Le Premier ministre Edouard Philippe a souhaité lundi "ouvrir un nouvel espace de dialogue politique avec la Russie" en recevant dans sa ville du Havre son homologue Dmitri Medvedev, pour une après-midi de travail et de visites.
"Le premier (objectif) c'était de pouvoir ouvrir un nouvel espace de dialogue politique avec la Russie", a plaidé le Premier ministre français, quand M. Medvedev a souligné que "geler des canaux de communication, c'est la pire voie de toutes".
Les relations bilatérales franco-russes ont subi un coup d'arrêt après l'annexion de la Crimée en 2014 et le soutien apporté par Moscou aux séparatistes de l'Est de l'Ukraine, qui ont entraîné une batterie de sanctions au niveau de l'Union européenne.
Malgré cela, M. Philippe a récusé "l'idée selon laquelle la France et la Russie ne se parleraient pas. Cette musique ne correspond à rien", a-t-il assuré après avoir échangé plus d'une heure avec M. Medvedev à l'Hôtel de Ville du Havre, dont il a été maire de 2010 à 2017.
Le Premier ministre russe a pour sa part énuméré les nombreuses coopérations économiques et culturelles entre les deux pays, la France restant le premier employeur étranger de Russie grâce à l'activité de grandes entreprises comme Renault ou Auchan.
Malgré les sanctions, "des marges de manoeuvre, il y en a" pour "dynamiser" les relations économiques, a plaidé M. Philippe.
Aucune annonce d'importance n'est à attendre de cette rencontre, qui se conclura par un dîner de travail.
MM. Philippe et Medvedev ont notamment évoqué les cas de deux Français emprisonnés en Russie, dont l'homme d'affaires Philippe Delpal.
"J'ai indiqué quelle avait été l'émotion suscitée par ces cas", a déclaré le locataire de Matignon. "Je crois qu'il (M. Medvedev, ndlr) a entendu la position française de respect des procédures russes et entendu que nous étions attentifs au fait que les conditions de détention pouvaient être garanties", a-t-il prudemment souligné.
Si M. Medvedev a assuré avoir "entendu les préoccupations" de M. Philippe, il a aussi balayé la question en rappelant que ces situations "relèvent du système judiciaire" russe.
Quant aux crises internationales, M. Philippe a "appelé le chef du gouvernement russe à se saisir du nouveau contexte politique en Ukraine", à la suite de l'élection du nouveau président Volodymyr Zelensky.
Sur l'Iran, M. Philippe a déclaré partager avec son homologue russe "l'importance d'éviter les dérapages et de favoriser la désescalade", ce qui passe "essentiellement par du dialogue".