Piratage des retransmissions sportives : « Est-ce que le système n’a pas généré sa fragilité, en étant trop cher et en allant pomper trop de fric ? »
La Commission de la culture du Sénat a réalisé une audition conjointe sur le piratage des retransmissions sportives. L’occasion de revenir sur les enjeux du piratage pour les ayants droit, les chaînes et, in fine, tout l’écosystème sportif.  

Piratage des retransmissions sportives : « Est-ce que le système n’a pas généré sa fragilité, en étant trop cher et en allant pomper trop de fric ? »

La Commission de la culture du Sénat a réalisé une audition conjointe sur le piratage des retransmissions sportives. L’occasion de revenir sur les enjeux du piratage pour les ayants droit, les chaînes et, in fine, tout l’écosystème sportif.  
Public Sénat

Par Marion D'Hondt

Temps de lecture :

3 min

Publié le

Mis à jour le

Le piratage global est en baisse, mais pas dans le sport. Il est remonté avec la multiplication des diffuseurs et le lancement de RMC Sport en 2016. Ce piratage peut être amateur, mais aussi semi-professionnel. Il est également permis par les plateformes de partage live, comme Periscope ou Twitch. Sur internet, les pirates téléchargent moins, mais streament plus. Les sites de piratage ont une véritable économie et sont rentables, avec un business model basé sur l’abonnement ou la publicité.

Concernant la Premier League, dès 2013, le juge britannique a fait bloquer une plateforme : First Row. Actuellement, les ordonnances servent à bloquer les serveurs. Il a peu de risque de surblocage, en tout cas, la justice n’a jamais été saisie à ce sujet. Le juge britannique peut s’appuyer sur le droit d’auteur pour rendre ses décisions. Surtout que les diffuseurs sont aussi détenteurs (Sky et British Telecom), ce qui simplifie grandement la tâche.

Pour beIN sports, le piratage est « un concurrent sans visage ». Il représente un manque à gagner de centaines de millions d’euros. En France, les discussions avec les fournisseurs d’accès sont au point mort, surtout qu’ils ne sont pas détenteurs des droits. L’objectif est d’avoir une « boîte à outils juridique », comme au Royaume-Uni. L’Association de Protection des Programmes Sportifs (APPS), regroupant 14 acteurs du secteur, s’est saisie du sujet.

 « C’est pas les clubs professionnels qui sont menacés, mais toute la filière du sport français »

Piratage des retransmissions sportives : « C’est pas les clubs professionnels qui sont menacés, mais toute la filière du sport français. »
01:04

La Ligue de Football professionnelle craint, elle, « une menace sur l’économie du sport en général ». Les retransmissions financent le sport amateur, via la taxe Buffet. La LFP, à elle seule, finance pour 200 millions d’euros par an le sport amateur. Didier Quillot avance le chiffre de 500 millions d’euros par an de destruction de valeur à cause du piratage. Il faut que les fournisseurs d’accès jouent le jeu, pourquoi pas sous la houlette de l’Hadopi.

L’Hadopi qui, toutefois, n’a pas été créée pour cela. Elle n’a, pour le moment, aucune compétence dans la lutte contre le piratage sportif. Il faut reconnaître le droit d’auteur sur les événements sportifs, comme au Royaume-Uni, en se servant de l’article 12 bis sur les droits voisins au droit d’auteur. La solution est donc le blocage administratif avec validation du juge. Il est également possible d’envisager des pénalités.

Le système n’a-t-il pas généré sa fragilité ? Surtout quand il y a un lien entre le prix des abonnements et la hausse du piratage. La perte des abonnés, au profit du streaming, entraîne une baisse de taxe Buffet, qui sert à financer le sport amateur. Surtout que le gratuit n’a que l’apparence du gratuit, l’utilisateur paye avec ses données. Des rentrées d’argent qui ne vont, certes, pas dans la poche des diffuseurs, mais pas non plus dans celles du sport français.

Partager cet article

Dans la même thématique

Piratage des retransmissions sportives : « Est-ce que le système n’a pas généré sa fragilité, en étant trop cher et en allant pomper trop de fric ? »
3min

Politique

Budget : Amélie de Montchalin assume le dialogue avec le PS plutôt qu’avec le RN au nom des « valeurs gaullistes »

A 48 heures de la réunion de la commission mixte paritaire sur le projet de loi de finances, le ton est monté d’un cran entre le gouvernement et la droite sénatoriale qui refuse d’endosser la responsabilité d’un niveau de déficit, porté à 5,3 %. Aux questions d’actualité au gouvernement du Sénat, Amélie de Montchalin indique que le gouvernement a choisi « en conscience de travailler avec le Parti socialiste ».

Le

Piratage des retransmissions sportives : « Est-ce que le système n’a pas généré sa fragilité, en étant trop cher et en allant pomper trop de fric ? »
3min

Politique

Dermatose des bovins : Sébastien Lecornu appelle au soutien des vétérinaires menacés

Lors des questions d’actualité au gouvernement du Sénat, le Premier ministre Sébastien Lecornu a longuement détaillé la stratégie de l’exécutif pour lutter contre la crise de la dermatose nodulaire contagieuse (DNC) et a appelé au soutien des vétérinaires menacés, car en charge des « dépeuplements » des bovins affectés.

Le

Piratage des retransmissions sportives : « Est-ce que le système n’a pas généré sa fragilité, en étant trop cher et en allant pomper trop de fric ? »
4min

Politique

Budget 2026 : « Les choses vont être difficiles », reconnaît Sébastien Lecornu, face à des sénateurs LR en colère

Le président du groupe LR au Sénat a fait part de la colère de ses troupes lors des questions au gouvernement, après que le ministre de l’Économie a pointé du doigt la responsabilité du Sénat dans la dégradation du projet de loi de finances. Le Premier ministre a indiqué que ses ministres faciliteraient les compromis, à deux jours de la commission mixte paritaire.

Le