Place de la République, « l’esprit de Nuit debout » pour aider Hamon
Benoît Hamon a lancé son « appel de la République » à quatre jours du premier tour. La place a repris des airs de Nuit debout pour l’occasion. Les militants y croient toujours et espèrent une bonne surprise. D’autres, toujours indécis, viennent juste pour écouter et être convaincus.

Place de la République, « l’esprit de Nuit debout » pour aider Hamon

Benoît Hamon a lancé son « appel de la République » à quatre jours du premier tour. La place a repris des airs de Nuit debout pour l’occasion. Les militants y croient toujours et espèrent une bonne surprise. D’autres, toujours indécis, viennent juste pour écouter et être convaincus.
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« 1,2,3, essai micro. Vous avez de la chance il fait beau ». Le soleil brille, place de la République, à Paris, ce mercredi soir pour ce dernier grand meeting de la campagne de Benoît Hamon, sous forme de rassemblement festif. L’équipe de campagne a redonné pour l’occasion à la Place de la République des airs de Nuit debout, qui avait animé le lieu il y a déjà un an. La place, assez clairsemée au début, se remplit progressivement. Plusieurs milliers de personnes ont répondu présent. Hamon en revendique 20.000.

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Plusieurs milliers de personnes sont venues écouter Benoît Hamon. Le candidat en annonce 20.000.
Photo : François Vignal

« Citoyens, citoyennes, réveillez vous ! »

Aux côtés de Martine Aubry ou Najat Vallaud-Belkacem, le candidat à lancé son « appel de la République », « qui n'est ni celui d'un César, ni celui d'un tribun ». « Citoyens, citoyennes, réveillez vous ! Parce que vous seuls pouvez éviter un cauchemar pour la France ». Sans les citer, il lance ses piques à Macron, Fillon mais aussi Mélenchon, qui l’a éclipsé depuis le premier débat télé. Il répète son slogan, appelant à être « la génération du pour ».

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Les discussions thématiques organisées en petits cercles rappellent Nuit debout.
Photo : François Vignal

Deux heures avant cet appel – ou baroud d’honneur ? – du candidat, le groupe Tahiti 80 et des DJs se succèdent sur la grande scène. A côté, des petits stands : paradis fiscaux, LGBT, transition écologique, droits des femmes, etc. Plusieurs débats sont organisés par petits groupes sur la place. Juste un micro avec une petite sono qu’on entend à peine. Les gens écoutent en cercle. Clairement, dans la forme, on est dans un revival Nuit debout. Ici, on philosophe sur la démocratie, là « des métiers féminisés avec une sous valorisation salariale ».

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Plusieurs débats étaient organisés avant la prise de parole de Benoît Hamon.
Photo : François Vignal

« Le résultat, ce sera dimanche. Cette élection sera imprévisible »

Matthieu, 26 ans, qui vient de finir Science po Aix, était justement à Nuit debout. « Il y a peut-être une filiation, je ne sais pas s’il y a un héritage. On retrouve un peu de cet esprit de Nuit debout. La démocratie directe, c’est un thème important pour le candidat » confirme-t-il. Il est venu avec Manon, même âge, étudiante en orthophonie à Lyon. Elle n’a pas sa carte au PS, mais a milité pour Hamon dès la campagne des primaires. Elle y « croit » encore, malgré les mauvais sondages. « C’est le seul qui a donné de l’espoir et m’en donne encore » dit-elle, « le résultat, ce sera dimanche. Cette élection sera imprévisible ». « S’il n’y avait pas les sondages, les gens voteraient plus selon leur conviction » ajoute Matthieu, qui aime autant le revenu universel que le programme écologique du candidat.

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Matthieu et Manon, 26 ans.
Photo : François Vignal

Sur la place, la question du vote utile fait débat. « Plus on nous parle de vote utile plus notre candidat baisse dans les sondages. C’est une arnaque ! Alors j’ai décidé de voter pour ce que je veux pour la France et c’est le programme de Benoît Hamon » lance une militante. Une autre femme ne partage pas son avis : « Je le soutiens de cœur mais la raison fait que j’ai quelqu’un d’autre. (…) Oui, je pense à un vote utile. Ce serait Macron ». Regardez la vidéo (images : Héloïse Grégoire et Nelson Getten) :

"Le vote utile, c'est une arnaque !"
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« On est là pour qu’il ne soit pas humilié »

Un peu plus loin, Denis, 65 ans, de Paris, est venu soutenir Benoît Hamon « car on est dans la dernière ligne droite. Il faut que le matraquage sur le vote utile soit battu en brèche ». « On est là pour qu’il ne soit pas humilié » ajoute Joëlle, 74 printemps, venue à ses côtés. « Il y a des vieux, comme nous, et des jeunes, ça me plaît bien ».

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Thomas Piketty, soutien de Benoît Hamon, répond à des journalistes.
Photo : François Vignal

Le célèbre économiste Thomas Piketty répond à la presse. « C’est qui déjà ? » demande un jeune. « Piketty ? Ah yes ! Il est trop cool ce gars. Je vais prendre un selfie avec ! » Un sympathisant répond à une autre équipe télé (voir photo ci-dessous). Il crie : « Il y en a marre de Macron ! Il est de droite ! »

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Un homme répond aux journalistes, Place de la République.
Photo : François Vignal

« J’hésite avec Mélenchon, car ils ont un peu les mêmes idées »

Certains sont venus par curiosité, comme Solange, éducatrice en crèche. Elle « hésite entre Macron et Hamon. Je ne sais pas encore pour qui voter, mais je suis venue l’écouter ». Jéromine, étudiante en psychologie de 23 ans, vient de Besançon. Elle est de passage pour les vacances. Elle « hésite avec Mélenchon, car ils ont un peu les mêmes idées. Là, je suis en balance ». Elle mime les deux poids de ses mains. Elle aime Hamon « car c’est quelqu’un de gentil. Il a l’air plus sincère que les autres ». En 2012, elle a voté Hollande et est « un peu déçue ».

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Jéromine, 23 ans.
Photo : François Vignal

François, syndicaliste dans la métallurgie, a fait son choix. Il votera pour le candidat PS. « Pas pour Mélenchon. Il joue trop le populisme. Et sur l’Europe, vouloir tout casser, c’est pas ce qu’il y a de mieux » pense François. Il est là « aussi pour Edouard Martin, avec qui (il a) travaillé quelques années ».

Edouard Martin : « Benoît Hamon, c’est le Barça de la politique ! »

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Edouard Martin, député européen PS, signe le T-shirt d'une sympathisante socialiste.
Photos : François Vignal

L’ancienne figure syndicaliste de Florange se tient justement quelques mètres plus loin. Visiblement populaire, une femme lui demande de signer le dos de son T-shirt. Celui qui est aujourd’hui député européen PS croit encore aux chances de son candidat : « Benoît Hamon, c’est le Barça de la politique ! Qui aurait cru que Paris perdrait 6-1 à Barcelone ? Quand il y a encore plus de 26% des Français qui sont indécis, ce sera difficile, mais ça reste possible. Les gens vont regarder d’un peu plus près les programmes. Et ça, ça favorise Benoît Hamon » croit Edouard Martin. Méthode Coué ? Réponse dimanche.

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Photo : François Vignal

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