Les annonces du Premier ministre Édouard Philippe n’ont pas vraiment rassuré Pierre Laurent, le secrétaire national du PCF. Sur l’antenne de Public Sénat, le sénateur de Paris a jugé « dangereux » le projet de réforme du Code du travail par les ordonnances, estimant que cela reviendrait à « dessaisir » le Parlement de ses prérogatives :
« On va donc, si je comprends bien, nous demander de voter au Parlement une loi d’habilitation des ordonnances alors que le contenu précis de ces ordonnances n’aura pas été fixé, c’est même le principe. Donc, on va demander au Parlement de dessaisir de son pouvoir de contrôle et de législation au profit du seul gouvernement. C’est très dangereux. »
« On va nous faire voyer des têtes de chapitre, mais sans contenu »
C’est d’abord le calendrier, avec la présentation au Parlement de la loi d’habilitation en juillet alors que les discussions avec les partenaires sociaux seront toujours en cours, que le sénateur dénonce :
« On nous demande en quelque sorte un blanc-seing, on va nous faire voter des têtes de chapitre, mais sans contenu [...] et à la fin on nous demandera de ratifier un texte dont on nous dira qu’il est totalement ficelé et qu’on ne peut pas le bouger. »
Interrogé sur le temps de concertation qui se tiendra entre l’exécutif et les partenaires sociaux, le secrétaire national du PCF assure qu’il « faut rester vigilant » :
« Nous ferons des propositions positives, j’imagine que les syndicats en feront aussi. On verra si le gouvernement les écoute ou s’il les écarte, c’est que je crains. »
« Une série de reculs des droits sociaux »
Pierre Laurent : "On connaît la méthode qui consiste à annoncer une ou deux mesures positives pour nous en filer 50 négatives"
Pour l’heure, le sénateur note peu « d’avancées ». « Pour le moment, tout ce que je lis dans le détail […] c’est tout une série de reculs des droits sociaux », a-t-il regretté, doutant de la capacité de cette réforme à favoriser les embauches :
« Toutes les réformes que l’on nous annonce partent d’une hypothèse c’est qu’il faudrait flexibiliser davantage le travail, le précariser davantage pour faire reculer le chômage. Mais tout cela n’a jamais été prouvé, c’est même l’inverse. »