Philippe Varin : « Nous devons réinventer notre modèle productif »

Philippe Varin : « Nous devons réinventer notre modèle productif »

 Quel modèle industriel après le Covid19 ? La question des relocalisations était au centre de l’audition au Sénat de Philippe Varin, président de France Industrie
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Par Fabien Recker

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Souveraineté industrielle et transition énergétique. Voilà les deux principes qui devront guider la relance économique après le Covid-19, a expliqué le président de France Industrie devant la commission des affaires économiques du Sénat, mercredi 29 avril. « Nous devons réinventer notre modèle productif » a déclaré Philippe Varin.

Le choc de l’épidémie devrait selon M. Varin initier de nouveaux « réflexes » en matière de souveraineté industrielle. Certaines entreprises « vont agir spontanément. Notamment dans la santé et l'automobile. Le coût de la rupture d’approvisionnement pour ces entreprises est tel qu’elles vont tirer les leçons » de la crise a-t-il estimé.

Etat stratège

Philippe Varin a également appelé l’État à établir « un registre des équipements stratégiques, filière par filière, au niveau national, et de déterminer comment sécuriser les approvisionnements ». « On retrouve là le rôle stratège de l’État qui prend tout son sens » abonde Sophie Primas, la présidente de la commission, à l’issue de l'audition. « Le problème de la santé nous a éclaté à la figure pendant la crise. Est-ce qu’on est autonome sur des fonctions industrielles majeures ?»

 Interrogé par les sénateurs sur la pertinence de conditionner les aides publiques aux entreprises à leurs efforts à relocaliser, Philippe Varin a botté en touche. « Je fais confiance à l’État pour une gestion appropriée des ressources publiques » a-t-il répondu. « Il conditionne déjà son aide à une cohérence, par exemple sur la question des dividendes. »

Conditionner les aides publiques ?

Martial Bourquin, le vice-président (PS) de la commission, est plus circonspect. « Depuis 2009, Sanofi a perdu 5000 emplois sur le territoire national. Les grandes entreprises françaises du médicament ont bénéficié de subventions impressionnantes, comme le crédit d’impôt recherche » rappelle-t-il après l’audition. « On ne peut pas bénéficier de ces crédits et faire de la Chine l’usine du monde. Il faudra bien qu’à un moment on conditionne les aides d’État ! » 

Le sénateur préconise aussi l’incitation via le sur-amortissement. Ce dispositif, évoqué lors de l’audition, permet aux entreprises de déduire de l'impôt sur les sociétés une partie des sommes investies dans la relocalisation en France. « Sans une incitation comme celle-là, vous verrez, dès que les impacts du Covid vont se dissiper, chassez le naturel il va revenir au galop » prévient le sénateur du Doubs.  « Ces moyens d’action, comme le sur-amortissement ou les subventions directes aux entreprises sont en cours d’élaboration au niveau national et européen » tempère Sophie Primas.

Transition bas-carbone

Notamment à l’aune du plan de relance européen qui doit être discuté lors du prochain sommet des 27.  Un plan de relance qui devra être résolument orienté « vers la décarbonation » a plusieurs fois insisté Philippe Varin. En matière de transition écologique, « nous restons sur les engagements du pacte productif » a insisté le représentant des industriels français. « La transition carbone doit être au cœur des différents plans de relance. » 

Philippe Varin a notamment appelé à ce que la commande publique soit utilisée « pour des préoccupations liées à la trajectoire carbone », et à « accélérer » sur deux volets : la voiture électrique et la rénovation thermique des bâtiments publics et privés. Alors que les objectifs de l'État en matière de rénovation restent timides, « c’est le moment ou jamais pour se doter d’un grand plan d’action » sur le sujet a suggéré Philippe Varin. « C’est un véritable levier pour réduire les émissions de CO2, avec beaucoup d’emplois à la clé ». 

« Est-ce que la reprise sera décarbonée ou pas ? » s’interroge Martial Bourquin. « Le MEDEF a demandé à ce que les décrets d’application de plusieurs lois environnementales soient reportés » rappelle-t-il. « Pour faire une reprise carbonée, il faut le dire, qui conduirait après la crise du Covid à un réchauffement climatique épouvantable. » « Nous n’avons pas le choix ! Nous devons tenir les engagements » en matière de décarbonation de notre économie insiste Sophie Primas. 








 

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