Peut-on encore sauver l’ONU ?

Peut-on encore sauver l’ONU ?

Pas de trêve à Alep. La Russie a, pour la 6e fois depuis le début de la guerre en Syrie, utilisé son droit de veto au conseil de sécurité des Nations Unies. L’ONU semble paralysée. 70 ans après sa création, elle a besoin d’un second souffle. De quoi souffre l’organisation ? Et comment la réformer ?  Dominique de Villepin, ancien ministre des Affaires étrangères français, et Jean Ziegler, vice-président du comité consultatif du Conseil des droits de l’Homme des Nations Unies, nous livrent des éléments de réponse dans l’émission Un Monde en Docs.
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L’ONU incarne le multilatéralisme. Elle a son existence propre et doit en même temps composer avec les 193 États qui en sont membres. Un rôle d’équilibriste de plus en plus compliqué comme l’explique Dominique de Villepin : « Les Nations-Unies se retrouvent pris en porte-à-faux entre les jeux, les intérêts des états, la multiplication des crises et cette volonté de jouer un rôle utile ». Les États sont tentés de faire passer leurs intérêts propres avant ceux de l’organisation et en grippent les rouages. L’ancien ministre des Affaires étrangères n’hésite pas à parler d’ « égoïsme ». Il déplore le fait que « les États ne font pas suffisamment confiance aux Nations-Unies ». 
Un État en particulier semble faire cavalier seul : les États-Unis. Selon Dominique de Villepin, « les États-Unis, ont le sentiment qu’ils peuvent agir indépendamment du cadre des Nations Unies. On ne s’adresse aux Nations Unis que quand on ne peut pas faire autrement, c’est à dire une fois l’intervention effectuée, et une fois qu’on s’est rendu compte que cette intervention ne permet pas d’obtenir les résultats escomptés ». 

« Il faut éviter les sources de blocages intempestifs »

L’ONU est-elle alors dans une impasse ? Jean Ziegler et Dominique de Villepin s’accordent à dire qu’une réforme du conseil de sécurité est nécessaire. Deux points sont à améliorer : la composition du conseil et son fonctionnement. « Un conseil de sécurité ne peut être efficace que s’il est représentatif » pour l’ancien Premier ministre. « La deuxième condition qui est indispensable c’est qu’il faut éviter les sources de blocages intempestifs. » Il faudrait donc réformer le droit de véto. Une idée portée par Kofi Annan dès la fin de son mandat de secrétaire général de l’ONU en 2006, mais laissé de côté par son successeur Ban Ki Moon. Jean Ziegler explique que selon ce plan « le veto devient caduc dans tous les cas où il y a crime contre l’humanité ».  
Pour Jean Ziegler « l’espérance est réelle » que cette réforme aboutisse, car « Le conflit syrien produit des conséquences effroyables au cœur même des nations dominantes. […] Les grandes puissances se réveillent et se disent : il faut terminer ce conflit. » Il appelle aussi  les citoyens à se mobiliser : « Il faut que les populations se réveillent, on est en démocratie. […] Si l’opinion publique se réveille et demande que le plan Kofi Annan soit réalisé et bien les gouvernements suivront. ».

En janvier 2017, Antonio Gutteres deviendra le nouveau secrétaire général des Nations Unies. Son action sera décisive pour l’avenir de l’organisation. 

Retrouvez l’émission Un Monde en Docs consacrée à l’ONU samedi 10 décembre à 22h sur Public Sénat. 
Rediffusion le dimanche 11 décembre à 9h et le dimanche 18 décembre à 18h.

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