Pas encore officiellement lancée, la candidature de Gabriel Attal pour prendre la tête de Renaissance ne fait plus beaucoup de doute en interne. Une bataille d’ex-premiers ministres, face à Elisabeth Borne, déjà candidate, va s’engager, au risque de tomber dans la guerre des chefs. Mais certains, à commencer par Emmanuel Macron, prônent un accord pour avoir un seul candidat.
Photo Mediapart: quand Benalla expliquait ne pas avoir l’autorisation de port d’arme durant la campagne
Par Public Sénat
Publié le
En pleine campagne présidentielle, Alexandre Benalla, qui a affirmé devant les sénateurs « n’avoir jamais été le garde du corps d’Emmanuel Macron », portait donc une arme lors des déplacements du candidat. C’est ce que montre une photo prise le 28 avril 2017 et exhumée par Mediapart ce mardi. Selon le média en ligne, c’est au sortir d’un meeting d’Emmanuel Macron à Poitiers, au restaurant « Les archives » que le cliché a été pris. On y voit, l’homme qui était à l’époque « directeur de la sûreté et de la sécurité » d’En Marche, poser arme à la main, aux côtés d’une serveuse du restaurant et de deux autres membres du service d’ordre du parti.
« Le chef du SDLP n’a pas souhaité que je puisse porter une arme durant cette campagne présidentielle »
Auditionné le 19 septembre devant la commission d’enquête du Sénat, Alexandre Benalla a reconnu être un adepte « du tir sportif » qu’il pratiquait deux à trois fois par semaine » et qu’à ce titre il « disposait d’un certain nombre d’armes ». Toutefois, Alexandre Benalla ne s’est vu délivrer une autorisation de port d’arme que le 13 octobre 2017, par un arrêté de la préfecture de police, c'est-à-dire une fois en poste à l’Élysée. Auparavant, il avait essuyé deux refus de la part du ministère de l’Intérieur. « Il a été refusé à deux reprises par le ministère de l’Intérieur sur des motifs administratifs (…) même si, un moment, sur le premier port d’arme est intervenue une décision de Frédéric Aureal, chef du SDLP (Service de la protection NDLR) qui n’a pas souhaité que je puisse porter une arme durant cette campagne présidentielle » avait précisé Alexandre Benalla devant la commission d’enquête.
Interrogé le 26 juillet dernier par le journal Le Monde, l’ancien chargé de mission allait même plus loin. Il expliquait avoir obtenu « de la préfecture de police l’autorisation de détenir des armes, des Glock 17 » « mais dans le QG uniquement ». Quant à porter une arme lors des déplacements, « Non jamais, on n’est pas mabouls, il y a un risque pour la réputation du candidat… » avait-il répondu.
« Je ne sais pas si on peut parler de parjure à partir du moment où le mensonge est généralisé »
Peut-on dès lors parler de parjure d’Alexandre Benalla devant la commission d’enquête du Sénat ? Un délit passible de cinq ans d'emprisonnement et de 75.000 euros d'amende. Interrogé par publicsenat.fr, le président LR de la commission d’enquête, Philippe Bas n’a pas souhaité s’exprimer. « Le champ des contradictions prospère » a simplement relevé le co-rapporteur socialiste, Jean-Pierre Sueur. « Il nous a répondu et chacun a pris ses distances avec ses réponses. Ce qui m’inquiète c’est qu’un personnage aussi susceptible de débordements ait été dans la proximité directe du Président. Il nous a avoué avoir eu trois fois son pistolet dans des déplacements officiels ou privés du Président. Mais s’il avait eu un geste malheureux ? Qu’est ce qui se passe ? » s’est interrogé Patrick Kanner, président du groupe PS du Sénat.
« De toute façon, on s’est fait balader par tous les membres de l’Élysée auditionnés (Patrick Strzoda, François-Xavier Lauch et Alexis Kohler NDLR). Je ne sais pas si on peut parler de parjure à partir du moment où le mensonge est généralisé » complète le sénateur LR, François Grosdidier.
En 2016, Benalla pouvait porter une arme mais à l’Office européen des brevets
Certes, le champ d’investigation de la commission d’enquête du Sénat porte sur « les conditions dans lesquelles des personnes n’appartenant pas aux forces de sécurité intérieure ont pu ou peuvent être associées à l’exercice de leurs missions de maintien de l’ordre et de protection de hautes personnalités et le régime des sanctions applicables en cas de manquements ». Le contexte dans laquelle a été prise la photo n’est pas celui du maintien de l’ordre. Néanmoins, le 19 septembre, la sénatrice écologiste Esther Benbassa avait fait remarquer que le 12 avril 2016, Alexandre Benalla posait en photo d’un article du Nouvel Observateur avec une arme. « Je n’étais pas en poste à En Marche, j’étais à l’Office européen des brevets » avait précisé l’ancien chargé de mission. « Et alors, on peut porter une arme sans autorisation ? avait relancé la sénatrice. « À l’étranger, en Allemagne, quand vous travaillez pour une organisation internationale avec des autorisations particulières, oui » avait-il répondu.