Philippe en Chine pour une visite de suivi dans le sillage de Macron
Edouard Philippe passera en Chine, de vendredi à lundi, son premier grand test à l'international, avec pour mission de veiller à...

Philippe en Chine pour une visite de suivi dans le sillage de Macron

Edouard Philippe passera en Chine, de vendredi à lundi, son premier grand test à l'international, avec pour mission de veiller à...
Public Sénat

Par Jérémy MAROT

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Edouard Philippe passera en Chine, de vendredi à lundi, son premier grand test à l'international, avec pour mission de veiller à la finalisation des contrats décrochés en janvier par Emmanuel Macron, notamment pour Airbus et Areva, et de promouvoir des start-ups françaises.

Jusque-là surtout absorbé par les questions intérieures, 13 mois après son accession à Matignon, le Premier ministre tient là une rare occasion de se déployer sur la scène internationale, chez une grande puissance mondiale. Avec les attributs d'un voyage officiel de prestige, ponctué de trois étapes (Shenzhen, Shanghaï et Pékin) dont un entretien avec le président Xi Jinping, et emmenant dans ses valises une délégation de ministres (Nicole Belloubet, Jean-Yves Le Drian...) et entrepreneurs avides de s'implanter durablement en Chine.

Mais il n'est pas question pour M. Philippe de jouer une carte personnelle: ce déplacement s'inscrit dans la droite et stricte lignée de la visite d'Emmanuel Macron début janvier, assure-t-on à Matignon, où on espère "concrétiser des engagements pris dans les secteurs agro-alimentaires, aéronautiques et énergétiques".

Dans le viseur, la méga-commande de 184 avions A320 arrachée in extremis par le président de la République pour le compte d'Airbus, qui devait être finalisée "sous peu" mais dont on attend encore l'officialisation.

"Ce sont des négociations qui se poursuivent jusqu'à la dernière minute entre industriels. Ce type de visite sert à donner un appui à ces négociations", fait-on prudemment valoir à Matignon. L'avionneur européen a en tout cas une carte à jouer dans un contexte de guerre commerciale accrue entre Etats-Unis et Chine, qui pourrait desservir son principal concurrent Boeing.

La visite présidentielle de l'hiver avait aussi donné lieu à un accord spectaculaire pour Areva, qui avait raflé la construction pour quelque 10 milliards d'euros d'une usine de retraitement de déchets nucléaires. Dans cette perspective, le passage de M. Philippe pourrait permettre de franchir une "étape" concernant "le dispositif nécessaire pour l'ingéniérie", précise-t-on à Matignon en soulignant "l'ampleur" des discussions en cours sur ce dossier.

L'objectif est également de ne "pas relâcher la pression" pour l'ouverture du marché chinois à la viande bovine française, alors que l'embargo en vigueur depuis 2001 doit être levé incessamment.

- L'innovation en fil rouge -

Outre ces dossiers chauds, le Premier ministre entend mettre en valeur une cinquantaine d'entreprises embarquées dans la délégation.

Parmi elles, des dirigeants de quelques mastodontes (Airbus, EDF, Suez, Schneider Electric...), mais aussi 18 start-ups. En toile de fond, un déficit commercial record en 2017 avec la Chine, de l'ordre de 30 milliards d'euros.

"Il y aura pas mal de signatures d'accords", prédit-on à Matignon, en mettant en avant des contrats liés "à l'innovation, la croissance verte".

L'innovation sera d'ailleurs le fil conducteur du déplacement du Premier ministre, qui atterrira vendredi à Shenzhen, une ville-pionnière en la matière, et prononcera lundi un discours sur ce thème à l'université Tsinghua de Pékin.

Des universitaires et scientifiques seront aussi du voyage, parmi lesquels Yves Lévy, PDG de l'Inserm et époux de la ministre de la Santé Agnès Buzyn, qui pourrait être auditionné jeudi avant son départ afin de briguer sa propre succession.

Alors que M. Macron avait conclu son déplacement en lançant un appel à la cohésion des Européens face à la "puissance de feu" de Pékin, la visite de M. Philippe s'effectuera en coordination avec celle du vice-président de la Commission européenne Jyrki Katainen, également présent à Pekin.

"Avec un grand pays comme la Chine, on ne peut avoir de poids, une exigence de réciprocité, qu'au niveau européen. Sinon ça reste du discours et des paroles", plaide-t-on à Matignon. Un impératif devenu d'autant plus pressant avec l'initiative chinoise des "Nouvelles routes de la soie", un colossal projet d'investissements dans les infrastructures à destination de l'Europe, qui pose la question de l'influence politique du régime communiste.

Si la problématique des droits de l'Homme sera au menu, assure-t-on dans l'entourage du Premier ministre, elle sera traitée comme l'avait fait M. Macron. A savoir "en évitant les mises en accusation publiques qui à la fin des fins ne sont pas bénéfiques pour les intéressés", explique-t-on encore.

Partager cet article

Dans la même thématique

France Marianne 9th off november 2025
5min

Politique

Démission du maire de Chessy : que devient le texte du Sénat visant à interdire les mariages entre Français et étrangers illégaux ?

Lundi, le maire de Chessy en Seine-et-Marne et ses adjoints ont choisi de démissionner de leur mandat pour ne pas être contraints par la justice de célébrer un mariage entre un ressortissant étranger sous le coup d’une obligation de quitter le territoire (OQTF) et une ressortissante européenne. En début d’année, le Sénat a adopté avec l’appui du gouvernement, une proposition de loi pour prévenir ce genre de situations.

Le

Philippe en Chine pour une visite de suivi dans le sillage de Macron
3min

Politique

Crise agricole : « Nous essayons de réduire le délai entre la vaccination et l’exportation », assure le ministre du Commerce extérieur, Nicolas Forissier

Vaccination massive et plan de sauvegarde renforcé dans le cadre du Mercosur, le gouvernement s’active pour tenter d'apaiser la crise agricole qui dure. Mais le mouvement ne semble pas faiblir et les mobilisations doivent se poursuivre dans la journée. Invité de la matinale de Public Sénat, le ministre délégué chargé du Commerce extérieur et de l’Attractivité, Nicolas Forissier, juge normal que la règlement de la crise prenne du temps. Il se félicite que la France ait imposé sa clause de sauvegarde dans l’accord du Mercosur.

Le

Philippe en Chine pour une visite de suivi dans le sillage de Macron
5min

Politique

Mercosur : le Sénat appelle l'exécutif à saisir la Cour de justice de l’Union européenne

Alors que le traité de libre échange pourrait être ratifié samedi par la présidente de la Commission européenne, la France a réaffirmé ce week-end son rejet du texte en l’état. Après l’Assemblée nationale fin novembre, c’est au tour du Sénat de se prononcer à l’unanimité sur une proposition de résolution visant à demander au gouvernement de saisir la Cour de justice de l’Union européenne pour vérifier la conformité de l’accord.

Le