Edouard Philippe a présenté jeudi les grands axes d'un "plan pour l'avenir" de Mayotte, destiné à "restaurer la confiance en la parole de l’Etat...
Philippe dévoile les grands axes d’un « plan pour l’avenir » de Mayotte
Edouard Philippe a présenté jeudi les grands axes d'un "plan pour l'avenir" de Mayotte, destiné à "restaurer la confiance en la parole de l’Etat...
Par Cécile AZZARO
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Edouard Philippe a présenté jeudi les grands axes d'un "plan pour l'avenir" de Mayotte, destiné à "restaurer la confiance en la parole de l’Etat", "en l'avenir et en la jeunesse" de l'île, paralysée pendant deux mois par un mouvement social.
Alors que l'archipel a été secoué par une "crise" qui a été "l'expression d'une profonde détresse" de sa population, selon le Premier ministre, les élus mahorais et le gouvernement se sont retrouvés à Matignon pour essayer de bâtir "un pacte de confiance".
Les Mahorais, menés par une intersyndicale et un collectif de citoyens non invités jeudi à Matignon, ont érigé en février et mars des barrages qui ont paralysé l'île pour dénoncer l'insécurité et l'immigration clandestine venue des Comores voisines et réclamer des mesures pour le développement de Mayotte.
Après les mesures d'urgences déjà annoncées pour rétablir la sécurité, lutter contre une "immigration clandestine dont l'ampleur est particulièrement déstabilisante pour Mayotte" mais aussi préserver un "tissu économique" qui "reste fragile", Edouard Philippe a dessiné les contours du "plan de rattrapage et de développement".
Il sera présenté en détail aux Mahorais vers la mi-mai par la ministre des Outre-mer Annick Girardin, et "couvrira (leurs) besoins prioritaires: la sécurité, l'éducation, la santé, le logement et les infrastructures".
Le Premier ministre a annoncé notamment la création d'une Agence régionale de santé - Mayotte dépend pour l'instant de l'ARS de l'Océan indien, basée à La Réunion - et d'"un rectorat de plein exercice", deux demandes fortes de la population. Pôle emploi va aussi "renforcer l'autonomie de sa direction".
En matière de santé, les "affiliés sociaux" seront "exonérés de ticket modérateur" (le reste à charge), avant l'instauration de la Couverture maladie universelle complémentaire (CMU-C), qui n'existe pas à Mayotte.
Le gouvernement va aussi "conforter les moyens" du centre hospitalier de Mamoudzou, "confronté à une très forte croissance de son activité". La maternité comptabilise à elle seule près de 10.000 naissances par an.
Face à un "besoin de rattrapage des équipements scolaires absolument incontestable", le Premier ministre a promis d'accélérer "le rythme de construction de classes, en ayant bien conscience que nous partons de très loin". Les élèves de certaines écoles vont actuellement en cours par rotation, matin ou après-midi.
- "Loin du compte" -
Le gouvernement va enfin soutenir le développement d'un transport en commun sur la Grande Terre et le contournement de Mamoudzou, et lancer une "concertation" sur le développement de l'aéroport, l'amélioration de la concurrence des dessertes aériennes et la baisse du prix des billets d'avion.
Une route bloquée par des manifestants à Koungou, sur l'île de Mayotte, le 9 mars 2018
AFP/Archives
En matière d'immigration, alors que le gouvernement français est confronté au refus du gouvernement des Comores d'accueillir ses ressortissants expulsés, une réunion devait se tenir ce jeudi au Quai d'Orsay entre le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian et son homologue mahorais.
"Nous poursuivons résolument les actions, tant sur le plan opérationnel qu’au niveau diplomatique", a assuré le Premier ministre, en soulignant la nécessité d'un "dialogue approfondi avec l'Union des Comores" pour "contribuer au développement" de Mayotte.
Il a indiqué que le gouvernement soutiendrait certains amendements "répondant à la situation spécifique de Mayotte", dans le cadre du projet de loi asile et immigration.
Pour Mansour Kamardine, député LR de Mayotte, "un certain nombres d'éléments annoncés", comme "la création d'une ARS, d'un rectorat, et le renforcement des moyens pour l'hôpital", "vont dans le bon sens, mais on est encore loin du compte".
En matière d'immigration, "on ne peut pas bloquer le développement de Mayotte sous prétexte que les Comores nous envahissent. Toutes les politiques sont vouées à l'échec si on ne résout pas ce problème, le gouvernement en a pris conscience", s'est félicité la députée sans étiquette Ramlati Ali.
"On a pris nos problèmes en considération", a estimé le sénateur LREM Abdallah Hassani, satisfait que le Premier ministre ait "réaffirmé l'appartenance de Mayotte à la nation française".
Le sénateur Thani Mohamed Soihili (LREM) préfère "attendre de pouvoir juger sur pièce", tout en reconnaissant "des signaux" sur le terrain, notamment en matière de sécurité.
Au Sénat, la droite et une partie de la gauche tombent d’accord sur une chose : la procédure parlementaire permettra à la droite et le centre d’enterrer la suspension de la réforme des retraites. Un fait qui inspire de la sérénité à Claude Malhuret (Horizon) sur la possibilité de réécrire la copie de Sébastien Lecornu, et pousse au contraire Cécile Cukierman (PCF) à enjoindre les députés de gauche à le prendre en compte dans leur vote de la censure ce jeudi.
Avec le non-recours au 49.3, les socialistes ont été entendus par Sébastien Lecornu. Mais ils sont désormais contraints à voter le budget de la Sécurité sociale pour valider la suspension de la réforme des retraites. Un véhicule législatif confirmé par le Premier ministre, ce mercredi. Sans cette arme du parlementarisme rationalisé, les budgets de la Sécurité sociale comme celui de l’Etat seront également amendés par la droite. Ce qui pourrait amener à des copies finales difficiles à assumer pour les socialistes.
Le Premier ministre s'est exprimé devant les sénateurs pour sa déclaration de politique générale. Suspension de la réforme des retraites, décentralisation, budget...Le discours de Sébastien Lecornu était différent de celui prononcé à l'Assemblée la veille. Si l'ambiance était plus calme qu'au Palais Bourbon, l'accueil des sénateurs n'en était pas pour autant très enthousiaste.
« Le scénario économique pour l’année 2026 repose sur une hypothèse optimiste », affirme devant le Sénat Pierre Moscovici, président du Haut conseil des finances publiques. Il doute de la capacité du gouvernement à atteindre ses objectifs, avec un budget dont la copie finale est très incertaine. Seule « bonne nouvelle » : « Un début d’amélioration de nos finances publiques » en 2025, après « le bug majeur de 2024 ».