire ont poussé la marine française à immobiliser le navire. En effet, le navire construit en 2007 a changé de pavillon à une dizaine de reprises avant de battre le pavillon du Bénin. Aujourd’hui appelé « Pushpa » ou « Boracay », le nom du vaisseau a également été modifié plusieurs fois.
Des doutes sur le pavillon arboré par le Pushpa ont poussé les autorités françaises à effectuer un contrôle à bord. « La convention de Montego Bay impose des règles sur les pavillons des navires et notamment le fait que chaque navire doit avoir un pavillon puisque cela détermine les règles de droit applicables à bord », explique Corentin Le Bastard, doctorant en droit maritime et rattaché au Centre de droit maritime et océanique de Nantes Université. Comme l’a fait savoir le parquet de Brest, l’existence d’un doute sur le pavillon permet à l’Etat côtier de réaliser un contrôle à bord.
« En l’occurrence, il y avait un doute sur le pavillon, le Bénin a confirmé que le pavillon n’était pas enregistré donc on suppose qu’il y a un double pavillon ou pas de pavillon. Dès lors, l’Etat côtier peut exercer son droit de visite », abonde Corentin Le Bastard. Le commandant de bord du navire et le second ont été placés en garde à vue pour refus d’obtempérer, mercredi 1er octobre. Le parquet a ensuite annoncé que le commandant de bord, de nationalité chinoise, serait jugé le 23 février 2026 pour refus d’obtempérer. Le second a été relâché.
En plus des doutes relatifs au pavillon, plusieurs éléments ont attiré l’attention des autorités françaises concernant le Pushpa. En effet, le navire est ciblé – sous son ancien nom, le Kiwala – par les sanctions européennes touchant la flotte fantôme russe. Une flotte constituée par la Russie depuis le durcissement des sanctions européennes sur les hydrocarbures. Actuellement, plus de 400 navires sont visés par les sanctions européennes, une liste élargie depuis le nouveau paquet de sanctions du 18 juillet 2025.
« Cette flotte est déterminante pour la Russie et lui permet notamment d’acheminer ses hydrocarbures vers l’Inde ou la Chine en contournant les sanctions européennes, c’est un enjeu majeur pour le financement de l’effort de guerre russe », rappelle Igor Delanoë, directeur adjoint de l’Observatoire franco-russe et chercheur associé à l’Institut des relations internationales et stratégiques. Selon les estimations avancées par Emmanuel Macron, la flotte, qui compterait entre 600 et 1 500 navires, rapporte « plus de 30 milliards d’euros » pour le budget de la Russie, et permet de financer « 30 à 40 % de son effort de guerre » contre l’Ukraine.
Par conséquent, et suite aux incursions répétées de drones dans l’espace aérien européen, les Etats européens semblent déterminés à durcir le ton contre la circulation des bâtiments appartenant à la flotte fantôme. Selon le site spécialisé The Maritime Executive, le pétrolier aurait pu jouer un rôle dans le lancement de drones ayant survolé le Danemark entre le 22 et le 25 septembre dernier.
En effet, le Pushpa a été repéré la semaine dernière au large du Danemark, quand des survols de drones ont perturbé le trafic aérien. L’origine de ces drones reste jusqu’à présent inconnue mais les autorités danoises ont pointé du doigt la Russie, déjà accusée d’être derrière l’incursion d’une vingtaine de drones dans le ciel polonais début septembre.
« En théorie, je pense que c’est plausible que l’on puisse embarquer discrètement des drones, les faire voler et les faire revenir, mais pour l’heure nous n’avons pas de preuves matérielles », rappelle Igor Delanoë.
A l’occasion de la réunion de la communauté politique européenne, Emmanuel Macron a rappelé l’importance pour les pays européens de saper le modèle de contournement des sanctions européennes mis en place par la Russie. En janvier dernier, un pétrolier de la flotte fantôme russe avait été arraisonné par les autorités allemandes à cause de la vétusté du vaisseau et du risque de marée noire en mer Baltique. L’impact économique est pour l’instant marginal pour la Russie, mais « c’est un message politique majeur envoyé à la Russie », estime Igor Delanoë.
Si quelques autres événements de ce type ont eu lieu en mer Baltique, ils restent marginaux au regard de l’intensité du trafic. En effet, la mer Baltique est un passage obligatoire pour la plupart des navires de la flotte. « Chaque jour, entre 10 et 15 bateaux de la flotte fantôme passent au large de Brest », a d’ailleurs confié à l’AFP une source militaire. « C’est une démarche coercitive qui politiquement peut être risquée, puisque cela tend encore davantage les relations avec la Russie. Il faut s’attendre à voir de plus en plus ce genre d’événements dans la Manche ou dans la Méditerranée. Par ailleurs, il faut également prendre en compte que les Russes ont tendance à faire escorter ces navires par des bâtiments de guerre afin de dissuader les marines européennes d’intervenir », explique Igor Delanoë.
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